Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 01/06/1989

M. René Tregouët appelle l'attention de M. le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale sur l'insuffisance des moyens consacrés à la prévention des maladies cardio-vasculaires et du cancer. Ces deux terribles fléaux tuent chaque année 350 000 personnes dans notre pays et, si les grands progrès thérapeutiques récents ont augmenté sensiblement les taux de guérison, il faut malheureusement constater que le nombre de nouveaux malades atteints chaque année par ces deux maladies ne cesse de progresser. Cette inquiétante progression est due, pour une large part, à une mauvaise hygiène de vie - abus d'alcool et de tabac, alimentation trop riche - ainsi que l'ont démontré les études scientifiques et épidémiologiques les plus sérieuses. C'est donc à la racine qu'il convient d'attaquer ces deux fléaux dont les conséquences financières, sociales et bien sûr humaines ne sont plus tolérables dans un grand pays moderne comme le nôtre. Une véritable,courageuse et ambitieuse politique de prévention dans ce domaine est devenue indispensable. Celle-ci pourrait reposer, d'une part, sur l'éducation et l'information systématique de nos concitoyens, notamment de notre jeunesse ; d'autre part, sur une réelle prévention médicale ciblée en fonction des facteurs de risques et utilisant toutes les ressources des nouveaux moyens d'investigations et d'analyses biologiques. Les exemples étrangers montrent que, à long terme, une grande politique de prévention peut diminuer de 30 p. 100 la mortalité par maladies cardio-vasculaires ou cancer. Cela signifie concrètement plus de 100 000 de nos concitoyens sauvés chaque année. Il lui demande donc quelles sont les mesures envisagées par le Gouvernement pour mettre en place une grande politique de prévention sociale et médicale digne de la France et s'inscrivant dans la perspective de la construction européenne en matière de santé.

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Réponse du ministère : Solidarité publiée le 18/01/1990

Réponse. - Les maladies cardio-vasculaires et les cancers constituent de très sérieux problèmes de santé publique en France. En ce qui concerne les maladies cardio-vasculaires, l'infarctus du myocarde, à lui seul, touche plus de 100 000 personnes chaque année dans notre pays, dont environ 25 000 avant l'âge de cinquante-cinq ans et plus des deux tiers avant soixante-quinze ans. La prévention fait appel à deux stratégies complémentaires : l'une, globale, intéressant la totalité de la population, l'autre, individuelle, s'adressant aux personnes les plus menacées par ces affections. Dans le cadre des actions globales, le Conseil national de l'alimentation, instance où sont représentés les ministres chargés de la santé, de l'agriculture et de la consommation, vient de rendre un avis sur la prévention des maladies cardio-vasculaires. Cet avis fait actuellement l'objet d'une diffusion auprès du public, notamment sous la forme d'une campagne d'information menée par la Fédération française de cardiologie. Dix recommandations sont formulées. Elles concernent l'hygiène générale et les facteurs de risques cardio-vasculaires : taux de cholestérol, consommation de tabac, excès de poids, sédentarité. Elles comportent aussi des conseils alimentaires en faveur d'aliments variés, et d'une réduction de l'ingestion de graisses, d'alcool ou de sel éventuellement. Les actions individuelles de prévention consistent dans le dépistage, suivi de propositions de prise en charge médicale des personnes les plus exposées aux facteurs favorisants tels que l'hypercholestérolémie, l'hypertension, etc. L'ensemble de ces actions repose d'abord sur les activités de consultation des médecins généralistes et spécialistes, mais aussi sur les bilans de santé organisés par les caisses d'assurance maladie ou dans le cadre de la médecine du travail. Quel que soit le mode de dépistage, chaque personne exposée, au vu du bilan effectué, est à même d'entreprendre sur les conseils de son médecin traitant un traitement hygiéno-diététique, complété en cas de nécessité par des médications destinées à lutter contre les facteurs métaboliques ou tensionnels nocifs. L'ensemble de ces mesures préventives devrait pouvoir entraîner une baisse progressive de l'incidence des maladies cardio-vasculaires liées à l'athérosclérose. En ce qui concerne les cancers, ceux-ci sont responsables de 135 000 décès par an. Sur la base des données épidémiologiques actuelles, il ressort qu'un tiers des décès par cancer est dû au tabagisme tandis qu'un autre tiers pourraît être dû à des facteurs alimentaires ; l'alcool agit surtout comme cofacteur dans un contexte d'intoxication alcoolo-tabagique. La politique du Gouvernement dans le domaine de la lutte contre le cancer est basée essentiellement sur la prévention et le dépistage. Pour ce qui est de la prévention, aux actions d'éducation pour la santé reprises périodiquement et portant essentiellement sur la lutte contre le tabagisme ou l'alcoolisme vient s'ajouter le programme " l'Europe contre le cancer " qui renforce l'effet de la politique déjà entreprise. Il s'agit, d'une part, de la diffusion la plus large possible du code européen contre le cancer, ensemble de dix commandements, qui, s'ils sont respectés, doivent permettre une réduction significative du nombre des décès par cancer qui pourraît atteindre environ 15 p. 100 à l'horizon de l'an 2000. D'autre part, trois directives communautaires dans le domaine de la lutte contre le tabagisme ont été adoptées (conseil des ministres de la santé du 13 novembre 1989 à Bruxelles) ou le seront prochainement. Par ailleurs, le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports entreprend pour l'année scolaire 1989-1990 une vaste campagne d'information auprès des enfants scolarisés sur le thème " pour une bonne hygiène de vie préventive du cancer ". En ce qui concerne le dépistage de certains cancers, la création du fonds de prévention par la loi du 6 janvier 1988 doit permettre dans un premier temps de procéder à des expériences pilotes pour le dépistage du cancer du sein et du cancer colo-rectal et à leur évaluation avant d'envisager une éventuelle généralisation. Il faut enfin observer que les actions de prévention en matière de lutte contre le tabagisme, de nutrition combattent à la fois les maladies cardio-vasculaires et les cancers, et se complètent. ; ailleurs, le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports entreprend pour l'année scolaire 1989-1990 une vaste campagne d'information auprès des enfants scolarisés sur le thème " pour une bonne hygiène de vie préventive du cancer ". En ce qui concerne le dépistage de certains cancers, la création du fonds de prévention par la loi du 6 janvier 1988 doit permettre dans un premier temps de procéder à des expériences pilotes pour le dépistage du cancer du sein et du cancer colo-rectal et à leur évaluation avant d'envisager une éventuelle généralisation. Il faut enfin observer que les actions de prévention en matière de lutte contre le tabagisme, de nutrition combattent à la fois les maladies cardio-vasculaires et les cancers, et se complètent.

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