Question de M. LORIDANT Paul (Essonne - SOC) publiée le 21/12/1989

M. Paul Loridant s'inquiète auprès de M. le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de l'environnement et de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs, des incidents qui se sont produits ces dernières semaines au centre d'études nucléaires de Saclay (Essonne). En effet, selon des informations publiées récemment, une fuite d'eau radioactive a été décelée sur la " piscine " du réacteur nucléaire de recherche ISIS et des rejets accidentels d'iode 131 se seraient produits à plusieurs reprises bien que des filtres spécifiques sont chargés d'arrêter ce gaz radioactif. Pour ces derniers incidents, alors même que ces filtres doivent faire l'objet de contrôle mensuel, il semble que ceux-ci n'avaient pas été changés depuis trois ans. On peut donc s'interroger si les conditions de sécurité des installations nucléaires du centre de Saclay sont toujours satisfaisantes ou font l'objet de respect rigoureux. En conséquence, il lui demande de lui fournir de plus amples informations sur ces incidences et des mesures envisagées, tant pour le contrôle des installations nucléaires, que le respect des autorisations réglementaires.

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Réponse du ministère : Environnement publiée le 22/03/1990

Réponse. - Deux incidents se sont produits en octobre et en novembre 1989 sur le centre d'études nucléaires de Saclay. Il s'agit pour le premier de la couverte d'un écoulement d'eau contaminée (12 litres par heure dans une casemate du réacteur de recherche Isis). Cet écoulement n'est pas dû à une fuite sur la piscine du réacteur mais provient d'un réservoir de stockage des résines d'une des chaînes d'épuration de l'eau de la piscine. Cela a conduit à un rejet de 1,54 gigabecquerels de tritium dans le sel, sans conséquence pour l'environnement. Le second concerne des relâchements accidentels d'iode en provenance de l'Oris (laboratoire de fabrication et de conditionnement de radioéléments). Lors des contrôles périodiques des rejets de l'Oris, il a été constaté, le 13 octobre 1989, des rejets inhabituels d'iode 131. Ces rejets de 1,3 gigabecquerel et 2,4 gigabecquerels sont toutefois restés faibles par rapport à la limite annuelle autorisée pour le centre de Saclay (18,75 gigabecquerels), et n'ont pas eu de conséquence pour l'environnement. Après dépouillement systématique des enregistrements des détecteurs, l'exploitant a pu déterminer que les rejets avaient eu lieu entre les 5 et 7 octobre 1989. Par recoupement, l'origine des relâchements a pu être localisée au niveau de la salle où sont effectuées les décontaminations des châteaux de transferts d'iode et au niveau du local dans lequel se trouvent les cuves qui recueillent les effluents en provenance de cette salle. L'examen des circuits de ventilation de ces locaux a révélé que les filtres au charbon placés sur les circuits d'extraction étaient défaillants. Un troisième rejet d'iode, d'environ 0,74 gigabecquerel, a également été constaté. L'origine en est également la défaillance d'un filtre au charbon placé sur le circuit d'extraction d'une enceinte de répartition d'iode. Il s'est avéré que tous les circuits incriminés dans ces rejets étaient équipés de filtres qui, en dépit des campagnes périodiques de remplacement, n'avaient pas été changés en temps utile. A la suite de ces incidents, le service central de sûreté des installations nucléaires a effectué une visite de surveillance le 15 décembre 1989, conjointement avec le service central de protection contre les rayonnements ionisant, dans le but de se rendre compte sur place des circonstances dans lesquelles se sont produits ces relâchements, ainsi que des moyens mis en oeuvre par l'exploitant pour en éviter le renouvellement. Le service central de sûreté des installations nucléaires a demandé à l'exploitant de l'Oris de mettre en place une gestion rigoureuse des contrôles des filtres à iode et de la ventilation, et d'étudier la mise en place d'un système plus sensible de détection de rejets d'iode. La mise en place effective de ces mesures sera contrôlée lors des prochaines inspections qui seront effectuées sur l'Oris.

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