Question de M. ROUX Olivier (Français établis hors de France - UC) publiée le 18/01/1990

M. Olivier Roux attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, chargé de la francophonie, sur la place de la défense de la langue française dans les divers domaines de la création culturelle. En effet, ce thème a fait l'objet, tout au long de l'année 1989, de plusieurs colloques - baptisés " états généraux " - consacrés respectivement au cinéma (au mois de mai, en marge du festival de Cannes), au théâtre (en octobre, à Paris), à la chanson (en novembre, à Paris) et aux écrivains francophones (en décembre, à Paris). Il lui demande, en conséquence, de bien vouloir lui faire connaître les conclusions auxquelles chacune de ces études a abouti, ainsi que le bilan d'ensemble qui peut d'ores et déjà être dressé à la suite de ces manifestations.

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Réponse du ministère : Francophonie publiée le 31/05/1990

Réponse. - Comme le relève l'honorable parlementaire, il existe bien un problème spécifique des créateurs francophones, problème qui touche à leur information mutuelle et à la diffusion de leurs oeuvres et qui dépasse la défense même de la langue française. C'est parce que le ministre délégué chargé de la francophonie a, dès sa prise de fonctions, eu l'occasion de prendre conscience de ce problème spécifique aux créateurs, qu'il a décidé de les convoquer en états généraux, tout au long de l'année 1989. En effet, ce n'est qu'en réunissant les cinéastes (à Cannes en mai), les dramaturges (à Limoges en octobre), les professionnels de la chanson (à Paris en novembre) et les écrivains francophones (à Paris en décembre) qu'il a vraiment été possible de prendre la mesure des difficultés auxquelles ils sont confrontés. Ces manifestations étaient d'autant plus indispensables, et c'est sûrement le premier bilan qui peut en être tiré, que les seuls francophones qui ont l'occasion de se rencontrer de par le monde sont diplomates, fonctionnaires internationaux ou représentants de diverses catégories professionnelles, mais jamais créateurs. C'était donc là une première qui est apparue tout à fait nécessaire. Les cinéastes ont demandé, à Cannes, la mise en place d'un fonds multilatéral de soutien à la création cinématographique. Ils ont souhaité que des mesures incitatives puissent être prises tant directement qu'au niveau de la communauté des télévisions francophones pour l'instauration, dans toutes les télévisions des pays francophones, de proportions de diffusion réservées, suivant des cahiers des charges précis, aux films et programmes audiovisuels des pays francophones, notamment ceux en provenance de pays du Sud. Ils ont réclamé l'assouplissement des fonds d'aide bilatéraux déjà existant et ont souhaité la mise en place, après étude critique des expériences déjà effectuées dans le passé, d'un organisme multinational francophone de distribution cinématographique. Les professionnels de la chanson, ont, eux, réclamé une plus grande harmonisation des conditions de protection de l'auteur-interprète et de ses droits dans l'ensemble de l'espace francophone. Ils veulent que l'échange d'informations entre les pays se développe pour que les systèmes d'aides publiques à la chanson dans certains Etats puissent être adaptés à d'autres. La constitution d'une banque de données dans l'ensemble des pays francophones sur les lieux de spectacles, les structures de production, les radios et télévisions a également été demandée. Enfin, il a été décidé de développer entre ces Etats, des programmes de formation, des échanges culturels, non limités aux capitales, des consortiums de producteurs francophones et, enfin, de susciter et favoriser la présence de professionnels du monde francophone dans tous les grands rassemblements francophones musicaux (Francophonies de La Rochelle, Montréal, Printemps de Bourges, Mars). Les dramaturges, après des déclarations liminaires sur le rôle du théâtre dans la communauté francophone, ont émis le souhait que les acquis du Festival de Limoges puissent être pérennisés par la création d'une maison des Auteurs qui accueillerait des auteurs en résidence, mettrait une banque de données à leur disposition, disposerait d'un réseau de partenaires locaux à travers la francophonie et favoriserait la circulation des oeuvres tout en permettant d'effectuer des commandes. A moyen et long termes, ils auraient aimé voir leur souci de promotion du théâtre francophone dans cette communauté de quarante-quatre pays pris en charge par les ministères respectifs de l'éducation nationale, au moyen d'ouvertures de bibliothèques, d'initiations à la pratique théâtrale, de jumelages entre établissements. Les théâtres subventionnés eux-mêmes devraient se consacrer non seulement à la production nationale mais aussi aux oeuvres francophones dans leur ensemble. Enfin, les diffuseurs devraient aussi être sensibilisés aux problèmes de la francophonie dans le domaine du théâtre. Une mise en circulation rapide et plus efficace des textes dans tout l'espace francophone a aussi fait l'objet de revendications réitérées. Les écrivains francophones ont, quant à eux, d'abord et surtout réfléchi à la signification de leur démarche d'écrire en français. Ils n'ont pas pour autant négligé les demandes d'ordre concret, s'adressant en particulier aux ministres de la culture et de l'éducation des pays francophones pour que les uns élaborent une sorte de politique culturelle francophone commune et que les autres utilisent tous les moyens à leur disposition à l'école et à l'université pour faire connaître la diversité et la richesse de cette production littéraire. Comme leurs confrères, ils ont exigé l'accès à des banques de données et leur mise à disposition des écrivains francophones, de leurs lecteurs et de leurs étudiants. Ils veulent, dans une civilisation de l'audiovisuel, que ces textes soient transformés en images, qu'une véritable politique de la formation aux métiers de l'édition soit menée au sein de l'espace francophone, qu'il y ait une publication périodique commune et une organisation concertée de concours et de prix littéraires, de même que des procédures de co-édition. Ils ont insisté, enfin, sur la nécessité de création de centres alternatifs qui existent à côté et en dehors de Paris pour la production et la diffusion littéraires, afin d'aider à la communication du Nord vers le Sud, mais aussi du Sud vers le Nord et à l'intérieur du Sud. Enfin, ils ont rappelé à quel pointla littérature francophone ne pouvait et ne devait pas être séparée de la littérature mondiale et combien une politique ambitieuse de traduction vers et de tous les horizons pourrait être féconde pour la littérature francophone. De ces divers états généraux on peut retenir tout d'abord qu'ils avaient été souhaités par leurs participants et que cette initiative devrait être renouvelée, sous ; ministères respectifs de l'éducation nationale, au moyen d'ouvertures de bibliothèques, d'initiations à la pratique théâtrale, de jumelages entre établissements. Les théâtres subventionnés eux-mêmes devraient se consacrer non seulement à la production nationale mais aussi aux oeuvres francophones dans leur ensemble. Enfin, les diffuseurs devraient aussi être sensibilisés aux problèmes de la francophonie dans le domaine du théâtre. Une mise en circulation rapide et plus efficace des textes dans tout l'espace francophone a aussi fait l'objet de revendications réitérées. Les écrivains francophones ont, quant à eux, d'abord et surtout réfléchi à la signification de leur démarche d'écrire en français. Ils n'ont pas pour autant négligé les demandes d'ordre concret, s'adressant en particulier aux ministres de la culture et de l'éducation des pays francophones pour que les uns élaborent une sorte de politique culturelle francophone commune et que les autres utilisent tous les moyens à leur disposition à l'école et à l'université pour faire connaître la diversité et la richesse de cette production littéraire. Comme leurs confrères, ils ont exigé l'accès à des banques de données et leur mise à disposition des écrivains francophones, de leurs lecteurs et de leurs étudiants. Ils veulent, dans une civilisation de l'audiovisuel, que ces textes soient transformés en images, qu'une véritable politique de la formation aux métiers de l'édition soit menée au sein de l'espace francophone, qu'il y ait une publication périodique commune et une organisation concertée de concours et de prix littéraires, de même que des procédures de co-édition. Ils ont insisté, enfin, sur la nécessité de création de centres alternatifs qui existent à côté et en dehors de Paris pour la production et la diffusion littéraires, afin d'aider à la communication du Nord vers le Sud, mais aussi du Sud vers le Nord et à l'intérieur du Sud. Enfin, ils ont rappelé à quel pointla littérature francophone ne pouvait et ne devait pas être séparée de la littérature mondiale et combien une politique ambitieuse de traduction vers et de tous les horizons pourrait être féconde pour la littérature francophone. De ces divers états généraux on peut retenir tout d'abord qu'ils avaient été souhaités par leurs participants et que cette initiative devrait être renouvelée, sous une forme qui reste à déterminer. L'ensemble des créateurs francophones désire une insertion plus réelle dans l'espace francophone et une information plus cohérente et plus rapide : les politiques, preuve que l'idée même d'une communauté francophone véritable est bien en train de se développer dans les esprits. Enfin, dans toutes ces réunions a été exprimé le désir d'être en liaison non seulement avec les partenaires privés (producteurs, éditeurs, festivaliers) mais aussi avec les administrations de la culture et de l'éducation afin que la francophonie, en ce qui concerne les oeuvres de création, soit la préoccupation de plusieurs départements ministériels, notamment de ceux qui ont la charge de gérer et de transmettre le patrimoine culturel. Le ministre délégué chargé de la francophonie pourra faire parvenir ce message très prochainement à ses destinataires puisque, ainsi que le sait sans doute l'honorable parlementaire, la conférence des ministres de l'éducation de l'espace francophone, conférence institutionnelle, doit se réunir le mois prochain à Yamoussoukro (Côte-d'Ivoire) et qu'une conférence extraordinaire des ministres de la culture francophone, après les Sommets de Paris, Québec et Dakar, a été convoquée, à Liège (Belgique) pour le mois de novembre de cette année. ; une forme qui reste à déterminer. L'ensemble des créateurs francophones désire une insertion plus réelle dans l'espace francophone et une information plus cohérente et plus rapide : les politiques, preuve que l'idée même d'une communauté francophone véritable est bien en train de se développer dans les esprits. Enfin, dans toutes ces réunions a été exprimé le désir d'être en liaison non seulement avec les partenaires privés (producteurs, éditeurs, festivaliers) mais aussi avec les administrations de la culture et de l'éducation afin que la francophonie, en ce qui concerne les oeuvres de création, soit la préoccupation de plusieurs départements ministériels, notamment de ceux qui ont la charge de gérer et de transmettre le patrimoine culturel. Le ministre délégué chargé de la francophonie pourra faire parvenir ce message très prochainement à ses destinataires puisque, ainsi que le sait sans doute l'honorable parlementaire, la conférence des ministres de l'éducation de l'espace francophone, conférence institutionnelle, doit se réunir le mois prochain à Yamoussoukro (Côte-d'Ivoire) et qu'une conférence extraordinaire des ministres de la culture francophone, après les Sommets de Paris, Québec et Dakar, a été convoquée, à Liège (Belgique) pour le mois de novembre de cette année.

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