Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 15/03/1990

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le ministre de la défense sur certaines déclarations formulées par certains dirigeants du parti politique auquel il appartient, concernant une mise en route ou une accélération éventuelle dans le processus du désarmement. Il tient à faire observer que, depuis un certain nombre d'années, plus de 30 000 postes ont été supprimés dans les armées et que la loi de programmation promulguée en janvier dernier a subi une amputation exagérée. Les événements du moment : le maintien du potentiel budgétaire de l'U.R.S.S., la réunification accélérée de l'Allemagne, la priorité donnée à la dissuasion ne permettent pas d'aller dans ce sens. Il lui demande de bien vouloir lui préciser sa position à cet égard dans le moment présent.

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Réponse du ministère : Défense publiée le 24/05/1990

Réponse. - Les réductions d'effectifs opérées par les armées ont obéi à une logique d'efficacité militaire. A partir des années soixante, elles se sont avérées nécessaires pour tenir compte de l'évolution technologique des armements. Le progrès technique impose, de nos jours, d'abandonner la notion d'armées de masse pour privilégier des forces militaires plus resserrées mais plus concentrées, plus mobiles et plus efficaces. La France entend veiller à disposer en permanence d'une défense crédible. L'époque actuelle n'impose pas d'autres choix. Tant qu'une paix sûre et stable ne se sera pas établie sur la scène internationale, la France restera vigilante et préservera ses capacités de défense nationale. Son but est d'interdire toute agression majeure contre ses intérêts vitaux. La possession d'un arsenal nucléaire fiable et suffisant reste indispensable à cette stratégie de dissuasion. Toutefois la vigilance n'est pas la méfiance érigée en système. Pays pacifique, la France participe activement au processus de réduction des armements conventionnels et chimiques. L'aboutissement des négociations de Vienne sur les forces conventionnelles en Europe conduira l'Union soviétique à réduire fortement le nombre de ses matériels militaires ainsi que le volume de ses forces, qui restera cependant sans commune mesure avec les nôtres. A Genève, la France recherche activement la conclusion d'un accord général d'interdiction de fabrication, de stockage et d'utilisation des armes chimiques. Quant à l'Allemagne unifiée, il est légitime qu'elle détienne des moyens militaires nécessaires à sa défense dans le cadre de ses engagements internationaux, sous réserve de la confirmation de sa renonciation aux armes A.B.C. qu'elle ne demande d'ailleurs ni à produire ni à détenir. Cette défense devra prendre place dans une Europe de la sécurité et dans le respect d'un équilibre stable sur le continent. Dans un tel contexte, la France poursuit un effort de défense suffisant et raisonnable de nature à contribuer à la stabilité et à la paix de l'Europe. La dernière loi de programmation planifie le développement et la production d'armements conventionnels nécessaires à la défense de la Nation, tels que le char Leclerc, le porte-avion nucléaire, l'avion de combat Rafale. Son arsenal de dissuasion nucléaire sera également maintenu au niveau de suffisances aussi bien en ce qui concerne les armes stratégiques que les armes d'ultime avertissement qui sont partie intégrante de la dissuasion globale. Ainsi la France continuera de maintenir une panoplie de forces classiques et nucléaires apte à préserver la crédibilité de sa posture dissuasive. Tel est d'ailleurs le sens le la résolution finale adoptée à l'issue de son dernier congrès par le parti qui constitue le principal soutien du Gouvernement à l'Assemblée nationale.

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