Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 14/06/1990

M. Rodolphe Désiré attire l'attention de M. le ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire sur la nécessité d'élaborer une politique qui, dans le domaine culturel, permette aussi de lutter contre l'intolérance, la xénophobie et le racisme. Constatant en effet que l'intolérance se nourrit des défaillances du système éducatif et des lacunes législatives, sans pour autant considérer que les améliorations susceptibles d'y être apportées seront suffisantes pour remédier à ce mal, il pense qu'un certain nombre d'initiatives relevant de la connaissance historique, ethnologique, sociologique et visant à réhabiliter le rôle joué par l'immigrant dans le processus de constitution de la nation française pourraient être lancées. Dans cette perspective, le ministère de la culture pourrait peut-être envisager la création d'un musée de l'émigrant, à l'instar de celui qui existe - toutes comparaisons mises à part - aux Etats-Unis, sous la statue de la Liberté. Cette initiative serait sans doute instructive pour tous, et plus précisément pour les jeunes générations, car elle contribuerait à une meilleure connaissance du rôle important joué par les migrants dans l'histoire de France, et ce depuis l'Antiquité. Elle permettrait également de méditer sur l'importance du phénomène migratoire dans le processus de formation de l'identité française. Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître son opinion sur cette question.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/11/1990

Réponse. - L'idée d'un musée de l'émigrant pour témoigner de la richesse des apports des migrants est une idée précieuse. Un tel musée permettrait certainement d'éclairer les jeunes générations sur le rôle des populations de multiples origines dans la constitution de l'identité politique, sociale et culturelle de la France contemporaine et contribuerait ainsi à lutter contre l'esprit d'intolérance, de xénophobie et de racisme. Des équipes de sociologues, notamment du C.N.R.S., travaillent déjà sur de tels thèmes en liaison avec certaines institutions muséographiques tels le Musée national des arts et traditions populaires. Le développement des musées d'ethnologie et la création des lieux de mémoire contribueront à cette meilleure connaissance des apports et échanges des différentes communautés d'immigration. Le ministère de la culture, de la communication et des grands travaux, se propose de poursuivre la réflexion sur les perspectives d'articulation entre ces différents lieux culturels participant à l'idée de musée de l'émigrant. Une des questions majeures portera sur l'opportunité de constituer des collections. Par ailleurs, le ministère de la culture apporte son soutien à des projets mettant en valeur l'histoire de l'immigration. Aussi, en collaboration avec le ministère de l'éducation nationale et le Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, il participe à l'opération " Composition française ", qui invite les écoles, les collèges et les lycées à mettre en valeur les apports étrangers dans le patrimoine français. Dans le même esprit, il soutient l'exposition " France des libertés, France des étrangers " sur la presse des communautés d'immigrés en France conçue par l'association " Génériques " et présentée par la fondation " L'Arche de la fraternité " à La Défense. Le ministère de la culture aide également les centres de ressources sur l'histoire des communautés d'origine étrangère vivant en France, comme l'Institut kurde et le Centre de recherches sur la diaspora arménienne ou le Centre d'information sur les migrations internationales.

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