Question de M. VIDAL Marcel (Hérault - SOC) publiée le 21/03/1991

M. Marcel Vidal interroge M. le ministre de la culture, de la communication et des grands travaux sur le recensement des festivals organisés en France et leur bilan économique. La multiplication des festivals témoigne d'un dynamisme qui participe au rayonnement culturel des collectivités territoriales et de notre pays. Outre cet aspect-là, l'organisation de ces manifestations génère des emplois, des ressources, des retombées économiques. Aussi lui demande-t-il, d'une part si son département a dressé un bilan culturel mais aussi économique des festivals, d'autre part s'il existe un observatoire chargé d'évaluer régulièrement l'activité de telles manifestations.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 08/08/1991

Réponse. - Pour répondre à la double question de l'honorable parlementaire, il n'existe pas au sens strict de document synthétique, global, établi par le ministère de la culture, dressant un bilan économique et culturel des festivals ; ni d'" observatoire " chargé d'évaluer régulièrement l'activité de ces manifestations. En revanche, des analyses ponctuelles, des communications et des enquêtes sur un aspect spécifique des festivals ont été réalisées. Plus particulièrement chargé de mener des études sur les pratiques et comportements culturels ainsi que sur l'économie de la culture (entre autres) le département des études et de la prospective du ministre de la culture, qui a effectué la plupart de ces travaux, demeure la structure pilote au sein du ministère concernant l'analyse des évolutions du secteur culturel. A la lueur des différentes analyses effectuées sur les festivals, certaines grandes tendances peuvent être dégagées tant sur le plan culturel que sur le plan économique. Depuis les années 80, le phénomène festivalier connaît un essor exceptionnel. Cette multiplication des festivals s'accompagne notablement d'un élargissement des publics. Hormis quelques cas particuliers, ils contribuent ainsi à une plus grande démocratisation de la culture. Profitant généralement de la période estivale, ils favorisent la rencontre avec de nouveaux publics en installant l'art dans des lieux imprévus, informels et suppléent efficacement aux institutions permanentes délaissées alors. Dans une certaine mesure, ils assurent une action de sensibilisation artistique, voire de formation auprès du public. Dans la même optique, ils peuvent contribuer à réduire les inégalités d'accès à la culture, en associant des programmations artistiques de qualité à une insertion dans des milieux peu favorisés. C'est le cas du festival " Banlieues bleues " de Saint-Denis. D'autre part, les festivals contribuent à la découverte de nouveaux talents mais aussià la redécouverte de pratiques artistiques occultées. Le festival de Saintes a permis de renouer avec la musique ancienne et celui d'Uzeste, par exemple, avec le jazz. Dans ces deux domaines, ils ont participé à l'évolution de la société musicale et auront joué un rôle de précurseur dans la diffusion de ces musiques. Les festivals peuvent générer de nouvelles formes de tourisme, d'animations touristiques d'été. Dans le cadre du festival des " Tombées de la nuit ", Rennes s'est engagée dans la voie du " tourisme urbain ", une manière de conjuguer étroitement patrimoine et arts vivants. Par l'animation des sites et monuments, par le choix d'une programmation adaptée à ces lieux, la ville tente de faire découvrir les ressources de son patrimoine architectural de façon originale. Cette politique a le mérite de favoriser la prise en compte des réalités locales et de permettre aux festivals de s'intégrer parfaitement à l'environnement. A cet égard, Montpellier a su réussir le pari avec le festival de Danse et le festival de Radio-France, grâce à l'enracinement local de ces manifestations. Elles retiennent beaucoup de résidents de Montpellier ou de la région, évitant ainsi l'un des effets pervers des festivals que constitue le départ de la population locale à cette période. Enfin, les festivals ont permis aux collectivités de se créer une identité culturelle. De nombreuses villes ont ainsi associé leur nom à un festival et à sa spécialité : Avignon bien sûr, mais aussi Strasbourg et la musique contemporaine, Antibes et le jazz, etc. En tout état de cause, il a été démontré que ces manifestations étaient susceptibles de modifier l'image d'une ville bien plus efficacement qu'une campagne de communication traditionnelle. L'impact économique des festivals est, quant à lui, non négligeable. La médiatisation effectuée autour des manifestations permet aux villes de bénéficier d'une publicité gratuite et d'attirer un flux touristique important. Une étude réalisée en 1988 sur neuf festivals musicaux en Poitou-Charente a conclu que le tiers des personnes ne se serait pas déplacé dans la région, sans leur organisation. Par ailleurs, il faut évoquer l'étude réalisée par le bureau d'informations et de prévisions économiques sur le festival d'Avignon de 1985, qui a permis, pour la première fois, de chiffrer l'impact de ce festival (" in " et " off ") sur l'économie locale et régionale. D'après cette étude, les flux directs ou dépenses de production ont représenté 18 MF. Entrant dans cette catégorie, les salaires, évalués à 4,7 MF avaient été dépensés pour 4 MF sur la région. Les dépenses dematériels et de fonctionnement, estimées à 10,2 MF ont bénéficié aux entreprises locales pour 6,7 MF. La location de salles de spectacles avait été évaluée à 3,5 MF. Parmi les flux indirects, les dépenses (brutes) des festivaliers ont représenté 15 MF, en plus de l'achat des places de théâtre. Consacrées essentiellement à l'hébergement et à la nourriture, elles ont parfois échappé à Avignon, du fait de la diversité des modes d'hébergement possibles dans cette région et à cette époque de l'année. A inclure également dans les flux indirects, les dépenses des personnels artistiques, administratifs et techniques qui s'étaient montées à 5,5 MF soit 220 F par jour. Au total, l'apport net des festivaliers et des personnels s'était élevé à environ 11 MF. Ainsi, 14 MF de subventions pour le festival d'Avignon avait généré 14 MF de dépenses de production et de 11 MF de dépenses nettes. Il est important de souligner qu'un indicateur spécifique avait été mis au point afin de mesurer ce qui était imputable au festival et non au tourisme habituel. En outre, le festival crée des emplois : plus de 400 emplois saisonniers essentiellement techniques, mais aussi une centaine d'emplois dans les entreprises prestataires de services. Le bilan est donc positif. En marge de ces résultats, le rapport indiquait que l'équivalent publicitaire des retombées par les médias avait pu être estimé à 10 MF, dont 4 MF vers la presse et 5,5 MF vers la télévision. Enfin, certains festivals connaissent un prolongement grâce à la diffusion des spectacles créés pour l'occasion. Saint-Céré dans le Lot, a ainsi mis en place une structure chargée de faire circuler ses opéras en Midi-Pyrénées, puis dans toute la France. En Avignon, deux écoles de spectacles ont été créées. De plus, l'on sait que Avignon, rassemblant nombre de professionnels, constitue une plaque tournante du marché des spectacles et un lieu privilégié de négociation de contrats. En conclusion, on fera remarquer que si la recherche de retombées économiques apparaît tout à fait légitime, elle ne doit cependant pas léser la qualité artistique de la programmation qui doit rester déterminante. L'éventuelle tentation d'un coup d'éclat estival doit être évitée au profit de festivals considérés comme des temps forts de la vie culturelle locale ou nationale, seul gage de réussite à long terme et donc de véritable inscription dans la réalité économique environnante. ; de modifier l'image d'une ville bien plus efficacement qu'une campagne de communication traditionnelle. L'impact économique des festivals est, quant à lui, non négligeable. La médiatisation effectuée autour des manifestations permet aux villes de bénéficier d'une publicité gratuite et d'attirer un flux touristique important. Une étude réalisée en 1988 sur neuf festivals musicaux en Poitou-Charente a conclu que le tiers des personnes ne se serait pas déplacé dans la région, sans leur organisation. Par ailleurs, il faut évoquer l'étude réalisée par le bureau d'informations et de prévisions économiques sur le festival d'Avignon de 1985, qui a permis, pour la première fois, de chiffrer l'impact de ce festival (" in " et " off ") sur l'économie locale et régionale. D'après cette étude, les flux directs ou dépenses de production ont représenté 18 MF. Entrant dans cette catégorie, les salaires, évalués à 4,7 MF avaient été dépensés pour 4 MF sur la région. Les dépenses dematériels et de fonctionnement, estimées à 10,2 MF ont bénéficié aux entreprises locales pour 6,7 MF. La location de salles de spectacles avait été évaluée à 3,5 MF. Parmi les flux indirects, les dépenses (brutes) des festivaliers ont représenté 15 MF, en plus de l'achat des places de théâtre. Consacrées essentiellement à l'hébergement et à la nourriture, elles ont parfois échappé à Avignon, du fait de la diversité des modes d'hébergement possibles dans cette région et à cette époque de l'année. A inclure également dans les flux indirects, les dépenses des personnels artistiques, administratifs et techniques qui s'étaient montées à 5,5 MF soit 220 F par jour. Au total, l'apport net des festivaliers et des personnels s'était élevé à environ 11 MF. Ainsi, 14 MF de subventions pour le festival d'Avignon avait généré 14 MF de dépenses de production et de 11 MF de dépenses nettes. Il est important de souligner qu'un indicateur spécifique avait été mis au point afin de mesurer ce qui était imputable au festival et non au tourisme habituel. En outre, le festival crée des emplois : plus de 400 emplois saisonniers essentiellement techniques, mais aussi une centaine d'emplois dans les entreprises prestataires de services. Le bilan est donc positif. En marge de ces résultats, le rapport indiquait que l'équivalent publicitaire des retombées par les médias avait pu être estimé à 10 MF, dont 4 MF vers la presse et 5,5 MF vers la télévision. Enfin, certains festivals connaissent un prolongement grâce à la diffusion des spectacles créés pour l'occasion. Saint-Céré dans le Lot, a ainsi mis en place une structure chargée de faire circuler ses opéras en Midi-Pyrénées, puis dans toute la France. En Avignon, deux écoles de spectacles ont été créées. De plus, l'on sait que Avignon, rassemblant nombre de professionnels, constitue une plaque tournante du marché des spectacles et un lieu privilégié de négociation de contrats. En conclusion, on fera remarquer que si la recherche de retombées économiques apparaît tout à fait légitime, elle ne doit cependant pas léser la qualité artistique de la programmation qui doit rester déterminante. L'éventuelle tentation d'un coup d'éclat estival doit être évitée au profit de festivals considérés comme des temps forts de la vie culturelle locale ou nationale, seul gage de réussite à long terme et donc de véritable inscription dans la réalité économique environnante.

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