Question de M. COLLETTE Henri (Pas-de-Calais - RPR) publiée le 07/05/1992

M. Henri Collette demande à M. le secrétaire d'Etat aux transports routiers et fluviaux de lui préciser les perspectives de sa politique de communication en matière de sécurité routière. Il lui demande s'il envisage effectivement de ne pas culpabiliser systématiquement certaines catégories de conducteurs (les jeunes, les routiers, etc.), mais au contraire d'imaginer un nouveau discours parlant de sécurité sans agressivité envers l'automobiliste.

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Réponse du ministère : Transports publiée le 17/09/1992

Réponse. - Le secrétaire d'Etat aux transports routiers et fluviaux tient à préciser à l'honorable parlementaire qu'aucune des campagnes de sécurité routière menées depuis 1988 n'a cherché à culpabiliser une catégorie quelconque d'usagers de la route. Cela serait, d'ailleurs, très préjudiciable aux impacts attendus de ces campagnes. En effet, leur objectif recherché vise une modification durable des comportements au volant, éléments déterminants de l'insécurité routière. La communication a ainsi été conçue de façon globale, c'est-à-dire traitant de l'ensemble du problème, afin de réduire les effets " d'évitement ", dans l'opinion, constatés lors de communications thématiques : l'autre est toujours jugé responsable de l'accident . Dans cet esprit, les axes de communication retenus depuis 1988, sur la base de nombreuses études menées en étroite collaboration avec le service d'information et de diffusion du Premier ministre, tendent à renforcer :1° la prise de conscience collective de la réalité de l'accidentologie (la trilogie vitesse-alcool-ceinture) et des enjeux, pour notre société, de la sécurité routière ; 2° les notions de collectivité des usagers et de partage de la route (ex. les campagnes " faisons la route ensemble " des étés 1990 et 1991) ; 3° la dimension collective de la réponse au problème de l'insécurité routière (ex. le partenariat avec les médias et avec le monde de l'automobile, constructeurs, assureurs, pétroliers...). L'amélioration de la sécurité routière en France passe nécessairement par la généralisation d'une conduite apaisée, moins agressive et plus attentive aux autres. La promotion de ce modèle de conduite est systématiquement recherchée dans toutes les actions de communication menées. Cette stratégie a été une des clés de la réussite de la réduction de la vitesse en ville à 50 km/h. De manière générale, les conducteurs ont bien compris le sens profond de la mesure : un petit effort généralisé, pour une conduite en ville plus modérée. Un tué en ville sur quatre a pu ainsi être épargné. Le milieu urbain est devenu, depuis décembre 1990, le lieu des progrès de sécurité routière. Le rythme annuel du nombre de tués est descendu durablement en dessous du seuil des 10 000 par an. Le niveau d'insécurité routière en France a rejoint celui de l'année 1960, en dépit d'un quadruplement du volume de circulation dans l'intervalle. Pour que ce modèle de conduite apaisée se généralise, en ville comme sur route, et pour que les progrès se consolident et s'intensifient, le permis à points a été introduit au 1er juillet 1992. La campagne de communication correspondante, lancée en juin, loin de vouloir culpabiliser certains usagers, a voulu, tout au contraire, souligner le partage de la route et les risques liés à certaines habitudes au volant. Cette campagne, dont le slogan est " savoir conduire c'est savoir... vivre ", comprenait : - une phase de sensibilisation, avec notammentdeux spots de Jean-Pierre Jeunet, réalisateur de Délicatessen, stigmatisant l'accumulation d'habitudes et d'indifférences qui peut aboutir à la tragédie ; - une phase d'information, avec notamment des messages radio utilisant un humour léger. Avec le permis à points, un mouvement important d'amélioration devrait se dessiner. La communication, qui accompagnera cette évolution, devra marquer encore davantage cet impératif d'une conduite apaisée, pour inciter à plus de progrès en la matière. Elle devra continuer à s'adresser à tous les usagers de la route et de la rue, sans aucune mise en exergue de catégories particulières, même si, parfois, des cibles différentes (jeunes, motards, grands rouleurs...) peuvent être visées. L'exception française dans l'Europe de la sécurité routière pourra ainsi être gommée. ; si, parfois, des cibles différentes (jeunes, motards, grands rouleurs...) peuvent être visées. L'exception française dans l'Europe de la sécurité routière pourra ainsi être gommée.

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