Question de M. LORIDANT Paul (Essonne - SOC) publiée le 08/07/1993

M. Paul Loridant attire l'attention de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation du Laboratoire national Saturne menacé de fermeture à l'horizon 1995 ou 1997. Ce laboratoire, situé sur le site du Centre d'études nucléaires de Saclay, a été créé par convention CEA-CNRS pour exploiter un accélérateur de particules destiné à la physique nucléaire. Cette machine est aujourd'hui de réputation mondiale pour ses performances scientifiques et techniques. Les physiciens, et les 210 ingénieurs et techniciens qui travaillent sur Saturne, jouissent de la même réputation pour la conception et la réalisation d'accélérateur, les expérimentations concernant la physique nucléaire mais aussi le spatial, l'astrophysique. Il apparaît de plus qu'ils ont la possibilité de mettre au point, à l'horizon de cinq ans, un programme de recherche sur les retraitements des déchets nucléaires à vie longue. Pôle unique en France, sa fermeture semble pourtant avoir été programmée, d'abord pour 1995, ensuite reculée à 1997 selon les informations en sa possession depuis le 23 juin dernier date de la réunion du comité de direction du LNS. Il s'interroge sur la portée d'une telle décision si elle devait se confirmer, d'autant que la construction d'un nouvel accélérateur ne semble pas envisagée à ce jour en France. Signifie-t-elle que notre pays renonce à compter sur son sol un accélérateur de particules pour la recherche nucléaire ? Est-il en ce cas question d'une coopération à l'échelle de l'Europe ? Qu'adviendra-t-il des personnels physiciens travaillant sur Saturne ? Par conséquent, il lui demande de bien vouloir l'informer d'une part des projets précis quant à la fermeture du laboratoire Saturne, d'autre part du devenir de ce secteur de la recherche nucléaire française et d'un éventuel rapprochement avec des pays européens.

- page 1081


Réponse du ministère : Enseignement supérieur publiée le 30/12/1993

Réponse. - L'avancement de la recherche fondamentale en physique nucléaire induit une demande d'évolution ou de renouvellement des accélérateurs de particules et des équipements expérimentaux. L'accélérateur du laboratoire national Saturne (LNS) n'échappe pas à cette règle. Sa dernière transformation en accélérateur de protons et d'ions d'énergie intermédiaire remonte à 1978. En dépit de remarquables performances comme source de protons et deutons polarisés, il est maintenant surclassé par le synchroton SIS de Darmstadt. Par ailleurs, les réflexions menées en France (rapport de l'Académie des sciences de 1990) et en Europe (Nuclear Physics European Collaboration Committee) concluent en recommandant l'utilisation d'accélérateurs d'électrons de grande énergie. Face à cette saturation et au coût élevé d'exploitation de Saturne, le CEA et le CNRS ont décidé d'arrêter son exploitation en 1997. Les recherches concernant la physique hadronique aux énergies intermédiaires devront se développer autour d'accélérateurs d'électrons en Europe (ESRF-GRAAL, ELSA, MAMIB et NIKHEF) et aux Etats-Unis (CEBAF, SLAC). La construction d'un accélérateur européen d'électrons de 15 GeV est étudiée dans le cadre du comité NuPEC déjà cité. Le principe du soutien des études nécessaires à l'avant-projet devrait être remis avant la fin de l'année. Dans le cadre de ces coopérations ou d'éventuels projets nationaux, la compétence en matière d'accélérateur des équipes du LNS sera évidemment précieuse. Toutefois, sa valorisation n'impose pas le maintien de la structure administrative actuelle du laboratoire. En ce qui concerne les projets scientifiques en cours, ils sont peu nombreux mais de qualité et préparent les programmes futurs en coopération internationale. Il s'agit du programme DISTO (étude de l'étrangeté) en cours de montage et sur lequel aucun engagement n'a été pris au-delà de 1995, et du programme SPES 4 p (étude exclusive ou semi-exclusive de la production de mésons lourds et de résonances baryoniques). Ces deux programmes s'étendent au plus tard jusqu'à fin 1997. Enfin, le comité de direction du LNS a décidé d'entreprendre un programme expérimental sur la mesure des données de base qui seraient nécessaires pour l'étude de la transmutation des déchets nucléaires grâce à des accélérateurs de particules.

- page 2537

Page mise à jour le