Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - RPR) publiée le 02/09/1993

M. Jacques Legendre attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la dégradation préoccupante de l'enseignement du français en Chine. Alors que le français occupait traditionnellement la deuxième place après l'anglais dans l'enseignement supérieur chinois, il est maintenant fortement concurrencé par l'allemand et le japonais. De même, dans l'enseignement secondaire, le français n'est plus enseigné aujourd'hui qu'à Nankin et à Shanghai, alors qu'il était jadis enseigné au même titre que le russe dans un grand nombre de collèges du pays. Une telle évolution, dans un pays aussi important, risque d'être grave pour l'avenir des relations culturelles et économiques entre la France et la Chine. Aussi, il lui demande quelles mesures il envisage de prendre pour rendre sa place à l'enseignement du français en Chine.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 11/11/1993

Réponse. - Les récentes statistiques transmises par notre poste diplomatique à Pékin n'infirment pas les chiffres avancés par la jeune étudiante chinoise, Mme Xiao Yang Liao, qui s'inquiétait, lors de son intervention au cours d'un colloque consacré à la francophonie, de la dégradation rapide de la place du français en Chine. Le problème essentiel porte avant tout sur la place donnée par la Chine à notre langue dans son enseignement. L'évolution socio-économique de ce pays ne manque pas d'avoir des répercussions concrètes sur les objectifs et les enjeux de l'éducation. La volonté du gouvernement chinois de ne soutenir qu'une langue prioritaire, l'anglais, est manifeste. La faiblesse des ressources actuelles du pays ne lui permet pas de financer l'enseignement d'une deuxième langue vivante. Aussi les comparaisons relatives entre allemand, russe, japonais, français, ainsi que les analyses de variations au cours des années de la place respective de ces langues perdent-elles beaucoup de leur signification si l'on considère qu'elles représentent des pourcentages très faibles au regard de la population totale chinoise, et qu'elles relèvent souvent d'impressions subjectives, compte tenu de la difficulté de se procurer des statistiques fiables. Dans le secondaire, l'anglais est la seule langue obligatoire. Rares sont les établissements où s'enseigne, comme première langue, une autre langue vivante. Dans la majorité des zone écoles signalées par Mme Liao, le français faisait l'objet d'un enseignement à option non obligatoire. Dans le supérieur, force est de constater qu'aux filières classiques, formant durant plusieurs années des " lettrés ", se substituent des cursus courts assurant des débouchés immédiats vers des marchés professionnels en pleine mutation. Ces mutations ont amené la France à réduire le nombre de ses lecteurs détachés auprès d'universités chinoises. Ils étaient une quarantaine en 1985 et ne sont plus que dix en 1993 : deux civils et huit CSN. Ce retrait est d'ailleurs compensé par un recrutement local de compatriotes enseignant le français. A ce problème structurel, se greffent d'autres causes : l'insuffisance des emplois offerts aux Chinois francophones, l'anglais s'imposant aux entreprises comme langue des négociations commerciales ; la difficulté de promouvoir le français comme langue de communication dans les médias ; la rigidité du ministère de l'éducation entravant toute initiative novatrice. Ce constat aboutit à la présentation de quelques principes d'actions clairs : 1o sur le plan technique, contribuer au développement des sections universitaires nouvelles telles les " licences à double orientation " qui associent l'apprentissage du français avec celui d'une discipline d'économie-gestion ; oeuvrer également à l'introduction du français dans des cycles professionnels courts (automobile, tourisme...) ; favoriser les cycles de formation d'interprètes-traducteurs. Cette voie cependant ne concernera qu'un nombre très modeste d'apprenants, si spécialisés soient-ils ; 2o favoriser l'émergence dans les médias d'une image de la France " grand public " qui soit assez séduisante pour générer une demande de cours du soir. En décembre 1993, la télévision chinoise lancera une nouvelle méthode d'apprentissage du français, fruit d'une coopération entre les deux pays. Les séquences préparatoires de phonétique ont déjà été diffusées à une heure de grande écoute. Les premiers sondages communiqués annoncent plus de 10 millions de téléspectateurs au début du mois d'août 1993. Depuis le début de l'année 1993, Radio Shanghai diffuse deux émissions culturelles françaises, conçues en relation étroite avec le service de coopération linguistique et éducative en Chine. L'une est centrée sur une méthode d'apprentissage de la langue française, l'autre, largement commentée en chinois, présente des séquences parrainées par des entreprises françaises installées à Shanghai. Ces émissions font école, Radio Hagzhou, Radio Nankin en ont repris les maquettes : le chiffre estimé de leurs auditeurs serait de 40 millions ; 3o attendre que se développe en Chine une classe moyenne prête à exprimer une demande culturelle en français et disposant d'assez de temps et de moyens pour la satisfaire ; 4o attendre également qu'augmente un autre public potentiellement favorable, celui des étudiants, qui pour l'heure sont en nombre dérisoire, 2 millions pour une population de 1,5 milliard. Notre dispositif de coopération linguistique et éducative compte actuellement seize agents : un attaché de coopération linguistique et éducative ; quatre attachés linguistiques (Pékin, Wuhan, Canton et Shanghai) ; deux lecteurs attachés linguistiques (Pékin et Wuhan) ; neuf coopérants au service national. Loin de se désintéresser de la place de notre culture dans ce pays, les services français en Chine sont à la recherche de voies nouvelles, les traditionnels cheminements universitaires restant verrouillés, et les développements économiques ne se révélant pas nécessairement des moyens efficaces pour promouvoir dans ce pays la culture française. ; l'année 1993, Radio Shanghai diffuse deux émissions culturelles françaises, conçues en relation étroite avec le service de coopération linguistique et éducative en Chine. L'une est centrée sur une méthode d'apprentissage de la langue française, l'autre, largement commentée en chinois, présente des séquences parrainées par des entreprises françaises installées à Shanghai. Ces émissions font école, Radio Hagzhou, Radio Nankin en ont repris les maquettes : le chiffre estimé de leurs auditeurs serait de 40 millions ; 3o attendre que se développe en Chine une classe moyenne prête à exprimer une demande culturelle en français et disposant d'assez de temps et de moyens pour la satisfaire ; 4o attendre également qu'augmente un autre public potentiellement favorable, celui des étudiants, qui pour l'heure sont en nombre dérisoire, 2 millions pour une population de 1,5 milliard. Notre dispositif de coopération linguistique et éducative compte actuellement seize agents : un attaché de coopération linguistique et éducative ; quatre attachés linguistiques (Pékin, Wuhan, Canton et Shanghai) ; deux lecteurs attachés linguistiques (Pékin et Wuhan) ; neuf coopérants au service national. Loin de se désintéresser de la place de notre culture dans ce pays, les services français en Chine sont à la recherche de voies nouvelles, les traditionnels cheminements universitaires restant verrouillés, et les développements économiques ne se révélant pas nécessairement des moyens efficaces pour promouvoir dans ce pays la culture française.

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