Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 28/10/1993

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation de la langue française du Vietnam, au Cambodge et la Laos. Début octobre, à Phnom Penh, un millier d'étudiants cambodgiens ont manifesté contre le caractère obligatoir de français dans leurs études et ont demandé son remplacement par l'anglais. Il souhaiterait connaître les mesures envisagées pour la défense de notre langue dans l'ancienne Indochine.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 10/03/1994

Réponse. - La situation de la langue française au Cambodge, au Laos et au Viet-Nam est très variée d'un pays à l'autre, mais un regain d'intérêt pour notre langue est sensible. Au Cambodge, près de 8 000 étudiants apprennent le français dans la seule université de Phnom Penh ; pour l'ensemble du pays, on compte près de 16 000 étudiants en français alors que 1 725 étudiants cambodgiens suivent des cours d'anglais. Dans l'enseignement secondaire, pour l'année scolaire 1992-1993, plus de 160 000 élèves suivaient un enseignement de notre langue, pour l'anglais le chiffre était de 71 000 apprenants. En 1993, 19 400 000 francs de crédits d'intervention ont été affectés directement au redémarrage de la francophonie. Notre coopération linguistique et éducative touche l'enseignement supérieur, secondaire et professionnel, par un enseignement direct de notre langue au sein du centre culturel et de coopération linguistique de Phnom Penh et dans les établissements cambodgiens. Le ministère des affaires étrangères apportera son concours à la mise en oeuvre d'une réforme du système éducatif, à la formation d'un corps d'inspecteurs et de conseillers pédagogiques pour le français ; des filières bilingues devraient, par ailleurs, être ouvertes à titre expérimental dans quelques lycées de la capitale. Au Laos, réintroduit au collège depuis quatre ans, le français est plus enseigné que l'anglais, au lycée les positions de l'anglais et du français sont égales. Plus d'un quart de l'enveloppe 1993 est consacrée à la coopération linguistique et éducative (6,2 MF) qui s'exerce dans trois domaines essentiels : l'enseignement de la langue française, la formation de formateurs en didactique dans d'autres disciplines, une aide à la restructuration administrative du ministère de l'éducation et des sports. Mais la tâche est difficile car le ministère de l'éducation, partenaire de loin le plus important, ne souhaite favoriser ni notre coopération par rapport à d'autres coopérations bilatérales, ni notre langue par rapport à l'anglais. Au Viet-Nam, à l'université, une demande d'enseignement de la langue française répondant à des besoins professionnels spécifiques se fait jour dans différentes facultés. Par ailleurs, l'IDECAF (Institut d'échanges culturels avec la France) d'Ho Chi Minh Ville et le centre de français de spécialité d'Hanoi reçoivent plus de 3 000 stagiaires et assurent la formation continue de formateurs. Dans le secondaire, le français est peu enseigné par rapport à l'anglais (3 p. 100 environ). En 1993, 14 700 000 F ont été consacrés à la coopération linguistique et éducative. Les priorités restent : le développement des filières bilingues déjà implantées à Ho Chi Minh Ville et à Hanoi ; l'appui à l'enseignement de la lange française dans le secondaire par la formation de conseillers pédagogiques, l'aide à l'élaboration de manuels, l'audiovisuel, l'appui aux études françaises dans l'enseignement supérieur par l'aide à la refonte des programmes, la recherche de formations polyvalentes, l'enseignement à distance, l'appui à l'enseignement du français à objectifs spécifiques répondant à des besoins professionnels. Au Cambodge et au Viet-Nam, notre présence linguistique est renforcée par l'audiovisuel : diffusion de Canal France International et de RFI à Phnom Penh, mise en place d'un journal télévisé quotidien à la télévision vietnamienne.

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