Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 24/11/1994

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la 18e Conférence des chefs d'Etat de France et d'Afrique à Biarritz. Il souhaiterait connaître les principales décisions prises. Est-il envisagé une force africaine permettant la prévention et le règlement des conflits ? Cette force serait-elle sous le contrôle de l'Organisation de l'unité Africaine ou de l'Organisation des Nations Unies ? Notre pays envisage-t-il de participer à l'équipement de la force africaine et d'avoir un rôle dans la direction des opérations ?

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 29/12/1994

Réponse. - L'affaire du Rwanda a suscité au sein de la communauté internationale, en particulier chez les Européens et les Africains, des réflexions sur la nécessité de mieux appréhender la prévention des conflits et le maintien de la paix en Afrique. Mais, à ce stade, aucune décision n'a été prise. La réflexion s'articule autour de quatre phases : un système d'alerte précoce qui permettrait une analyse approfondie des crises afin d'aider à la prise de décisions sur la diplomatie préventive ; une diplomatie préventive par une mobilisation accrue de l'expertise et de l'autorité de certains dirigeants africains de manière informelle ou à travers les organisations sous-régionales ou l'OUA ; par un renforcement de la coopération entre l'ONU et l'OUA sur le terrain ; par la participation d'autres pays, notamment européens, en liaison avec les chefs d'Etats africains à des actions préventives ; le développement des capacités africaines de maintien de la paix par l'établissement de centres régionaux de maintien de la paix sous les auspices ONU/OUA, assurant notamment la formation et l'entraînement de troupes africaines et le stockage de matériel ; le déploiement d'urgence de forces de maintien de paix. Il s'agit d'aider les Africains à développer une capacité de réaction rapide sous les auspices ONU/OUA afin de combler le délai habituel de mise en place d'une force de maintien de la paix des Nations Unies. Différentes options doivent être envisagées selon qu'il s'agit de missions de prévention, d'interposition ou à but humanitaire. Elle est également engagée, sous des angles divers, dans plusieurs enceintes : ONU, UEO, OUA, et entre pays appartenant à des sous-régions. Notre volonté, à ce stade, est de favoriser cette réflexion et d'écouter nos partenaires africains en poursuivant trois objectifs : encourager et aider les actions de diplomatie préventive ; permettre à l'Europe de jouer un rôle en donnant notamment à l'UEO la mission de coordonner les efforts d'assistance militaire des pays européens ; encourager les Etats africains à prendre en charge les situations d'urgence y compris par la création d'une force interafricaine qui interviendrait sous double contrôle ONU/OUA ; la présidence de l'Union européenne permettra à la France de faire avancer ces réflexions. Le sommet de Biarritz a permis de recueillir les réactions et avis de nos partenaires africains qui se sont montrés soucieux de préserver l'OUA dont ils ont néanmoins reconnu le manque de moyens et de travailler dans le cadre des sous-régions. Ils se sont montrés ouverts à un soutien de l'Europe. Le dialogue entre l'Union européenne et l'OUA a été ouvert et institutionnalisé à Bruxelles, tous les six mois. Il sera poursuivi par l'envoi d'une délégation française à Tunis et à Addis Abeda à la mi-décembre. Il faut enfin ajouter que les pays francophones paraissent désireux de mener une étude qui pourrait ensuite servir de base à une large réflexion sur la prévention des conflits et le maintien de la paix.

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