Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - RPR) publiée le 14/12/1995

M. Jacques Legendre exprime à M. le ministre des affaires étrangères sa très vive préoccupation devant la recrudescence des affrontements ethniques au Burundi, pays membre de la francophonie, et ceci au lendemain même du sommet de Cotonou. Il lui demande de lui faire connaître quelles initiatives urgentes la France compte prendre, en liaison avec l'ONU, l'OUA et l'ensemble des Etats concernés pour contribuer à arrêter enfin cette tragique dérive.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 22/02/1996

Réponse. - La crise qui affecte le Burundi depuis l'assassinat en octobre 1993 de son premier chef d'Etat démocratiquement élu est due à l'action des extrémistes de toutes origines. Ceux-ci ne cessent de remettre en cause le partage du pouvoir entre la majorité et l'opposition burundaises tel qu'il résulte de l'accord intervenu le 10 septembre 1994 sur une " convention de Gouvernement ". Patiemment négociée sous l'égide du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et acceptée par les principaux partis, cette convention visait à mettre fin à la crise. Face aux menées des extrémistes, la communauté internationale s'est efforcée de conforter les institutions et le processus de réconciliation nationale engagé par les autorités. Elle n'a pas manqué de condamner leurs agissements qui constituent une menace à la stabilité du pays et à la sécurité de la population burundaise. En outre, elle a entrepris un certain nombre d'actions qui, dans une certaine mesure, ont contribué à apaiser les tensions. La France en particulier a, conjointement avec ses partenaires de l'Union européenne, adopté dès le mois de mars 1994 une position commune définissant des priorités et des objectifs afin de contribuer à la restauration d'un Etat de droit et à la reprise du développement du Burundi. L'Union européenne finance, entre autres, l'envoi d'experts des droits de l'homme des Nations Unies et la mission d'observateurs de l'Organisation de l'unité africaine qui, par sa présence, constitue un élément dissuasif. Elle concourt de façon substantielle au financement de l'aide humanitaire destinée aux populations déplacées et dispersées, victimes de la situation de crise quasi permanente dans laquelle le Burundi vit aujourd'hui. Toutefois, quelles que soient les bonnes dispositions manifestées par la communauté internationale vis-à-vis du Burundi, il appartient aux Burundais eux-mêmes de prendre les mesures nécessaires au rétablissement de la confiance. Les nombreuses missions de haut niveau, qu'il s'agisse du Conseil de sécurité des Nations Unies, de l'Union européenne, de l'OUA, des représentants de la francophonie, visent à le souligner. En dépit des efforts déployés par la communauté internationale, la situation au Burundi demeure gravement préoccupante. De fait, les problèmes auxquels ce pays est confronté sont étroitement liés à ceux que connaît aujourd'hui l'ensemble de la région des Grands Lacs, où plus de deux millions de réfugiés rwandais et burundais vivent en dehors de leur pays. Ces problèmes ne pourront trouver de solutions que dans le cadre d'un règlement global de la crise qui frappe cette zone. C'est pourquoi la France n'a cessé, depuis l'automne 1994, de plaider et d'agir en faveur de la tenue d'une conférence, sous l'égide des Nations Unies et de l'OUA, sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs. Nous regrettons qu'elle n'ait pas encore pu être organisée, car l'implantation de la communauté internationale nous paraît indispensable pour favoriser, dans le cadre d'un mécanisme de suivi, le respect des engagements réciproques des Etats concernés et pour organiser l'appui qui sera nécessaire à la reconstruction de cette région. Notre action diplomatique reste activement orientée en ce sens.

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