Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 22/02/1996

M. Emmanuel Hamel signale à l'attention de M. le ministre délégué à la coopération la déclaration faite dans le Figaro du 12 mai 1995 par le porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé selon laquelle " l'épidémie qui a fait au premier semestre 1995 au moins cent morts dans la région zaïroise de Kikwitt est bien due au virus Ebola ". Il lui demande : 1o quel est le nombre de cas recensés au 1er janvier 1996 ; 2o quel est à ce jour l'évolution de l'épidémie ; 3o quels sont les moyens médicaux et financiers mis en oeuvre par le gouvernement français pour aider la population zaïroise à lutter contre le virus Ebola et éviter sa transmission en Europe.

- page 371


Réponse du ministère : Coopération publiée le 09/05/1996

Réponse. - Le 4 mai 1945, une demande d'aide en provenance du Zaïre a été effectivement transmise en Europe et aux Etats-Unis concernant une épidémie de " diarrhée rouge " qui sévissait depuis plusieurs semaines dans la ville de Kikwit, région de Bandundu. Les prélèvements sanguins pratiqués sur des cas suspects ont été adressés au centre de contrôle des maladies (CDC) d'Atlanta (USA) qui a confirmé le 11 mai 1995 l'origine du virus Ebola dans cette épidémie. Des experts de l'Organisation mondiale de la santé, dont un médecin français virologue spécialiste de la question et travaillant à l'institut Pasteur de Paris, se sont aussitôt rendus sur place. Dans le cadre d'un comité international de coordination technique et scientifique, créé pour la circonstance, et sous la présidence d'un médecin zaïrois, le professeur Muyembe, ces experts ont mené des actions spécifiques consistant dans la mise en place d'une surveillance de l'évolution de l'épidémie, d'enquête épidémiologique visant à mieux connaître ses caractéristiques, de prise en charge des cas et des décès, et la mise en place des mesures de prévention aptes à assurer un arrêt de l'extention de cette flambée. Des actions de formation auprès des personnels de santé zaïrois ainsi qu'une campagne d'information auprès des populations ont également été assurées par ces équipes internationales. En ce qui concerne l'évolution de l'épidémie : le dernier cas identifié de fièvre hémorragique à virus Ebola de l'épidémie a été admis à l'hôpital de Kikwit le 24 juin 1995 ; il en est sorti le 14 juillet 1995. Au 24 août 1995, un laps de temps au moins égal au double de la période d'incubation (42 jours) s'étant écoulé sans que de nouveaux cas aient été signalés, l'épidémie a été déclarée terminée. La déclaration de fin d'épidémie a donné lieu à une annonce conjointe le 24 août 1995 du Gouvernement zaïrois et de l'Organisation mondiale de la santé. Au total, 316 cas dont 244 morts ont été dénombrés durant cette épidémie, correspondant à un taux de létalité de 77 p. 100. Le Gouvernement français est intervenu directement dans cette lutte contre l'épidémie tant par la mobilisation des ces experts participant à la coordination internationale, que par l'envoi de matériels tels que des blouses de haute protection et de haute sécurité, des masques et des gants jetables ainsi que de médicaments pour le traitement symptomatique des malades. Au total, ces matériels et ces médicaments ont coûté 132 500 FF. La réponse à cette épidémie a donc été notable par la rapidité et l'efficacité de l'action internationalement coordonnée. Cette épidémie a enfin confirmé les rapports de l'Organisation mondiale de la santé de 1976, consécutifs à deux épidémies similaires au sud du Soudan et au nord du Zaïre, selon lesquels le risque de contamination n'existe que par contact direct avec un malade à la phase clinique ou avec un cadavre. De simples mesures d'hygiène permettent de maîtriser ce risque, c'est pourquoi les réactions de peur entraînées en 1995 à l'annonce médiatisée de cette épidémie n'étaient pas justifiées, et notamment en ce qui concerne son risque de transmission en Europe.

- page 1135

Page mise à jour le