Question de M. TRUCY François (Var - RI) publiée le 29/01/1998

M. François Trucy attire l'attention de M. le ministre de la défense sur la modification que ce dernier compte introduire dans la formation militaire que la France dispense aux élèves en provenance des nombreux pays d'Afrique, avec lesquels notre pays entretient des relations privilégiées pour ce qui concerne la défense. Il rappelle que le système actuel consiste à accueillir ces élèves dans les écoles françaises sur notre territoire. Il s'étonne que le nouveau système envisagé consiste en la création de quatre écoles spécialisées, situées dans quatre pays d'Afrique et susceptibles d'accueillir tous les élèves des différents pays de ce continent. Il s'inquiète des effets négatifs de ce dispositif qui interdira aux élèves africains de venir en France, de devenir des familiers et de rester plus tard des relations utiles et proches. Il souhaite connaître le coût de la construction et de l'équipement de ces écoles, les sites choisis et les raisons de ces choix, les dates de mise en service, la nature des spécialités militaires qui y seront enseignées, les raisons françaises ou étrangères de cette réforme, la part qu'assurera la France dans l'enseignement et la formation dispensés dans ces écoles, le coût de la part que la France paiera dans le fonctionnement et celui du système actuel, en comparaison. Il souhaite enfin connaître à quel ministère reviendra cette charge et comment les pays africains accueillent cette réforme.

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Transmise au ministère : Coopération


Réponse du ministère : Coopération publiée le 26/03/1998

Réponse. - La formation par la France des militaires provenant des pays d'Afrique est conduite par le ministère des affaires étrangères à travers la mission militaire de coopération. En 1997, c'est près de 1 300 stagiaires qui ont été accueillis dans les écoles militaires françaises. Mais le nombre de stagiaires étrangers formés en France a cependant atteint le maximum de la capacité d'accueil de nos écoles. En effet, la réduction en cours du format des armées françaises et donc du nombre de cadres à former, consécutive à la professionnalisation, entraînera de facto une diminution corrélative du nombre de statiaires étrangers dans les écoles militaires françaises, où l'effectif de stagiaires étrangers ne peut dépasser 20 % de l'effectif total. Par ailleurs, le décalage technologique entre les matériels très sophistiqués utilisés dans les armées françaises et ceux employés dans les armées africaines rend très souvent inadaptés aux réalités africaines certains cours dispensés aux stagiaires de ces pays. C'est pour ces deux raisons fondamentales qu'il importe de favoriser le développement d'écoles militaires à vocation régionale en Afrique même. Néanmois, la France continuera à mettre en uvre toutes les actions qui permettront à un maximum de cadres africains d'acquérir une formation et une pensée militaires aussi proches que possible de celles de leurs homologues français, c'est-à-dire acquise soit dans les écoles militaires françaises, soit dans des écoles nationales des pays africains avec la présence d'assistants militaires techniques français. La formation dans les écoles françaises privilégiera l'accueil des personnels de haut niveau, officiers et spécialistes, appelés à tenir des postes de responsabilité importants dans les armées de leurs pays. Ainsi en termes d'influence, notre action ne sera nullement diminuée. Enfin, il est indispensable que les pays de l'Afrique subsaharienne coordonnent leurs efforts et partagent les tâches en acceptant de recevoir dans leurs propres écoles des stagiaires des pays voisins, et réciproquement d'y envoyer leurs cadres en formation. Ce concept d'écoles à vocation régionale contribuera, en outre, au renforcement de la cohésion et de la connaissance mutuelle d'hommes appelés à travailler ensemble dans le cadre du développement des capacités africaines de maintien de la paix. La volonté d'accroître l'effort de formation est la priorité de la mission militaire de coopération. La part consacrée à cette action est, en 1998, en progression de 13,7 % par rapport à 1997 et se monte à 104,265 MF contre 91,7 MF (réduits en cours d'exercice à 78,4 MF) l'année dernière. Dans le but de transférer d'ici à 2002, en Afrique, 50 % de la formation militaire jusqu'ici dispensée en France, la Mission militaire de coopération participe au fonctionnement de deux écoles interafricaines et de deux écoles nationales à vocation régionale : Ecole d'application de l'infanterie à Thiès au Sénégal, Division d'application des transmissions à Bouaké en Côte d'Ivoire, Ecole militaire d'administration, à Koulikoro au Mali, Ecole d'état-major, également à Koulikoro. Elle aidera également au second semestre 1998 à l'ouverture régionale de quatre écoles nationales déjà existantes : Ecole de formation initiale d'officiers d'active à Thiès, Ecole d'application de la gendarmerie à Abidjan en Côte d'Ivoire, Ecole de santé militaire à Lomé au Togo, Ecole de soutien automobile et transmissions à Ouagadougou au Burkina-Faso. Ces écoles sont des structures nationales placées sous l'autorité du commandement national et fonctionnent avec l'appui de la France en contrepartie de leur ouverture à des stagiaires originaires des pays voisins. Une somme de 8 MF est affectée en 1998 au fonctionnement de ces écoles afin de participer en particulier à la prise en charge des frais d'hébergement, d'alimentation, de transport et d'instruction des stagiaires, ainsi qu'à l'achat de quelques matériels d'instruction. Le montant de cette aide est arithmétiquement proportionnel au nombre de stagiaires admis dans chaque école. Par ailleurs dix officiers et deux sous-officiers français occupent des fonctions d'instructeur dans les écoles déjà ouvertes. Une dizaine d'officiers français intégreront au cours de l'été les écoles dont l'ouverture régionale est programmée pour 1998. Ce poste représente une dépense de 16 MF. Enfin, 8 MF sont prévus en 1998 pour financer des travaux d'extension ou d'amélioration des écoles existantes et des travaux d'infrastructure préalables à l'ouverture de nouvelles écoles. C'est donc un total de 32 MF qui est affecté en 1998 au fonctionnement des huit écoles régionales. A ces opérations, il convient d'ajouter l'effort entrepris par la France dans le but de créer un centre de formation au maintien de la paix, à Zambakro en Côte d'Ivoire. Un financement initial de 16 MF réparti sur deux ans (1998 et 1999) est prévu pour lui donner des capacités d'accueil internationales. Ce centre est destiné à former les cadres africains (pour l'essentiel officiers d'état-major ou observateurs) susceptibles d'encadrer les unités africaines de maintien de la paix appelées à participer au règlement des crises sur le continent. Ce projet fait l'objet d'une attention toute particulière de la part de la Mission militaire de coopération.

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