Question de M. HUSSON Roger (Moselle - RPR) publiée le 05/03/1998

M. Roger Husson appelle l'attention de M. le ministre de la défense sur les risques de pollution nucléaire que représente pour l'environnement la base navale stratégique russe de Severomorsk près de Mourmansk. En effet, cette base principale abrite les fameux bâtiments de la classe Typhoon. Ces sous-marins nucléaires de 25 000 tonnes, entrés en service en 1980, possèdent 20 missiles balistiques SS NX 20 à six ogives chacun. Or, depuis longtemps, la marine russe n'a plus les moyens d'entretenir ces monstres qui rouillent et menacent en permanence de contaminer l'océan Arctique et ses environs, avec leurs 120 têtes thermonucléaires de 100 kilotonnes chacune. C'est donc, sur 5 kilomètres carrés, la plus grande concentration d'éléments nucléaires dans le monde et les 25 000 personnes qui vivent à proximité de là, souffrent de tragiques problèmes de santé, faute de protection adaptée. Face à cette situation dramatique dont il rappelle l'urgence et les risques, il souhaiterait connaître l'exacte étendue des dégâts. Il lui demande également s'il ne serait pas opportun que la France prenne une initiative internationale.

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Transmise au ministère : Affaires étrangères


Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 21/05/1998

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre des affaires étrangères sur les risques de pollution radioactive existant dans la région de Mourmansk. La France est gravement préoccupée par cette situation, imputable à l'activité de nombreux sous-marins et brise-glaces nucléaires, mais également à celle de la centrale nucléaire de Kola, dont deux réacteurs sur quatre sont jugés peu sûrs (VVER 440/230). Afin d'y remédier, nous avons développé depuis 1994 une coopération étroite avec la Norvège et créé un groupe de travail franco-norvégien sur les pollutions nuclélaires d'origine russe, qui s'articule autour des thèmes suivants : traitement et stockage des combustibles irradiés ainsi que des déchets radioactifs, comportement des radionucléides en milieu marin et modernisation de la centrale de Kola.Ce groupe a d'ores et déjà défini un projet de 60 MF, visant à permettre le réaménagement d'un navire ancré en rade de Mourmansk (le Lepse, dans lequel sont entreposés, dans des conditions fort peu satisfaisantes, des combustibles irradiés provenant des brise-glaces à propulsion nucléaire). D'autres projets du même type sont actuellement à l'étude et pourraient prochainement aboutir. En outre, il convient de souligner que la France participe, au travers du Fonds multilatéral de sûreté nucléaire (FSN, administré par la BERD et auquel la France est le premier contributeur avec 54 M d'écus), au financement d'améliorations urgentes de court terme sur les deux réacteurs les plus anciens de la centrale de Kola (22 M d'écus).En ce qui concerne plus particulièrement les sous-marins nucléaires, au vu des études réalisées depuis trois ans par les Norvégiens en mers de Barents et de Kara, il semblerait que l'immersion de matières radioactives dans cette zone n'ait pas entraîné de contamination majeure de l'environnement marin et qu'il n'existe pas, du moins à l'heure actuelle, de danger pour l'homme. Il nous paraît, par conséquent, logique de consacrer l'essentiel de nos efforts, notamment en raison des contraintes budgétaires qui sont les nôtres, au problème écologique majeur que constitue la vétusté du parc électronucléaire russe.

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