Question de M. MOREIGNE Michel (Creuse - SOC) publiée le 25/06/1998

M. Michel Moreigne attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur l'avenir de la tapisserie d'Aubusson et particulièrement sur la réforme de l'Ecole nationale d'art décoratif de cette ville. L'ENAD assure la formation de lissiers depuis plus d'un siècle. Une nouvelle orientation pédagogique vise à élargir les enseignements dispensés, notamment grâce à un rapprochement avec l'école des arts décoratifs de Limoges. Or, très attachés à l'art de la tapisserie, les Aubussonnais, comme tous les Creusois, tiennent au maintien d'une formation spécifique au métier de lissier et craignent que la rénovation pédagogique susdite ne soit pas compatible avec la pérennité de l'enseignement de ce savoir-faire qui fait la renommée de leur cité depuis plus de cinq siècles. Ces craintes s'inscrivent dans le cadre plus vaste d'inquiétudes récurrentes concernant l'avenir des soutiens de la puissance publique à la tapisserie (basse-lisse et savonnerie), préoccupations amplifiées par la disparition du Comité de la tapisserie. Ainsi, il lui demande s'il lui est possible d'apporter des assurances concernant la volonté de l'Etat de promouvoir la tapisserie d'Aubusson, grâce à l'enseignement dispensé à l'ENAD et aux commandes publiques.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 20/08/1998

Réponse. - Le ministère de la culture et de la communication demeure particulièrement vigilant en ce qui concerne la promotion et le devenir de la tapisserie d'Aubusson. S'agissant de l'Ecole nationale d'art décoratif d'Aubusson, il convient de noter que dans le cadre de son rapprochement avec l'école d'art de Limoges, l'école d'Aubusson devrait retrouver son élan dans le domaine pédagogique. La nouvelle orientation pédagogique place les problématiques liées à la création textile dans une approche élargie au design et à l'art. Dans le cadre de cette rénovation et en relation avec l'éducation nationale, l'école d'Aubusson continue d'offrir une formation spécifique au métier de lissier, permettant ainsi de préserver un savoir-faire exceptionnel. Pour ce qui est des commandes publiques, le ministère continue d'apporter un soutien régulier aux ateliers d'Aubusson et du Limousin en réservant chaque année un crédit d'au moins 1 MF pour l'achat de cartons et les frais de tissage. En 1998, ce soutien s'est élevé à 1,4 MF. Parmi les projets aidés, on citera celui de Fabrice Hybert, " l'Amour ", en partenariat avec le musée d'Annecy, celui de Roman Opoka, " Chronome 1963 que la lumière soit ", et celui de Laurent Joubert en liaison avec 5 artistes d'Afrique du Sud. Un projet de tenture 2001 est d'ores et déjà amorcé : 11 maquettes seront acquises pour 11 tapisseries dont le tissage sera effectué en 1999 et en 2000. Le coût total de l'opération, estimé à 1,3 MF, sera pris en charge par le ministère en partenariat avec le conseil régional du Limousin, le musée départemental de la Creuse, la mission pour la célébration du 2e millénaire. On mentionnera enfin un projet de tissage pour l'escalier d'honneur de la DRAC Poitou-Charentes. Afin de mieux promouvoir la tapisserie contemporaine, le Centre national pour les arts plastiques (établissement public relevant du ministère de la culture et de la communication) a organisé, du 22 avril au 14 juin 1998, une exposition intitulée " Métissages " où étaient fortement représentés des tapis et tapisseries réalisés par les ateliers d'Aubusson. Cette manifestation devrait circuler à Annecy (automne 1998) et en Picardie en 1999. Ainsi le ministère de la culture et de la communication s'emploie-t-il dans le cadre de sa politique plus large de soutien aux métiers d'art, à promouvoir la tapisserie d'Aubusson en préservant les savoir-faire, en suscitant un regain d'intérêt des artistes contemporains pour ce medium, en développant l'intérêt artistique pour ce mode d'expression et en contribuant à sensibiliser les prescripteurs et le public à la tapisserie.

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