Question de M. GOUTEYRON Adrien (Haute-Loire - RPR) publiée le 05/11/1998

M. Adrien Gouteyron attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur le bilan actuel de la lutte antialcoolique. Il lui rappelle que le rapport du professeur Roques, commandé par son ministère, avait - à partir de la prise en compte de cinq critères (dépendance physique, toxicité pour le système nerveux central, toxicité générale pour l'organisme et l'environnement social et économique) - conclu à la profonde neurotoxicité de l'alcool. Il lui rappelle également que, d'après les chiffres d'une étude menée par le professeur Got il y a quelques années, l'alcool est la cause de 30 % des accidents mortels sur les routes, de 20 % des accidents domestiques, de 15 % des accidents du travail et de 80 % des bagarres. Il lui rappelle enfin que le coût de l'alcool comprend : le coût pour l'industrie (absence pour cause de maladie, service d'aide à domicile, chômage, mort prématurée) ainsi que pour le service national de la santé (consultations, hôpitaux, recherche, intervention de la police, affaires judiciaires liées à la boisson...) D'après les différentes évaluations réalisées en Europe, le coût de l'alcoolisme représenterait 2 à 5 % du produit national brut selon les pays. Certains auteurs ont mis à ce sujet en évidence que lorsque la consommation nationale diminue, le nombre de certains problèmes sociaux diminue également : de 1979 à 1982 au Royaume-Uni, lorsque la consommation d'alcool pur par habitant tombe de 10,4 à 9,2 litres, on constate parallèlement une diminution de 11 % des condamnations pour ivresse, de 8 % des condamnations pour conduite en état d'ivresse, et un recul de 4 % des décès par cirrhose du foie. Il lui demande donc de lui indiquer le bilan de la lutte actuelle contre ce fléau menée par son ministère et quelles mesures il entend prendre pour en renforcer l'efficacité.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/10/1999

Réponse. - La lutte contre les méfaits de l'alcoolisme, tant au niveau sanitaire que social, est aujourd'hui clairement reconnue comme une priorité de la santé publique. Plusieurs rapports récents et les conclusions de la Conférence nationale de santé ont mis en avant le rôle de l'alcoolisme comme un facteur de risque important. De nombreuses conférences régionales de santé ont placé la lutte contre l'alcoolisation excessive comme priorité et des programmes régionaux de santé se sont mis en place dans une dizaine de régions sur le thème alcool. C'est dans ce contexte de prise de conscience des problèmes liés à l'alcoolisation excessive qu'un statut d'établissement médico-social a été donné aux centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie (devenus des centres de cure ambulatoire en alcoologie) et que le financement de leur activité de soin, de type médico-social, a été transféré à l'assurance maladie. La lutte contre l'alcoolisation excessive et la prise en charge des personnes en difficulté avec l'alcool repose nécessairement sur la participation non seulement des dispositifs spécialisés, centres de cure ambulatoire en alcoologie, comités départementaux de prévention de l'alcoolisme, unités d'alcoologie, centres de post-cure, équipes d'alcoologie de liaison hospitalière, mais aussi sur l'ensemble du dispositif général, sanitaire et social. La mise en place de réseaux à l'échelon régional et départemental est un des moyens d'améliorer la réponse aux besoins des personnes en difficulté. Cette politique de soutien et d'incitation aux réseaux alcoologiques fait l'objet de financements spécifiques depuis 1996. Enfin, au niveau de la prévention, à côté de l'intervention de l'Etat qui finance directement le dispositif des comités départementaux de prévention de l'alcoolisme, la CNAMTS par l'intermédiaire du FNPEIS, a augmenté les moyens consacrés aux campagnes nationales et aux actions de terrain.

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