Question de M. de BROISSIA Louis (Côte-d'Or - RPR) publiée le 19/11/1998

M. Louis de Broissia souhaite interroger M. le ministre de l'intérieur sur les méthodes utilisées pour les comptages dans les manifestations. Il lui apparaît qu'une distorsion de plus en plus forte existe entre les comptages dits " officiels ", et ceux des organisateurs de ces manifestations, qui peuvent en annoncer jusqu'à 20 fois plus ! Ayant vu par exemple à la télévision la manifestation organisée sur le plan national à Paris, samedi 7 novembre 1998, pour soutenir la famille et contre le pacte civil de solidarité (PACS), il aimerait que lui soit expliqué comment une distorsion peut exister entre 7 200 manifestants recensés par la police, (quelle précision !), et 130 000 annoncés par les organisateurs... La vision du reportage à la télévision laisse apercevoir, de toute façon, qu'il y en a à l'évidence plus de 7 200, et il aimerait que soit précisé d'une façon définitive les méthodes utilisées par le ministère de l'intérieur. Il entend savoir également, et c'est important, si le comptage est fait sur l'ensemble du cortège, ou simplement sur la manifestation finale qui, traditionnellement, ne réunit pas le même nombre de manifestants ?

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Réponse du ministère : Intérieur publiée le 28/01/1999

Réponse. - Afin de déterminer avec le maximum de fiabilité la participation aux manifestations de voie publique, la direction centrale des renseignements généraux a mis au point une procédure de comptage et des relevés techniques de parcours susceptibles d'être empruntés par les manifestants. Les défilés de plus de 1 000 personnes donnent lieu à un comptage systématique. Une ou plusieurs équipes, composées de deux ou quatre fonctionnaires, rompus à ce genre d'activité, sont mises en place sur des points du trajet jugés les plus judicieux (surplomb, rétrécissement de chaussée...) et procèdent au comptage du nombre de personnes composant chaque rang au moyen de compteurs manuels. Dans le souci d'assurer la fiabilité de l'opération et de permettre une transmission régulière des chiffres, une rotation est organisée au sein de chaque équipe, toutes les demi-heures. Pendant que deux fonctionnaires comptent séparément, les autres comparent leurs chiffres en communiquant avec le service. Il faut noter que la différence moyenne entre les différents points de comptage excède rarement 5 %. Une troisième équipe est également mise en place sur le trajet, avec pour mission d'effectuer une estimation de chaque groupe, en fonction de leur origine géographique et socioprofessionnelle. Cette méthode aboutit ainsi à un chiffre précis de participation. Par ailleurs, à la veille et à l'issue de la manifestation, un certain nombre d'éléments sont pris en compte, liés aux différentes artères empruntées le long du parcours (la longueur, la largeur moyenne, la surface ouverte, le taux moyen d'occupation au sol, la vitesse moyenne de déplacement, l'heure de départ et d'arrivée de la tête de cortège). Ce relevé permet d'obtenir une estimation qui complète les chiffres donnés par les équipes de comptage. D'autres données concrètes sont prises en compte : le nombre de places de trains réservées, le chiffre total de cars présents sur les lieux d'arrivée et de dispersion de la manifestation, les informations recueillies aux départs de banlieue et de province. S'agissant des manifestations sensibles et massives, une observation peut aussi être faite à partir d'hélicoptères. Cette vue permet d'apprécier le caractère compact ou non du défilé et de confirmer les évaluations faites au sol. On peut estimer que ces méthodes de travail, permettant de déterminer la participation, ont fait la preuve de leur fiabilité pour ce qui concerne les manifestations dites classiques, initiées, par exemple, par des organisations syndicales. Ces organisations font en outre appel à un service d'ordre avec lequel nos services sont le plus souvent en relation. Par contre, ces méthodes doivent être complétées par la prise en compte d'autres paramètres pour les manifestations ayant pour thème des faits de société, comme la manifestation contre le PACS du 7 novembre. En effet, dans cette hypothèse, les personnes répondant aux mots d'ordre proviennent d'horizons variés et sont moins sensibles aux consignes des organisateurs. Ainsi, de nombreuses personnes ne participent que partiellement à la démonstration, en se rendant directement sur le lieu de dispersion, afin d'apercevoir les personnalités qui se trouvent le plus souvent en tête de cortège ou entendre une prise de parole ; ou en ne s'immisçant pas au cortège proprement dit, si l'attente au point de rassemblement s'avère trop longue ; ou encore en s'intégrant ou en quittant le cortège sur le parcours, en fonction d'opportunités variées (station de métro, gares, grands axes, incidents...). Aussi les chiffres donnés par les fonctionnaires chargés du comptage sont-ils complétés par les observations faites sur les flux et reflux des manifestants, par les fonctionnaires présents aux points de rassemblement et de dispersion, et sur les flancs du cortège. Si le chiffre officiel est dans tous les cas contesté - et c'est une " tradition " -, il permet cependant de donner l'image la plus fidèle possible de la réalité.

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