Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 10/06/1999

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur la nécessité d'organiser le dépistage systématique du cancer du côlon. Elle lui fait remarquer que ce cancer est le deuxième en France par sa fréquence. 6 % des Français en seront atteints dans leur existence. Elle lui fait remarquer également qu'il se soigne avec de réelles chances de guérison par chimiothérapie ou par chirurgie, à condition d'être détecté à temps. Elle lui rappelle, enfin, que l'existence et la pratique d'un test, très facile d'usage, baptisé Hémocult, a permis de réduire de 30 % à 15 % la mortalité due à ce cancer. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures envisagées afin de promouvoir gratuitement le dépistage systématique du cancer du côlon, à compter de quarante-cinq ans, par le test Hémocult.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/10/1999

Réponse. - D'après les travaux des registres de cancer, on estime que 33 000 nouveaux cas de cancer du colon et du rectum sont survenus en 1995, alors qu'en 1975 l'incidence annuelle était à peine de 25 000. Pendant ce même temps, la mortalité attribuable au cancer colo-rectal est restée stable aux alentours de 15 000 décès, le taux de décès pour 100 000 habitants ayant légèrement diminué. Ces chiffres tendent à indiquer que la létalité due au cancer colorectal a baissé. Ces résultats peuvent s'expliquer par l'amélioration de la prise en charge et des traitements plus efficaces, et par un diagnostic plus précoce qui permet d'intervenir à un stade où les chances de survie sont beaucoup plus importantes. Les cas survenant dans un contexte familial de risque très élevé ou élevé représentent environ 5 % des cas. Les personnes présentant de tels risques doivent pouvoir bénéficier d'une surveillance adaptée à leur niveau de risque. La conférence de consensus sur le cancer du colon, qui a eu lieu en janvier 1998, a fait le constat qu'une réduction de 15 % à 18 % de la mortalité due au cancer colo-rectal était possible dans le cadre d'un programme de dépistage basé sur la recherche du sang dans les selles répétée tous les deux ans et suivi de coloscopie en cas de positivité. Ce constat se base sur les résultats de deux études randomisées réalisées dans la population générale en Angleterre et au Danemark. Les résultats de l'étude française marquent une réduction de mortalité de 14 %. Pour obtenir ces résultats, le dépistage du cancer colo-rectal par recherche de sang dans les selles doit être réalisé dans le cadre d'un programme où la qualité technique des examens s'associe à la rigueur et à l'organisation à toutes les étapes du programmes ; la participation de la population concernée doit être élevée et maintenue pendant toute la durée du programme, ainsi que l'implication des médecins traitants. Le public doit être informé des effets bénéfiques et des inconvénients potentiels du dépistage. Quand l'examen est positif, il faut pratiquer une colonoscopie, examen qui n'est pas dénué de risques même réalisée par des opérateurs performants ; ces résultats peuvent être également sources d'anxiété importante pour les personnes considérées à tort comme positives. Les dispositions adoptées dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 permettent de définir un cadre pour la politique de dépistage des maladies aux conséquences mortelles évitables et en premier lieu de certains cancers. L'assurance de qualité de toute la chaîne de dépistage est une partie importante qui concerne toutes les étapes du programme aussi bien la formation des professionnels que la mise en place de protocoles de contrôle de qualité des examens de dépistage ainsi que les procédures diagnostiques et thérapeutiques. Ces principes sont applicables pour le dépistage du cancer du sein du col de l'utérus et du colon. Mes services travaillent avec les professionnels à la mise en place de ces dispositifs avant toute généralisation du dépistage des cancers suivant les critères préconisés par les cahiers des charges.

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