Question de M. SOUVET Louis (Doubs - RPR) publiée le 13/01/2000

M. Louis Souvet attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les avantages des futaies irrégulières et variées lors des tempêtes. Il demande si les pouvoirs publics, face à l'ampleur des dégâts et à leurs conséquences économiques à long terme, notamment pour les communes forestières, vont procéder à une évaluation globale des avantages respectifs des futaies homogènes denses et des futaies irrégulières, évaluation devant porter nécessairement sur la stabilité des sujets.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 16/03/2000

Réponse. - La gestion des forêts en zone tempérée est fondée sur l'analyse préalable de différents critères caractéristiques du milieu où elles se développent (sol, climat, relief), des essences forestières en place, et en fonction des objectifs définis à partir de la demande sociale, selon l'importance relative attribuée aux trois rôles essentiels de la forêt : la production de bois, l'accueil du public et dans tous les cas la protection des habitats, des espèces et de l'environnement. Le régime de la futaie perpétue les peuplements forestiers par leur régénération naturelle ou artificielle à partir de graines ou de plants, c'est-à-dire sexuée. La futaie régulière est traitée ou aménagée afin que les interventions sylvicoles de coupes et de travaux tendent à installer des peuplements d'âges sensiblement égaux dans une même unité de gestion (parcelle ou sous-parcelle), une graduation des âges étant recherchée en général entre les différentes unités de gestion du massif forestier. La futaie régulière n'est pas nécessairement monospécifique ; elle est, le plus souvent, composée d'essences en mélange, feuillues et/ou résineuses selon les conditions écologiques du milieu. La futaie irrégulière est différente car elle ne privilégie pas un ordonnancement des arbres dans l'espace et dans le temps par catégorie d'âge ou de diamètre. L'unité de gestion est constituée d'un ensemble d'arbres d'âges différents, mélangés pieds par pieds dans le cas de la futaie jardinée ou par lots (parquets, bouquets) dans les autres cas. Les peuplements ainsi traités permettent d'assurer la permanence du couvert des sols sensibles à l'érosion, quel qu'en soit l'agent (eau sous ses différentes formes, vent...), particulièrement dans les zones littorales, pentues de montagne ou sur les crêtes très exposées. La futaie irrégulière peut être choisie ou constatée dans les stations où les régénérations naturelles sont longues, difficiles à obtenir et à préserver. Enfin la permanence de certains paysages aux abords de sites remarquables ou dans des zones de villégiature peut faire préférer la futaie irrégulière sans nuire à la diversité de la production de bois et à l'accueil du public, au prix d'une gestion par bouquets plus ou moins étendus exigeant des interventions fréquentes et quelquefois onéreuses. La futaie régulière a aussi des atouts sérieux qui concourent également à la beauté des sites particulièrement recherchés par les promeneurs. La production de bois de qualité grâce à l'élagage naturel, donc sans débours pour le propriétaire, offre des économies d'échelles au niveau des travaux des exploitations et des contrôles. L'alternance entre les phases d'éclairement et de protection du sol apporte aussi un renouvellement de la biodiversité, que le sylviculteur s'applique de plus en plus à prendre en compte pour créer des futaies mélangées. Les dommages subis par les forêts en décembre 1999, comme ceux constatés en Bretagne ou dans le Massif central naguère, ont révélé d'emblée les limites de chacune des formes de futaies. Au-delà d'un certain seuil, le vent détruit sans distinction de nature les futaies et les taillis (forme asexuée de la reproduction de la forêt). La répartition des dégâts est davantage fonction de l'âge des arbres et de leur état sanitaire, conséquences directes de la qualité et de la continuité de leur sylviculture. Plus la forêt est dense en gros arbres et en arbres âgés, plus elle semble vulnérable, toutes choses égales par ailleurs. De la même façon, il est avéré qu'en période d'hiver les feuillus, pourtant dépourvus de feuilles, sont tout aussi vulnérables que les conifères dans de nombreux cas. Le champ d'étude et d'expérimentation est donc encore plus largement ouvert que par le passé. Les dommages subis par les forêts en décembre 1999 seront pour les sylviculteurs et les aménagistes un élément important pour affiner leurs choix de gestion futurs. Toutefois les tempêtes ne sauraient pas constituer le seul critère à prendre en considération pour assurer la gestion durable et multifonctionnelle des forêts à laquelle notre pays souscrit. Celle-ci est à la base des orientations régionales forestières approuvées par le ministre en charge des forêts. Elle est également à la base des orientations locales d'aménagement applicables aux forêts des communes forestières gérées par l'Office national des forêts conformément à la loi.

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