Question de M. CHABROUX Gilbert (Rhône - SOC) publiée le 02/03/2000

M. Gilbert Chabroux attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l'expérimentation animale. En effet, force est de constater que l'expérimentation animale pose le problème de l'extrapolation à l'être humain des résultats issus de tests effectués sur des animaux. En effet, en considérant l'espérance de vie de ces derniers, il paraît peu probable, voire impossible, que les effets et incidences s'inscrivant sur le long terme puissent être décelés. Cette dimension est d'autant plus importante si l'on considére les précédents en matière de toxicité et de manifestation délétère. En conséquence, il lui demande quelles mesures pourraient être adoptées par le Gouvernement pour que des solutions alternatives à l'expérimentation animale puissent être développées.

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Transmise au ministère : Recherche


Réponse du ministère : Recherche publiée le 18/05/2000

Réponse. - L'expérimentation animale s'effectue essentiellement sur des mammifères qui représentent des modèles intégrés, complets et vivants, dont la biologie est proche de celle de l'homme. S'il existe des différences certaines dans les mécanismes physiologiques chez les espèces utilisées, il existe également de nombreuses similitudes. La connaissance de ces différences et de ces similitudes permet au chercheur de choisir le modèle animal le plus adapté à l'étude entreprise. S'agissant plus précisément du problème de l'espérance de vie, il est clair que la longévité humaine qui peut atteindre cent vingt ans est sans rapport avec celle d'une souris (trois ans) ou d'un rat (quatre ans). Cette simple constatation souligne l'intérêt pour la recherche de disposer d'un animal, mammifère comme l'homme, mais dont la durée de vie, courte, est compatible avec l'observation humaine. Le chercheur est ainsi à même d'étudier un " raccourci " de vie humaine dans un délai raisonnable, sur un grand nombre de sujets, ce qui permet des études statistiques. Certes, il n'existe pas de " modèle animal idéal ", aux réactions fidèlement superposables à celles de l'espèce humaine. Par conséquent, l'expérimentation animale ne peut prétendre à une certitude absolue, mais elle donne aux chercheurs suffisamment d'informations pour leur permettre d'extrapoler à l'homme, avec une probabilité de réussite et une sécurité suffisante, les résultats expérimentaux obtenus sur l'animal. Les méthodes in vitro dites " alternatives ", sont fondées sur l'étude de tissus, d'organes ou de cellules maintenus en survie, en dehors de l'organisme d'origine, dans un liquide nutritif complexe. Elles ont depuis longtemps démontré leur importance dans la plupart des activités de la recherche biologique et médicale. De nombreux travaux sont réalisés pour développer et mettre au point de nouvelles approches in vitro, notamment pour la réalisation de tests toxicologiques, entraînant une diminution conséquente de l'expérimentation animale. Il n'en demeure pas moins que, dans l'état actuel de nos connaissances, les méthodes alternatives ne peuvent se substituer à l'animal lorsque les études portent sur les réactions d'un organisme entier, dans la mesure où les organismes supérieurs possèdent des mécanismes de régulation et d'interaction (nerveux, cardiovasculaires, endocriniens, métaboliques) entre cellules et organes, multiples et complexes, qu'il est impossible de reproduire dans des systèmes in vitro. C'est la raison pour laquelle l'expérimentation animale ne peut être pour l'instant totalement exclue.

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