Question de M. BIARNÈS Pierre (Français établis hors de France - SOC) publiée le 11/01/2001

M. Pierre Biarnès appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur une information qui a été donnée à des agents du Quai d'Orsay lors d'un comité technique paritaire, selon laquelle serait rendue obligatoire l'épreuve de langue allemande pour tous les concours de catégorie A de ce ministère. Trois concours de catégorie A existent actuellement : conseiller des affaires étrangères, secrétaire des affaires étrangères cadre d'Orient et secrétaire des affaires étrangères cadre général : la langue allemande peut être choisie à chacun de ces trois concours, et ce conjointement à une langue orientale - pour les concours de conseiller des affaires étrangères et de secrétaire des affaires étrangères cadre d'Orient - ou à une langue européenne - pour le concours de secrétaire des affaires étrangères cadre général. Privilégier ainsi uniquement la langue allemande conduirait sans aucun doute à se priver de candidats russophones, hispanophones, sinophones, arabisants ou autres qui constituent pourtant un atout de grande qualité pour le département. Cela marquerait, en outre, un désintérêt manifeste vis-à-vis de nos autres partenaires européens. Ne conviendrait-t-il pas, s'il s'agit de favoriser la langue allemande, d'envisager d'autres solutions que de l'imposer brutalement à tous les concours donnant accès à la carrière diplomatique ?

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 01/03/2001

Réponse. - La réforme présentée lors du comité technique paritaire de décembre 2000 consiste à ajouter un oral de troisième langue vivante, à faible coefficient (1 ou 2) et sans note éliminatoire, aux épreuves d'admission des concours de catégorie A du ministère des affaires étrangères (conseiller du cadre d'Orient, secrétaire du cadre d'Orient et secrétaire du cadre général). Ces concours comportent actuellement deux épreuves de langue, langue orientale et anglais pour le cadre d'Orient, anglais et langue au choix pour le concours de secrétaire du cadre général. Deux des trois langues présentées aux concours devront être, obligatoirement, l'anglais et l'allemand. Cette réforme, combinée à un effort de formation approprié, contribuera, en pratique mais pas exclusivement, à renforcer la connaissance de la langue allemande par les lauréats des concours du ministère des affaires étrangères. Elle ne conduira nullement à écarter des concours les locuteurs d'autres langues, notamment celles des sections des deux concours d'orient. L'épreuve orale de troisième langue, compte tenu de l'absence de note éliminatoire et du faible coefficient (1 ou 2), ne jouera qu'un rôle marginal dans le classement des candidats. Les critères de sélection pour les concours d'Orient demeureront la maîtrise de la langue et de la civilisation de la zone correspondant à la section choisie (coefficient global de 20 sur un total de 49 pour le concours de conseiller d'Orient et de 22 sur 46 pour celui de secrétaire d'Orient, épreuves d'admissibilité et d'admission confondues), ainsi que de solides connaissances générales dans les domaines de l'économie, des questions internationales, des sciences politiques et de l'administration publique. S'agissant du concours de secrétaire du cadre général, la somme des coefficients des deux premières langues s'élève à 5. La seule épreuve de questions internationales, à l'écrit, est dotée d'un c fficient de 7. L'introduction d'une troisième épreuve de langue ne profitera pas exclusivement à l'allemand et ne marque, ni par ses intentions ni par ses effets, un quelconque désintérêt à l'égard des autres partenaires européens. Les candidats de la section d'Europe centrale (germanistes) du concours d'Orient seront en effet eux aussi amenés à présenter une troisième langue, de même que ceux du concours de secrétaire du cadre général qui auront choisi l'allemand à l'écrit. Un large choix sera proposé aux candidats dans cette situation, comprenant aussi bien les langues de l'Union européenne que celles des autres principaux partenaires. A terme, la norme qui devrait progressivement prévaloir, du fait de la réforme des concours et de l'effort de formation, sera la connaissance de trois langues par les agents du ministère des affaires étrangères. Elle n'est pas différente de celles d'autres grands services diplomatiques, tels que ceux du ministère des affaires étrangères allemand. La place particulière réservée à l'allemand correspond à la mission spécifique des agents diplomatiques et consulaires français, tous recrutements confondus, d'animation de la concertation franco-allemande dans les pays tiers. Un niveau suffisant de connaissance de la langue allemande, permettant des échanges oraux et la compréhension passive des documents écrits, est indispensable à cette fin. L'introduction de l'épreuve de troisième langue sera de nature à mieux faire comprendre cet objectif aux lauréats des concours et faciliter, par là même, l'indispensable effort de formation initiale des agents débutants. D'une manière générale, le ministère des affaires étrangères considère que la connaissance des langues des principaux partenaires, tout particulièrement de l'Allemagne, constitue un signal d'intérêt et de respect de leurs identités et de leurs cultures auxquels ils devraient être sensibles. Elle contribue, en cela, à l'objectif de défense du statut international de la langue française. La réforme ne sera mise en uvre qu'à partir de 2002, afin de permettre la plus large information possible des candidats potentiels et des institutions de formation.

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