Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 10/05/2001

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la situation d'Air Afrique, actuellement en grande difficulté, raison de son endettement élevé. Il souhaiterait connaître la position adoptée par Air France, qui a toujours eu une fonction d'actionnaire historique, et par son ministère de tutelle face à ce problème de l'avenir du transport aérien en Afrique.

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Réponse du ministère : Équipement publiée le 26/07/2001

La compagnie Air Afrique connaît actuellement de très grande difficultés, en raison notamment de pertes d'exploitation et d'un endettement élevé. Les autorités françaises, de même que les responsables de la compagnie Air France, actionnaire historique de la compagnie, sont préoccupés par cette situation et en suivent avec attention les développements. Dès juillet 2000, Air France avait proposé pour Air Afrique un plan d'entreprise qui n'a été que très partiellement mis en oeuvre. Au cours des derniers mois de l'année 2000, les membres du conseil d'administration de la compagnie ont décidé de prendre l'attache de la Banque mondiale. Air France, respectant le choix des Etats membres, ne s'est pas opposée à cette démarche. Un programme de restructuration et de privatisation a été défini avec l'appui de la Banque. Ce programme devait être mis en oeuvre par la firme américaine de consultant aéronautique SH & E, en collaboration avec la Banque mondiale, et avec l'appui de tous les actionnaires de la compagnie, y compris Air France. La Banque mondiale qui assurait depuis un certain temps que des changements majeurs étaient nécessaires au fonctionnement d'Air Afrique, a accepté de financer une assistance technique pour la restructuration et la privatisation de la compagnie. En janvier dernier, M. Jeffrey Erickson de la firme SH & E a été nommé administrateur intérimaire. Une des premières mesures prises par la nouvelle équipe de direction a été la mise à pied de l'ensemble de la direction précédente et la mise au chômage technique de 2 000 personnes. Les autres priorités indiquées étaient la construction d'un " plan d'activités ", l'amélioration de la ponctualité des vols, la reconquête de la confiance des clients, des employés et des fournisseurs de l'entreprise. Le " plan d'activités " prévoit le maintien, dans la flotte de la compagnie, de deux avions moyens porteurs (de type B.737) et de six gros porteurs Airbus. Le 19 mars 2001, les actionnaires ont été sollicités par le président du comité interministériel de crise et par le président du conseil d'administration d'Air Afrique en " raison du péril imminent de cessation d'activité " pour verser ou garantir à la compagnie une somme à hauteur de 2 millions de dollars chacun. Pour sa part, Air France est tout à fait consciente du caractère aigu de la crise de trésorerie que traverse Air Afrique et du risque très réel de cessation d'activité qu'elle encourt à tout instant. par ailleurs, elle a toujours souligné à quel point elle était désireuse de voir Air Afrique se redresser et devenir, si les Etats signataires du traité de Yaoundé ainsi que les autres actionnaires en sont d'accord, un partenaire stratégique d'Air France. C'est à ce titre qu'elle s'est déclarée prête à faire son devoir d'actionnaire et à apporter les 2 millions de dollars en numéraire dès que trois des Etats actionnaires, particulièrement ceux dans lesquels sont installées les bases principales d'exploitation d'Air Afrique, auront eux aussi apporté leur quote-part ou garantie. En effet, Air France veut avoir la garantie que la volonté d'aider Air Afrique à se réorganiser et à se redresser est partagée par l'ensemble des Etats actionnaires, et qu'un nombre significatif d'entre eux est effectivement disposé à faire immédiatement les efforts financiers nécessaires en procédant aux apports ou garanties appelés. De plus, Air France souhaite que son apport, comme celui des autres actionnaires, soit intégré sous forme d'augmentation de capital, dans le cadre d'un plan global conduisant à la privatisation d'Air Afrique, dont le principe a d'ailleurs déjà été agréé par les chefs d'Etats signataires du traité de Yaoundé et membres d'Air Afrique. La mise en oeuvre d'un tel plan apparaît, à Air France, seule de nature à traiter du problème de fond de la dette de la compagnie multinationale. Faute d'un tel plan, une recapitalisation apparaît sans réelle utilité. Les souhaits et les propositions d'Air France ont été communiqués à M. Kabran Appia, ministre des transports de Côte d'Ivoire et président du comité interministériel de crise et à M. Moussa Moustapha Terap, ministre des transports du Tchad et président du conseil d'administration d'Air Afrique.

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