Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 24/05/2001

M. Rodolphe Désiré souhaite faire part à M. le secrétaire d'Etat à l'outre-mer de ses préoccupations concernant la crise que connaît le secteur du tourisme martiniquais. Il a noté avec intérêt la rencontre, le 2 mai dernier, entre le ministre de l'équipement, des transports et du logement, le secrétaire d'Etat au tourisme et le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, où a été évoquée la question de la desserte aérienne des DOM. Toutefois, il pense que la crise actuelle n'est pas conjoncturelle mais structurelle et qu'elle est la résultante de multiple facteurs. Tout d'abord, la Martinique souffre, depuis 1998, d'un arrêt des investissements touristiques privés, consécutif à la mise en cause de la loi de défiscalisation de 1986 (nº 86-824 du 11 juillet 1986), sans qu'aucune autre source de financement n'ait été envisagée. Une illustration de cette carence en investissement nous est donnée par le parc hôtelier martiniquais, encore largement insuffisant que ce soit quantitativement (on compte environ 5 000 chambres dans la grande, moyenne et petite hôtellerie) ou qualitativement (déficit en hôtels haut de gamme). Aussi, la concurrence des autres îles de la Caraïbe (Cuba, Saint-Domingue...) ne cesse de croître depuis le début des années quatre-vingt-dix sans que rien de significatif n'ait été fait pour la contrer. Cela est d'autant plus préjudiciable que ces îles ont procédé au développement intensif de leur capacité d'accueil et à une conquête du marché européen, en particulier français. Or, la métropole a toujours été le gisement naturel de clientèle touristique de la Martinique. S'agissant de la desserte aérienne, nous nous trouvons aujourd'hui dans une conjoncture totalement différente de celle des années 80-90. A cette époque, la libéralisation des transports français vers les Antilles avait institué une concurrence souvent féroce entraînant une baisse des tarifs allant jusqu'au " dumping ". Actuellement, la compagnie nationale se trouve dans une situation de concurrence fortement préjudiciable aux usagers (touristes, socio-professionnels, utilisateurs du fret...) à destination des départements d'outre-mer. Enfin, le tourisme martiniquais a souffert de la non-application du schéma de développement et d'aménagement touristique (SDAT) prescrit par la loi de 1992 (nº 92-1341 du 23 décembre 1992). Véritable processus de dynamisation, fruit d'un long travail collectif impliquant l'ensemble des acteurs du secteur, le SDAT pointait les réelles potentialités touristiques de la Martinique. Pourtant adopté en juin-juillet 1999 par les deux assemblées territoriales à l'unanimité moins une voix, ce dernier n'a malheureusement pas vu la moindre de ses propositions s'appliquer jusqu'à ce jour. Cela est d'autant plus dommageable que le SDAT préconisait, entre autres, la sensibilisation de la population à l'importance du secteur touristique dans le développement de l'économie locale ainsi qu'une vigoureuse politique de promotion de notre île. Aujourd'hui, le tourisme, qui est un secteur d'exporation moderne de services, ne doit plus être traité comme une simple " économie de cueillette ", autrement dit comme un secteur subsidiaire de l'économie martiniquaise. Le retour à la confiance (des clients et des opérateurs) ainsi que le développement d'un tourisme durable ne s'obtiendront que si des problématiques aussi cruciales que l'amélioration de la desserte, la création de nouveaux " produits ", la relance de l'investissement ou le renforcement du professionnalisme des opérateurs, font l'objet d'un traitement privilégiant une vision à long terme. C'est pourquoi il lui demande s'il ne croit pas nécessaire, comme il l'avait déjà suggéré il y a quelques années, de reposer à la base, avec tous les acteurs concernés (pouvoirs publics, socio-professionnels, responsables politiques...), le problème d'une relance globale du tourisme dans les départements français d'Amérique.

- page 1745


La question est caduque

Page mise à jour le