Question de M. BERNADAUX Jean (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 14/06/2001

M. Jean Bernadaux attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les profondes inquiétudes exprimées par les agriculteurs meurthe-et-mosellans quant à la disparition d'un plan oléagineux séparé du plan des céréales, tel qu'il est envisagé par la réforme agricole européenne. Les conséquences peuvent s'avérer en effet particulièrement lourdes pour les régions à faible potentiel en céréales mais davantage tournées vers les productions oléagineuses comme la Meurthe-et-Moselle. Ainsi, l'alignement pur et simple du paiement à l'hectare des oléagineux sur le prix des céréales se traduirait concrètement par une baisse de 1 400 francs pour chaque hectare soit une perte sèche par rapport à 1999 de 5,28 millions à l'échelle départementale. Toutefois, dans le cadre du nouveau plan qui doit être présenté à la Commission européenne pour le 30 juin prochain au plus tard, le Gouvernement peut proposer un projet alternatif corrigeant les graves déséquilibres constatés à l'encontre des zones dites intermédiaires. Il lui demande dès lors s'il entend procéder à des aménagements susceptibles de compenser cette dépréciation sensible en soumettant l'adoption de mesures équitables sur l'ensemble du territoire.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 23/08/2001

L'accord de Berlin sur l'agenda 2000 conclu en mars 1999 a eu effectivement pour conséquence une baisse significative du niveau d'aide accordé aux oléagineux avec son alignement sur les aides accordées aux céréales et la suppression du mécanisme de " filet de sécurité " permettant d'accroître l'aide en cas de baisse des cours. La France, bien que relativement isolée au niveau communautaire dans sa volonté de préserver un soutien adapté à cette production, a néanmoins pu obtenir un étalement de la baisse des primes sur trois années, et l'introduction d'une clause de rendez-vous en 2002 sur ce secteur. La Commission devra établir un rapport sur l'évolution du marché des oléagineux suite à la réforme, assorti de propositions appropriées si le potentiel de production communautaire devait se détériorer. Le plan de régionalisation définit sur l'ensemble du territoire national les rendement a utilisés pour calculer à partir du montant unitaire des aides fixé à la tonne par agenda 2000, le montant des aides à l'hectare accordées aux céréales, oléagineux et protéagineux. Jusqu'à présent, les rendements utilisés pour les oléagineux étaient différents des rendements utilisés pour les céréales et les protéagineux : pour les oléagineux, on ne distinguait que deux zones de rendements pour le calcul du rendement de référence, tandis que pour les céréales, les rendements sont fixés au niveau départemental, avec éventuellement une distinction entre irrigué et sec, voire maïs et autres céréales. Cette possibilité, demeurée ouverte tant que le montant unitaire des aides aux oléagineux était différent de celui des aides aux céréales, disparaît avec l'égalisation des aides aux oléagineux et aux céréales prévue à partir de 2002. En effet, la poursuite du double plan reviendrait à maintenir une aide différenciée, ce qui est contraire à l'objectif de " découplage " affiché par agenda 2000. Dans ce contexte, la prolongation du double plan pour une année supplémentaire n'est pas négociable. Cette situation va accroître encore dans certaines régions la baisse de soutien accordée aux oléagineux mais dans des niveaux significativement moindres que la baisse de l'aide résultant directement de l'agenda 2000. C'est éventuellement par une redéfinition du plan de régionalisation français relatif à l'ensemble des céréales, oléagineux et protéagineux qu'il pourrait être envisagé de répondre aux difficultés spécifiques de certaines régions, notamment pour ce qui concerne les oléagineux. Mais une telle démarche, qui modifierait l'ensemble des soutiens aux grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux) suppose au préalable un accord de l'ensemble des associations spécialisées concernées, ce qui n'a pas pu être obtenu jusqu'à présent. Le ministre a donc décidé de ne pas modifier le plan de régionalisation applicable en 2002. Compte tenu des marges de manoeuvre limitées au niveau national, c'est d'abord au niveau communautaire qu'un dispositif de soutien approprié doit être mis en place permettant de garantir la pérennité de ces productions.

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