Question de Mme BORVO COHEN-SEAT Nicole (Paris - CRC) publiée le 25/07/2002

Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme la ministre déléguée à l'industrie sur la situation des salariées de Cerruti et sur la situation de la haute couture en général. La holding italienne FIN-PART, dont le sérieux en matière de mode est mis en cause notamment par les employées, a repris depuis 2001 le capital de Cerruti. Elle a l'intention de délocaliser vers Milan toute l'activité création, stylisme et communication de l'entreprise. A cette fin, la holding a procédé à des licenciements. Les propositions de reclassement sont scandaleusement en dessous des compétences de ces " petites mains ". On ne peut admettre que la haute couture, partie intégrante de notre culture et de la réputation de Paris, capitale de la mode, soit sacrifiée sur l'autel de la productivité et de la rentabilité, des financiers et des banques qui tentent depuis les années quatre-vingt de prendre le contrôle de celle-ci. Le rôle du ministère de la culture est d'affirmer la dimension culturelle de la mode en tant que patrimoine vivant qu'il convient d'enrichir et, dans une conjoncture difficile, de sauvegarder. Elle lui demande par conséquent ce que le ministère compte faire pour maintenir les emplois chez Cerruti et relancer une véritable politique de l'apprentissage dans l'entreprise et la haute couture en général, seule garantie d'assurer l'avenir de cette branche prestigieuse.

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Réponse du Ministère délégué à l'industrie publiée le 16/01/2003

La situation de l'entreprise Cerruti est suivie avec la plus grande attention par le ministère délégué à l'industrie car le devenir des maisons de création et de haute couture en France est essentiel si nous désirons maintenir à Paris son statut de capitale de la mode. Les actionnaires italiens de Cerruti ont en effet décidé de recentrer en Italie une partie des activités de la société tout en indiquant qu'ils désiraient maintenir en France un pôle image et marketing. Ces décisions, qui dépendent des dirigeants, se traduisent malheureusement par des licenciements en France. S'agissant de la haute couture en France (dont ne fait pas partie Cerruti, qui est une maison de création), ces maisons doivent, pour bénéficier de cette appellation donnée par décision du ministre chargé de l'industrie sur proposition d'une commission de classement, remplir certains critères définis par le règlement intérieur de cette commission. Le nombre de maisons classées, qui était de vingt en 1990, est actuellement de onze. En 2001, une modification de ce règlement a eu lieu pour rendre ce titre plus accessible et maintenir ainsi cette spécificité de la mode française et son acquis médiatique, qui représente un capital extrêmement important. L'enjeu est de renouveler le groupe des couturiers par adjonction des meilleurs créateurs. A ce titre, la création reste un atout fondamental pour la France. S'agissant de la formation, les moyens qui permettraient de maintenir un savoir-faire sont en cours d'étude, en liaison avec les professions. Les organisations professionnelles de la couture, de l'habillement et du textile ont, en 1999, souhaité élaborer une stratégie de développement des compétences au sein de l'entreprise dans le cadre du projet dénommé " année des compétences " qui a fait l'objet d'un rapport d'étape à la suite duquel des actions concrètes devraient déboucher dans les prochains mois. Pour rester compétitif, le secteur de l'habillement, largement ouvert à la concurrence internationale, doit s'appuyer sur les points forts reconnus à la France, c'est-à-dire l'image de marque, la créativité, la qualité et l'innovation. Les pouvoirs publics s'appliqueront à renforcer l'action économique en faveur de la création en aidant de jeunes talents grâce notamment au soutien du Comité de développement et de promotion du textile et de l'habillement (DEFI), organisme qui gère la taxe parafiscale habillement. Par ailleurs, le ministère délégué à l'industrie favorise le soutien à la création et à l'innovation par des mesures incitatives et par le cofinancement de projets collectifs d'innovation dont l'un concerne spécifiquement les industries de biens de consommation.

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