Question de M. DOMEIZEL Claude (Alpes de Haute-Provence - SOC) publiée le 15/11/2002

M. Claude Domeizel attire l'attention de Mme la ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies au sujet de l'activité de l'observatoire de Saint-Michel. Il souligne la place tenue par cet établissement dans les Alpes-de-Haute-Provence et la collaboration étroite qui s'est instaurée entre la commune de Saint-Michel et le conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, lesquels sont à l'origine de la création récente du centre d'astronomie chargé de développer la culture scientifique auprès du grand public. Il n'est plus utile de rappeler la contribution de cet observatoire à la découverte et à la recherche scientifique. Pour mémoire, c'est à l'observatoire de haute Provence qu'a été découverte en 1995 la première planète en orbite autour d'une étoile autre que le soleil. L'installation future programmée de moyens technologiques tels que le spectrographe Sophie ou le télescope automatique ARAGO sont des gages du maintien de la place occupée par l'observatoire au niveau international. Cependant, a contrario de ces perspectives scientifiques d'avenir, se profilent des craintes d'ordre matériel. La baisse constante des effectifs (ingénieurs, techniciens, administratifs), ainsi que l'histogramme des âges, particulièrement pénalisant pour la structure, ne permettront plus à l'observatoire de répondre à la demande des chercheurs venus du monde entier si le renouvellement des effectifs n'est pas assuré. Aussi, il souhaiterait connaître les programmations budgétaires réservées au CNRS en général, et à la recherche astronomique en particulier, afin que l'un des premiers observatoires du monde puisse disposer de moyens humains et matériels suffisants pour lui permettre d'affronter la compétition internationale et garder la place qu'il y occupe actuellement.

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Réponse du Ministre délégué à la recherche et aux nouvelles technologies publiée le 15/01/2003

Réponse apportée en séance publique le 14/01/2003

M. Claude Domeizel. Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'activité de l'observatoire de Saint-Michel.
Je tiens à souligner la grande place tenue par cet établissement dans les Alpes-de-Haute-Provence, et la collaboration étroite qui s'est instaurée entre la commune de Saint-Michel-l'Observatoire et le conseil général des Alpes-de-Hautes-Provence, lesquels sont à l'origine de la création récente du centre d'astronomie chargé de développer la culture scientifique auprès du grand public.
Mais il est surtout utile, madame la ministre, de rappeler la contribution de cet observatoire au profit de la découverte et de la recherche scientifique. Pour mémoire, c'est à l'observatoire de Haute-Provence, l'OHP, qu'a été découverte en 1995 la première planète en orbite autour d'une étoile autre que le soleil.
L'installation programmée de moyens technologiques, tels que le spectrographe SOPHIE ou le télescope automatique ARAGO, sont des gages de la place occupée par l'observatoire au niveau international.
A contrario de ces perspectives scientifiques d'avenir se profilent toutefois des craintes d'ordre humain et matériel. La baisse constante des effectifs - ingénieurs, techniciens, administratifs, ainsi que l'histogramme des âges particulièrement pénalisant pour la structure, ne permettront plus à l'observatoire de répondre à la demande des chercheurs venus du monde entier si le renouvellement des effectifs n'est pas assuré.
Aussi souhaiterais-je connaître les programmations budgétaires réservées au Centre national de la recherche scientifique, le CNRS, en général, et à la recherche astronomique en particulier, afin que l'un des premiers observatoires du monde puisse disposer de moyens humains et matériels suffisants pour lui permettre d'affronter la compétition internationale et garder la place qu'il y occupe actuellement.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies. Monsieur le sénateur, j'ai eu le grand plaisir, voilà quelques mois, de visiter l'observatoire de Haute-Provence en votre compagnie et celle de M. Sivan, qui m'en a présenté les différents éléments et qui m'a bien évidemment rappelé le rôle très important que ce laboratoire a joué, depuis sa création, dans le développement de l'astronomie française.
L'OHP compte quatre télescopes principaux, dont celui de 193 centimètres, qui a permis, vous l'avez rappelé, la découverte en 1995 de la première planète dite extrasolaire. Sur la centaine de découvertes qui ont été faites, dix-neuf sont liées à l'observation effectuée dans cet observatoire.
Outre cette activité, on connaît la performance de l'activité de recherche et de développement instrumental et son exceptionnelle qualité pour certaines installations de l'observatoire européen installé au Chili. Cette activité est une force importante de l'OHP.
L'OHP est aussi un grand site d'observation géophysique et un lieu de formation pour les jeunes étudiants en doctorat.
L'OHP permet donc une multiplicité de réalisations.
S'agissant des moyens liés à ces activités, permettez-moi tout d'abord de vous rappeler, monsieur le sénateur, qu'il n'y a pas de programmation pluriannuelle au CNRS. C'est votre assemblée qui, chaque année, vote les budgets correspondant aux programmations proposées. Il est particulièrement important d'attirer l'attention sur cet aspect si nous voulons réaliser des programmes ambitieux.
Mais, plus qu'à la croissance des budgets, c'est plutôt à une utilisation optimale des ressources que nous devons veiller pour que ces laboratoires, ces observatoires astronomiques soient en mesure de mener à bien des projets ambitieux et encore plus importants que par le passé.
Bien sûr, la question des ressources humaines et des personnels mis à disposition est tout à fait importante pour maintenir la compétence. Il y a actuellement à l'OHP cinq chercheurs et soixante ingénieurs, techniciens, administratifs, les ITA. Mais une vingtaine de départs en retraite sont prévus d'ici à la fin de l'année 2006.
Nous avons analysé très précisément la situation en tenant compte des projets scientifiques et techniques qui ont été présentés par le laboratoire, de l'évaluation faite conjointement par le CNRS et le ministère pour les prochaines années, ainsi que des évolutions instrumentales qu'il faut prendre en compte, enregistrées ou prévisibles dans le plan d'action.
Il ne sera pas nécessaire, nous semble-t-il, de remplacer nombre à nombre chacun des départs mais, en tout cas, nous veillerons à préserver tous les moyens nécessaires à la réalisation des objectifs.
En ce qui concerne la spécificité thématique de l'OHP, la recherche systématique des planètes autour d'étoiles solaires, une équipe franco-suisse travaille beaucoup, au sein de l'observatoire, à l'étude d'un nouveau spectrographe qui permettra de renforcer les actions dans ce domaine. Un financement est prévu en partie au niveau régional et en partie au niveau national par l'intermédiaire du CNRS. Nous soutenons, c'est vrai, le leadership d'une équipe française dans la conduite de ce projet particulier et nous veillerons à leur apporter les moyens nécessaires, en particulier grâce à l'automatisation améliorée des équipements.
Nous sommes donc attentifs à la fois à la budgétisation nécessaire et aux équipes, notamment à la présence d'équipes françaises de haut niveau pour les observations menées à l'OHP.
Vous avez précisé, cela me paraît très important, l'activité du site en liaison avec le centre d'astronomie de Saint-Michel-l'Observatoire. Cette création récente est tout à fait portée par les collectivités locales, qui ont compris l'attractivité que cela représenterait pour le lieu, notamment en termes de développement touristique. Cette dualité, qui est une très belle possibilité, est appropriée à l'évolution de cet observatoire. L'ensemble des missions de l'observatoire est d'une haute importance et je serai très vigilante en matière de diffusion des connaissances scientifiques au service de la culture et des citoyens.
M. le président. La parole est à M. Claude Domeizel.
M. Claude Domeizel. Madame la ministre, votre réponse détaillée prouve votre attachement à l'observatoire de Haute-Provence. Nous vous recevrons volontiers de nouveau dans notre département pour venir voir d'en bas le chemin parcouru en haut voilà quelque temps. (Sourires.)
Votre réponse ne me satisfait qu'à demi, car vous avez déclaré que les remplacements ne seront peut-être pas effectués nombre à nombre. La masse critique pour que l'observatoire soit opérationnel étant vraisemblablement atteinte ou proche de l'être, c'est inquiétant.

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