Question de M. LORRAIN Jean-Louis (Haut-Rhin - UMP) publiée le 21/03/2003

Question posée en séance publique le 20/03/2003

M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, fallait-il en plus la guerre, alors que les épidémies continuent à décimer les hommes ?

L'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, a récemment émis une alerte mondiale concernant une épidémie de pneumonie atypique, estimant qu'elle représentait une menace pour la santé à l'échelle de la planète, après cinq décès et trois cents cas d'infections.

L'OMS a ainsi mis à contribution les plus importants centres de recherche mondiaux pour lever l'énigme posée par cette pneumopathie aiguë venue d'une province de Chine. Celle-ci serait mortelle dans 5 % à 10 % des cas, selon des experts français.

Les pays officiellement touchés par une contamination sont principalement, en Asie, le Vietnam, Singapour, les Philippines, la Thaïlande, l'Indonésie, mais également le Canada, l'Allemagne, la Slovénie, en raison de voyageurs revenant d'Asie.

Le site Internet de conseil aux voyageurs du ministère des affaires étrangères note que, « compte tenu de l'évolution de l'épidémie survenue en Asie et des inconnues qui subsistent, et bien que l'OMS ne préconise pas de restreindre pour le moment les voyages dans les zones concernées, il est prudent, à ce stade, de différer temporairement et dans la mesure du possible les déplacements dans les régions de Hong-Kong et de Hanoi ».

Les nouvelles quotidiennes sur cette épidémie dans les médias inquiètent nos concitoyens : nous voulons leur donner de plus amples informations.

La préfecture de la Sarthe a annoncé hier que deux personnes de retour d'Asie avaient été hospitalisées au Mans, car elles présentaient les symptômes de cette pneumonie atypique. Elles sont maintenues en isolement et reçoivent, ainsi que leur entourage, un traitement curatif en attendant les résultats des analyses confirmant l'origine de leur affection.

Pourriez-vous nous exposer, monsieur le ministre, les dernières mesures d'ores et déjà prises pour prévenir l'arrivée de cette épidémie en France, ainsi qu'une éventuelle contamination des personnels soignants qui, on a pu le constater, ont pour le moment été les principales victimes de cette maladie ?

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Réponse du Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées publiée le 21/03/2003

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2003

M. Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées. Monsieur le sénateur, tout comme vous, le Gouvernement est préoccupé et attentif à cette situation d'épidémie que l'Organisation mondiale de la santé a qualifiée de « menace sanitaire mondiale ».

En effet, au début de cette épidémie, un certain nombre d'éléments étaient particulièrement inquiétants : une augmentation rapide du nombre de cas, une gravité sévère, avec décès dans certains cas, l'absence d'agent causal identifié et, enfin, une dissémination en différents points du globe, en particulier à Francfort récemment.

Le Gouvernement a pris tout de suite un certain nombre de mesures. D'une part, il a envoyé une équipe médicale à l'hôpital français d'Hanoi avec trois anesthésistes, un épidémiologiste, un virologue, deux infirmières, ainsi que du matériel. Cette équipe a été renforcée il y a trois jours par trois médecins supplémentaires.

D'autre part, nous avons mis en alerte sanitaire généralisée les aéroports, les hôpitaux, les SAMU et les services de l'Etat concernés.

Nous avons installé une ligne téléphonique qui a permis de répondre à quelque 9 000 appels.

Nous avons également donné des recommandations aux voyageurs en provenance de ces pays pour les jours à suivre au cas où ils présenteraient certains signes cliniques. Bien que l'OMS n'ait pas pris une décision, nous avons également pris le parti de déconseiller les déplacements dans ces régions.

Quel bilan peut-on dresser de la situation ? Depuis mardi, le nombre de cas semble diminuer. Au plan mondial, on compte 264 cas et neuf décès, dont le décès initial et malheureusement deux décès de personnels soignants, une infirmière et un médecin à l'hôpital français d'Hanoi. Les trois foyers principaux ont été identifiés : Hong-Kong, Hanoi et Singapour.

L'agent causal étant désormais identifié - c'est un paramyxovirus -, nous aurons les moyens d'établir un diagnostic plus précis.

En France, soixante-neuf personnes ont fait l'objet d'investigation. Aucun n'a été aujourd'hui identifié comme tel. Néanmoins, comme le délai d'incubation est de sept jours, nous maintenons l'alerte sanitaire.

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