Question de M. VANTOMME André (Oise - SOC) publiée le 16/10/2003

M. André Vantomme appelle l'attention de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur l'indispensable mobilisation financière de l'Etat dans la lutte contre l'envahissement des côtes de la Méditerranée par les algues Caulerpa taxifolia et racemosa. Si l'algue taxifolia, signalée en 1984, couvre actuellement plus de 13 000 ha et 180 kilomètres de côtes sur six pays, l'algue racemosa, découverte en 1990, a déjà envahi plus de 50 000 hectares de côtes en Adriatique et Méditerranée et menace directement notre pays. Les moyens de lutte jusqu'ici envisagés contre la prolifération incontrôlée de ces deux espèces d'algues se heurtent à des limites techniques et économiques qui en réduisent gravement l'efficacité. D'autres solutions sont à l'étude faisant appel à une limace tropicale dont la résistance et la voracité sont particulièrement prometteuses pour combattre ce cancer vert. L'étude de cette piste nouvelle nécessite quelques investissements financiers, somme toute modestes, qui pour l'heure font encore défaut. Considérant le grave péril qui menace les zones côtières de la Méditerranée, considérant en outre que l'immobilisme des pouvoirs publics constituerait une faute grave, il souhaiterait obtenir l'assurance de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable d'un engagement financier fort de l'Etat dès 2004 aux côtés des équipes de chercheurs qui s'acharnent à combattre de façon efficace et écologique ce fléau.

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Réponse du Ministère de l'écologie et du développement durable publiée le 21/07/2005

La ministre de l'écologie et du développement durable a pris connaissance, avec intérêt, de la question relative à l'expansion des algues Caulerpa taxifolia et Caulerpa racemosa. Une longue expérience paraissant établir empiriquement que l'usage de la technique de lutte contre l'algue Caulerpa taxifolia par découpage et enlèvement, puis destruction à terre (mise au point par le parc national de Port-Cros) semble dépourvue d'effets pervers lorsqu'elle est conduite avec toutes les précautions souhaitables, cette solution est recommandée dans les cas où les conditions techniques nécessaires sont réunies. Sinon, le recours provisoire à l'utilisation de procédés libérant des ions cuivriques est envisageable, dans des conditions strictes précisées par les avis de la commission d'évaluation de l'écotoxicité des substances chimiques, saisie à plusieurs reprises par le directeur de la prévention des pollutions et des risques. Ces avis permettent de guider utilement la mise en oeuvre de telles techniques. Parmi les autres voies explorées, le principe de la lutte biologique constitue une hypothèse séduisante. Il a conduit à la présentation d'un projet visant à introduire parmi les caulerpes deux espèces de limaces marines originaires des Antilles afin de leur faire consommer ces algues. A la suite de recommandations concordantes du Conseil national de la protection de la nature, puis d'un séminaire organisé par l'académie des sciences et le Centre national de la recherche scientifique, cette proposition n'a pas été retenue : introduire de nouvelles espèces exotiques en Méditerranée, même pour lutter contre d'autres espèces introduites, n'est pas souhaitable. C'est une réserve que ne soulèverait pas l'utilisation de mollusques indigènes à la Méditerranée. Le ministère de l'écologie et du développement durable a d'abord appuyé une action communautaire exercée à travers deux programmes LIFE successifs. Ensuite, dans le cadre d'un plan d'action interministériel, il a soutenu financièrement des recherches relatives à l'origine et à la diversité génétique des populations méditerranéennes de Caulerpa taxifolia, aux impacts de son expansion sur les écosystèmes et aux impacts socio-économiques. Il a également participé, avec l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, au financement de 50 000 dépliants destinés à sensibiliser les usagers de la mer, en vue de les inciter à mettre un terme à des pratiques à risques qui favorisent la dispersion des caulerpes. Par ailleurs, il a soutenu le parc national de Port-Cros afin de l'aider à repérer et à détruire, dès leur installation dans ses eaux, les boutures de Caulerpa taxifolia. De façon générale, les crédits de recherche du ministère de l'écologie et du développement durable sont ouverts à toutes les équipes de recherche et distribués dans le cadre d'appels à propositions régulièrement diffusés. Successivement examinées par un conseil scientifique, puis par un comité d'orientation, les réponses reçues sont sélectionnées selon une procédure qui vise à assurer l'utilisation optimale des crédits disponibles.

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