Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 27/11/2003

Cet été encore, la Provence a été la proie des flammes. Dans les Bouches-du-Rhône, près de 230 départs de feux ont été recensés et 2 300 hectares ont été dévastés. Les pompiers professionnels comme les volontaires du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) se sont employés sans compter, au prix de nombreux choqués ou blessés, dont deux d'entre eux hélas! ont été gravement brûlés dans l'incendie de Cazan. L'un d'eux y a laissé la vie et l'autre lutte encore pour guérir des graves lésions que le feu lui a infligées. Le conseil général des Bouches-du-Rhône joue, depuis de nombreuses années, un rôle majeur, à la fois pour lutter contre les incendies et réparer les dommages qu'ils causent, mais avant tout pour en prévenir les risques. Sans cesse à l'écoute de ces hommes, il reste tout autant et plus que jamais attentif aux légitimes revendications de la profession, injustement exclue des métiers à risques. Des promesses ministérielles lui ont été faites récemmment à ce sujet, notamment lors du congrès de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers à Bourg-en-Bresse, le 27 septembre 2003. A la promesse d'abaisser l'âge minimal de dix-huit à seize ans pour pouvoir enrôler un jeune volontaire, le ministre s'est engagé ce jour-là à prendre un décret d'application " d'ici à trois semaines ". A ce jour, c'est le statu quo. A la promesse de création d'un nouveau régime de retraite, qui devrait se substituer à l'allocation de vétérance, les 240 000 sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires, rappellent leur double attente : l'exonération fiscale et la participation pour les veuves et les orphelins. A la promesse de la reconnaissance du caractère " dangereux du métier ", termes employés par le ministre de l'intérieur, les sapeurs-pompiers préfèrent l'adaptation de la loi actuelle des métiers à risques à leur profession, au même titre que ceux reconnus aujourd'hui. Alors que les fonds qui alimentent actuellement les orphelins de sapeurs-pompiers ne proviennent uniquement que de dons, de legs, de la bonne volonté de chacun et d'une subvention trop insuffisante de l'Etat, cette reconnaissance permettrait aux 630 orphelins de sapeurs-pompiers de bénéficier d'une aide plus importante de l'Etat, via l'oeuvre des pupilles. La nation tout entière doit honorer les hommes disparus, mais aussi leurs familles cruellement touchées. Les compagnes, elles aussi, à leur manière, participent à la vie du sapeur-pompier. Elles ne doivent, ainsi que leurs enfants, jamais être oubliées des décisions qui seront prises. Parce que ces attentes légitimes appellent des réponses concrètes et rapides, M. Jean-Noël Guérini demande à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales de prendre tout d'abord en considération leurs propositions, puis de s'engager résolument à tenir les promesses avancées, notamment la reconnaissance de leur métier comme profession à risques.

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Réponse du Ministère de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales publiée le 16/12/2004

L'honorable parlementaire appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales sur la nécessaire adaptation des conditions de la fin de carrière des sapeurs-pompiers professionnels au contexte nouveau résultant de l'adoption de la réforme sur les retraites. Les négociations menées avec les organisations syndicales et les discussions interministérielles ont abouti à la constitution d'un véritable " projet de fin de carrière " qui a fait l'objet d'un relevé d'étape signé le 18 mai 2004 par trois organisations syndicales et la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Ce document a proposé plusieurs mesures, adoptées par le Parlement et le Gouvernement : exemption de la décote prévue par la réforme du régime des retraites pour les sapeurs-pompiers professionnels entrés en congé pour difficulté opérationnelle avant le 31 décembre 2003 (loi de finances rectificative pour 2003, art. 66) ; réduction de 30 à 25 ans de la durée de services publics exigés des sapeurs-pompiers admis en congé pour difficulté opérationnelle pour obtenir la bonification du 1/5 (décret n° 2003-1306 du 26 décembre 2003 relatif au régime de retraite des fonctionnaires affiliés à la caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, art. 15). La loi n° 2004-811 de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 a traduit d'autres propositions de ce relevé d'étape, notamment la reconnaissance du caractère dangereux des métiers et des missions exercées par les sapeurs-pompiers qui correspondait à une forte attente de leur part. De la même manière, les conditions d'accès au congé pour raison opérationnelle sont améliorées. Désormais, la formulation de la demande appartiendra au seul sapeur-pompier qui pourra se faire assister dans sa démarche par le conseil de son choix, la reconnaissance de la difficulté opérationnelle relèvera d'une commission médicale et non plus d'un seul médecin et la réalité des offres de reclassement sera assurée. Par ailleurs, le sapeur-pompier professionnel, médicalement reconnu en difficulté opérationnelle entre 50 et 55 ans pourra accéder à l'une des trois options suivantes : un reclassement dans un emploi public lui garantissant le maintien intégral de sa rémunération antérieure (traitement indiciaire et prime de feu) ; la possibilité d'exercer une activité privée tout en conservant le revenu du congé pour raison opérationnelle (75 % de ce traitement et prime de feu) ; un congé cotisant, accessible en cas d'échec d'une tentative de reclassement, qui permet, malgré l'interruption de toute activité, de continuer à se constituer des droits à pension jusqu'à 57,5 ans, tout en maintenant l'entrée dans le dispositif entre 50 et 55 ans pour une durée maximum de cinq ans. Ces deux dernières modalités revêtent un caractère très novateur sans équivalent dans la fonction publique territoriale. L'ensemble des mesures énumérées a pour ambition de former un véritable projet d'avenir pour la profession, en combinant la reconnaissance du caractère dangereux du métier, la prise en compte de l'allongement de la vie professionnelle qui résulte de la loi sur les retraites et le souci de personnaliser les solutions de fin de carrière en fonction des difficultés mais aussi des choix personnels des intéressés. La loi du 13 août 2004 précitée a également permis de mieux prendre en compte la situation des veuves et des orphelins. L'article 68 complète l'article 796 du code général des impôts en exonérant de l'impôt de mutation par décès les successions des sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires décédés en opération de secours et cités à l'ordre de la nation. De même, l'article 69, modifiant l'article L. 395 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre, précise que dans les administrations et établissements de l'Etat, des départements, des communes et des territoires d'outre-mer et dans les établissements privés visés aux articles L. 405 et L. 406 disposant d'emplois tenus par des mineurs, la priorité pour le recrutement de ce personnel des deux sexes s'applique également, s'ils réunissent les conditions d'aptitude physique exigées des autres candidats, aux orphelins des sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires décédés en opération de secours et cités à l'ordre de la nation. Ces derniers pourront, en outre, bénéficier d'une majoration de note aux concours administratifs.

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