Question de M. DULAIT André (Deux-Sèvres - UMP) publiée le 05/03/2004

Question posée en séance publique le 04/03/2004

M. André Dulait. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et concerne la crise en Haïti.

Je voudrais tout d'abord saluer la réactivité, le sens de l'initiative et de la responsabilité dont notre diplomatie a fait preuve au cours d'une crise qui a frappé un pays auquel la communauté internationale a eu trop longtemps tendance à ne s'intéresser que lorsque la violence y explosait.

La gestion de cette crise a été aussi l'occasion d'engager une coopération diplomatique positive avec d'autres pays de la région.

Certes, le départ du président Aristide a levé un obstacle aux perspectives de transition politique. C'est peu dire que les conditions d'exercice du pouvoir par ce dernier étaient gravement critiquables et qu'elles ont entaché les espoirs placés en lui lors de son retour aux responsabilités en 2001.

Toutefois, la situation politique, sociale et économique d'Haïti mettra évidemment beaucoup de temps à se normaliser, et chacun s'accorde à reconnaître la nécessité d'une implication durable de la communauté internationale.

Compte tenu de ces éléments, monsieur le ministre, quelles sont tout d'abord les intentions de la France quant à la durée, à l'ampleur et aux objectifs de sa participation au sein de la force multinationale intérimaire décidée par le Conseil de sécurité ?

Quelle solution politique est envisageable entre les différents acteurs haïtiens, partisans de l'ancien président, forces insurgées et opposition politique, pour aboutir à une transition qui permette enfin au peuple haïtien de vivre dans la paix et de mettre fin au dénuement qu'il connaît depuis des années ? Quel rôle la France entend-elle tenir, avec d'autres, pour atteindre cet objectif ?

Notre devoir n'est-il pas d'aider à restaurer la stabilité de ce pays francophone au coeur de la Caraïbe, lié à notre histoire ? De quelle manière, monsieur le ministre, ferons-nous savoir à Haïti que nous ne l'abandonnerons pas ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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Réponse du Ministère délégué à la coopération et à la francophonie publiée le 05/03/2004

Réponse apportée en séance publique le 04/03/2004

M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Je vais répondre au nom de M. Dominique de Villepin.

Monsieur Dulait, bien entendu, notre devoir est d'aider à assurer la stabilité et la paix en Haïti, pays qui nous est cher à la fois par le coeur, par la langue et par l'histoire. C'est pourquoi la France a pris une part très active aux démarches et aux initiatives qui ont permis d'enrayer l'engrenage de la violence, un engrenage qui, de toute évidence, conduisait à une guerre civile généralisée. Nous avons travaillé en concertation étroite avec les Etats-Unis, avec le Canada, avec les pays de la région et leurs organisations - l'Organisation des Etats américains, le marché commun de la Communauté du bassin des Caraïbes, la CARICOM, l'organisation internationale de la francophonie - et, bien sûr, avec le secrétaire général des Nations unies.

Notre objectif était d'assurer une transition qui respecte les règles constitutionnelles, et cet objectif a été atteint.

C'est également la raison pour laquelle la France participe, comme vous le savez, à la force multinationale intérimaire, créée sous l'égide des Nations unies, pour rétablir la sécurité et la paix dans le pays. Le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité, le 29 février 2004, la résolution 1529, qui donne un mandat de trois mois à cette force intérimaire.

A ce jour, la participation française à cette force s'élève, globalement, à huit cents hommes, dont trois cents sont à pied d'oeuvre à Port-au-Prince.

La mission de cette force est d'abord, bien sûr, de veiller à la sécurité et aux intérêts de nos compatriotes sur place, mais elle est aussi de contribuer au retour de l'ordre, de protéger les institutions constitutionnelles qui sont chargées de préparer non seulement le rétablissement de la paix, mais également les élections, et de garantir l'acheminement de l'aide humanitaire qui est urgente.

Il est un peu trop tôt aujourd'hui pour pouvoir dire quelle sera la durée de cette mission. Mais la France souhaite, évidemment, que le processus de retour à la démocratie progresse rapidement. Les différentes composantes de la société haïtienne ont engagé une concertation pour mettre en place un gouvernement d'union nationale. Il faut que toutes les forces qui refusent la violence se rassemblent dans ce but, afin d'amorcer une dynamique de réconciliation nationale. A l'évidence, la France apportera toute sa part à ce processus. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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