Question de M. PIRAS Bernard (Drôme - SOC) publiée le 20/10/2005

M. Bernard Piras attire l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur le recours à la toxicogénomique pour l'étude de la toxicité des substances environnantes sur les cellules humaines. La toxicogénomique est la génomique appliquée à l'identification des gènes affectés par l'exposition de la cellule à un produit chimique. Son principe a été énoncé il y a plus de dix ans. Une cellule mise en présence d'une substance tente souvent de l'internaliser pour éventuellement s'en servir. Si le produit est toxique pour un constituant de la cellule, elle réagit pour tenter de se mettre en sécurité, réparer les dégâts, neutraliser la substance et l'expulser. La cellule se donne alors des outils en exprimant une série de gènes dédiés à sa défense. La génomique permet d'identifier et de quantifier la transcription d'un grand nombre de gènes de la cellule. Des études ont démontré que la toxicogénomique est une méthode adaptée pour tester la toxicité des substances chimiques chez l'homme, étant cent fois plus rapide et cent fois moins onéreuse que le test sous modèle animaux. Elle semble donc posséder un immense potentiel. Il lui demande de lui indiquer les mesures qu'il entend prendre pour inciter les institutions européennes à adopter cette procédure.

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Réponse du Ministère de la santé et des solidarités publiée le 20/04/2006

Le nouvel outil, issu de la recherche sur le génome humain, qu'est la toxicogénomique ouvre des perspectives importantes sur une meilleure compréhension du mécanisme de toxicité d'une substance chimique au niveau génique et, à terme, sur des développements de nouvelles méthodes plus précises et plus complètes pour détecter les effets sur la santé des substances chimiques. Actuellement, bien que la toxicogénomique commence à être employée dans des recherches explicatives visant à affiner les études de toxicité, principalement dans le domaine pharmaceutique, elle ne permet toutefois pas de remplacer les études toxicologiques conventionnelles, pour des raisons tant scientifiques qu'économiques. En termes scientifiques, des travaux internationaux de validation ont montré que la modification de l'expression génique n'est pas obligatoirement corrélée avec un effet toxique et qu'il est difficile de la différencier d'un simple phénomène adaptatif. Par ailleurs, il a été observé une très grande variabilité entre les résultats tant intra qu'inter-laboratoires, rendant incertaine l'interprétation des modifications d'expression génique. En termes économiques, le coût de ces techniques ainsi que celui du développement d'outils bioinformatiques restent très élevés. Du fait de ces incertitudes et bien qu'il y ait eu des progrès significatifs dans ces techniques au cours de ces dernières années, il reste donc un certain nombre de questions biologiques, techniques ou bioinformatiques qui doivent être résolues avant que ces outils soient assez robustes pour les appliquer en toute confiance en prise de décision réglementaire. Pour cela, l'OCDE a mis en place un programme de travail visant à explorer d'une façon plus approfondie les bases scientifiques de la toxicogénomique. Ce programme de validation, sur plusieurs années, est un préalable indispensable à l'utilisation de la toxicogénomique pour l'étude de la toxicité des substances chimiques.

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