Question de M. BOYER Jean (Haute-Loire - UC) publiée le 14/11/2008

Question posée en séance publique le 13/11/2008

La parole est à M. Jean Boyer.

M. Jean Boyer. Mes chers collègues, quelles que soient les travées sur lesquelles vous siégez, je sais que vous vous associerez à mon message.

Notre agriculture constitue indiscutablement depuis toujours une richesse nationale de premier plan. Ses différentes filières apportent une complémentarité adaptée à nos régions. Toutes ont d'ailleurs toutes leurs atouts, mais aussi leurs problèmes spécifiques.

Monsieur le secrétaire d'État, aujourd'hui, les producteurs laitiers sont inquiets, très inquiets même, car, parallèlement aux perspectives négatives de prix de vente, la hausse des aliments du bétail aggrave les charges d'exploitation.

Comme vous le savez, le lait est, pour les éleveurs, le salaire du paysan.

M. René-Pierre Signé. Belle formule !

M. Jean Boyer. Mais il est aussi synonyme de contraintes, d'astreintes, d'exigences. Aujourd'hui, pour produire du lait en quantité suffisante pour être rentable et répondre aux exigences de qualité, il faut être un vrai professionnel,…

M. Jean-Pierre Raffarin. C'est vrai !

M. Jean Boyer. …je dirais même un vrai chef d'entreprise.

Le lait est souvent produit dans des régions où la topographie, le climat, la structure parcellaire des exploitations ne permettent pas d'autres productions. Cette réalité frappe particulièrement les zones de montagne.

Élu du département de la Haute-Loire où l'habitat moyen agricole est le plus élevé de France, j'ai écouté, reçu et compris le message d'inquiétude de ces éleveurs des zones de montagne, mais aussi de toute la filière laitière nationale.

Monsieur le secrétaire d'État, il y a un écart beaucoup trop grand entre le prix du litre de lait à la production, 34 centimes d'euros, et celui à la consommation, 70 centimes d'euros. Ce n'est pas normal !

M. le président. Cher collègue, veuillez poser votre question !

M. Jean-Pierre Sueur. C'est pourtant très intéressant, monsieur le président !

M. Jean Boyer. Je pourrais citer des chiffres comparables pour d'autres productions. En ce qui concerne le lait, n'oublions pas également que la prime de compensation à la collecte dans les zones de montagne, qui était de 4 centimes à l'époque du franc, a été supprimée sans aucun retour !

M. Jean-Pierre Raffarin. Il faut défendre les laitiers !

M. Jean Boyer. Monsieur le secrétaire d'État, le plan de soutien de 50 millions d'euros annoncé hier est bienvenu et a été apprécié, mais il ne réglera pas le problème de fond.

M. René-Pierre Signé. C'est insuffisant !

M. Jean Boyer. Nous connaissons les difficultés que rencontre notre pays sur le plan financier. Nous ne pouvons pas être à la fois responsables et désespérés. Mais l'ancien éleveur qui vous parle se permet modestement de vous dire qu'il faut écouter et comprendre encore plus le message qui remonte de ces « hommes de la terre ».

L'espérance est l'oxygène de la vie : donnons aux éleveurs les moyens d'y croire ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et de l'UMP, ainsi que sur plusieurs travées du groupe socialiste.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.


Réponse du Secrétariat d'État aux Relations avec le Parlement publiée le 14/11/2008

Réponse apportée en séance publique le 13/11/2008

M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement. Cette question s'adressait à Michel Barnier, mais puisqu'il est à Bruxelles pour, justement, défendre l'agriculture française, je vais tâcher, modestement (Exclamations sur les travées de l'UMP.), de le suppléer.

Monsieur le sénateur, vous nous dites que le marché du lait est fortement perturbé. C'est vrai, et cela se fait particulièrement sentir au cours de ce quatrième trimestre de l'année 2008.

Les producteurs laitiers manifestent leur inquiétude, ce qui rend beaucoup plus difficiles leurs négociations constantes avec les transformateurs.

M. Jean-Pierre Raffarin. Et les grandes surfaces !

M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État. Un round a eu lieu, mais la négociation a échoué le 4 novembre dernier.

Michel Barnier a obtenu des transformateurs et des producteurs que les discussions reprennent : rendez-vous est pris pour la semaine prochaine. Les éleveurs souhaitent que leur travail et leur production soient rémunérés de façon équitable. Pour autant, vous savez bien que le maintien d'un prix du lait acceptable passe par le respect de tous les quotas, qu'ils soient individuels ou départementaux. M. le ministre de l'agriculture et de la pêche est intervenu en ce sens à plusieurs reprises à Bruxelles.

L'éventualité d'une nomination par l'État d'un médiateur entre transformateurs et producteurs a été évoquée, mais, dans l'immédiat, Michel Barnier préfère réfléchir : cette nomination interviendra uniquement si elle s'avère utile.

M. Alain Gournac. Il a raison !

M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État. Il privilégie le rétablissement d'un dialogue direct entre transformateurs et producteurs, lequel interviendra dès la semaine prochaine.

Enfin, le retournement du marché des produits laitiers est loin d'être un problème uniquement français ; il est en fait européen.

Ce matin, Michel Barnier a demandé à la Commission européenne d'anticiper l'utilisation du stockage privé pour le beurre, ce qu'elle a accepté, afin de désengorger le marché et de maintenir le prix de ce produit.

Le Gouvernement, notamment M. Barnier, est à l'écoute des producteurs laitiers et les soutient. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)


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