Question de Mme DES ESGAULX Marie-Hélène (Gironde - UMP) publiée le 18/12/2008

Mme Marie-Hélène Des Esgaulx attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie sur les préoccupations exprimées par la Ligue des droits de l'homme à l'égard de la crise alimentaire qui sévit en Afrique. Les régions sahéliennes souffrent, plus que les autres, d'un déficit de production agricole locale en raison de leur désertification progressive (manque d'eau, monocultures intensives, emploi de pesticides, d'engrais chimiques…). On assiste dès lors à un exode massif des villageois ruraux vers les agglomérations où la précarité est de plus en plus importante. D'autres émigrent sur des embarcations de fortune avec des conséquences désastreuses et bien souvent la mort au bout du voyage. L'agro-écologie constitue vraisemblablement la seule alternative à cette dégradation environnementale et humaine.

Dans ces circonstances, elle souhaiterait connaître quelles sont les intentions du Gouvernement pour aider concrètement les populations agricoles locales à réaliser leurs objectifs d'autosuffisance alimentaire.

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de la coopération et de la francophonie publiée le 19/02/2009

L'aide publique au développement (APD) allouée par la France dans les secteurs du développement agricole et de la sécurité alimentaire a été de 300 millions d'euros en 2007, concentrée à 55 % sur l'Afrique. En 2008, afin de répondre à la crise des prix alimentaires, l'aide alimentaire française a été portée de 30 à 52 millions d'euros ; une aide budgétaire globale additionnelle et ciblée sur la sécurité alimentaire a été accordée à différents pays africains et à Haïti, pour un montant total de 10 millions d'euros ; l'Agence française de développement (AFD) a lancé l'instruction d'un programme en matière de prévention et de gestion des crises en Afrique de l'Ouest, lequel devrait démarrer cette année et dont le budget pourrait porter sur 10 à 15 millions d'euros sur cinq ans. La France a été particulièrement active afin de mobiliser sur la durée la communauté internationale sur des enjeux liés à cette crise, concernant en particulier la proposition de partenariat mondial pour l'agriculture et l'alimentation, promue désormais par le G8 et l'appui technique et politique à la préparation et à l'adoption du plan de réformes de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Sous la présidence française de l'Union européenne, la Commission européenne et le Parlement européen sont parvenus à un accord permettant la mobilisation de 1 milliard d'euros sur trois ans pour fournir une aide de court et moyen terme aux pays les plus durement touchés par la crise alimentaire, contribution appelée « facilité de réponse rapide à la flambée des prix alimentaires dans les pays en développement ». Au plan bilatéral, la France, par l'intermédiaire de l'AFD, investira 1 milliard d'euros sur cinq ans dans le développement rural en Afrique, y compris des infrastructures de désenclavement. Dans ce cadre, la France poursuit son engagement aux côtés des gouvernements et institutions régionales africaines qui ont défini et cherchent désormais à mettre en oeuvre des politiques agricoles axées sur la modernisation des exploitations familiales et la reconquête des marchés vivriers nationaux et régionaux, et concertées avec les organisations locales de producteurs. À cela pourront s'ajouter des prêts non souverains à des entreprises des filières agricoles et agroalimentaires, que celles-ci concourent à la sécurité alimentaire régionale ou aux exportations. Par ailleurs, la France, de concert avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), est en train de monter un fonds d'investissement pour l'agriculture africaine. Ce fonds vise à lever des capitaux privés ou publics et sera investi dans le renforcement des capitaux propres d'entreprises agricoles ou agro-industrielles dotées d'une politique sociale et environnementale responsable. Chaque fois que cela sera techniquement et économiquement acceptable par les producteurs, les concours de l'AFD faciliteront, en lien avec le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD), la recherche, la mise au point et la diffusion d'une agriculture de conservation grâce au semis direct sous couvert végétal sans labour, sur la base d'une expérience accumulée depuis une décennie dans plusieurs projets en Afrique, au Maghreb et en Asie du Sud-Est et en ayant recours à l'expertise internationale croissante en la matière. À ce titre, le ministère des affaires étrangères et européennes, le Fonds français pour l'environnement mondial et l'Agence française de développement cofinanceront, à hauteur de 3,25 millions d'euros, un programme d'action multi-pays pour l'agro-écologie (PAMPA).

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