Question de Mme LE TEXIER Raymonde (Val-d'Oise - SOC) publiée le 19/03/2009

Mme Raymonde Le Texier attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur la situation de la gynécologie médicale en France.

La gynécologie médicale est une spécialité de la médecine qui a connu un parcours difficile. Supprimée en 1986, puis réinstaurée en 2003, elle est à nouveau menacée. Il s'agit pourtant d'une spécialité indispensable pour la santé des femmes. Les chiffres prouvent, par exemple, que les pays qui ne pratiquent pas la gynécologie médicale ont un taux de décès de cancer du sein et de l'utérus quatre fois supérieur aux pays qui pratiquent cette profession.
Pourtant, cette profession qui tend aujourd'hui à disparaître est confrontée à deux problèmes majeurs.

Tout d'abord à un problème démographique dû à un nombre d'internes insuffisant. On ne compte que 20 internes formés par an pour l'ensemble du territoire alors que les besoins sont estimés à 130.
En outre, la profession est confrontée à un vieillissement de ses praticiens. La majorité des gynécologues ont entre 47 et 60 ans ; leurs départs à la retraite est donc proche. À partir de 2010, la carence d'effectif va s'accélérer pour atteindre moins de 120 gynécologues médicaux pour 30 millions de femmes à l'horizon 2020. C'est un véritable problème de santé publique auquel nous allons devoir faire face.

Ensuite, force est de reconnaître que l'article 14 du projet de loi "Hôpital, patients, santé et territoires" (HPST) va encore aggraver cette situation.
Cet article, interdisant, pour le patient, l'accès direct à certaines spécialités dont la gynécologie, va non seulement encore surcharger les médecins généralistes mais risque de faire baisser la qualité des soins gynécologiques. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que la gynécologie est une spécialité et qu'un médecin généraliste, aussi compétent soit-il, ne peut s'y substituer ?
Si cette disposition devait entrer en vigueur, le risque est réel de voir les médecins généralistes devenir de facto des gynécologues alors qu'ils n'ont pas été formés à dessein. La spécialité, déjà malmenée, pourrait alors disparaître.
Enfin, le médecin traitant est très souvent le médecin familial. Or, chacun sait qu'il est parfois difficile pour une femme d'aborder avec son médecin de famille des problèmes liés à sa sexualité. C'est bien parce qu'il ne s'agit pas de la même personne, d'une personne extérieure, et d'une personne spécialisée sur ces questions, qu'une relation de confiance peut s'instaurer entre la patiente et son gynécologue. Et le fait que 90 % des gynécologues soient des femmes est aussi un élément central de cette relation de confiance.

Elle souhaiterait connaître sa position tant sur le problème démographique que rencontre la gynécologie médicale (nombre d'internes et vieillissement de la population de praticiens) que sur l'inscription dans le projet de loi HPST d'un accès libre et direct, sans pénalités, aux consultations de gynécologie.

- page 680

Transmise au Secrétariat d'État chargé de la santé


La question a été retirée pour cause de fin de mandat.

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