Question de M. ANDREONI Serge (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 24/09/2009

M. Serge Andréoni attire l'attention de M. le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche sur la crise profonde, la plus grave depuis trente ans, que connaît l'agriculture française et sur les répercussions désastreuses qu'engendrerait une nouvelle taxe pour le monde agricole français. Les prix à la production ne cessent de chuter et les revenus des agriculteurs sont au plus bas. Déjà dans une situation d'extrême précarité, les agriculteurs français, s'ils devaient supporter le poids de la taxe carbone, ne pourraient résister à des productions venues d'autres pays où cette taxe n'existe pas. Il est inconcevable, par exemple, de taxer lourdement la production sous serres, parce que grande consommatrice d'énergie, et de laisser entrer librement des produits concurrents venus d'ailleurs, souvent extra-communautaires. En outre, on ne peut alourdir les charges des agriculteurs au moment même où on leur demande d'améliorer leur compétitivité. Aussi, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour alléger les charges des agriculteurs et s'il entend répondre à leur demande, justifiée, d'exonération totale de la taxe carbone.

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Réponse du Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche publiée le 05/11/2009

Dans son discours d'Artemare (Ain) du 10 septembre 2009, le Président de la République a souligné que le moment était venu de créer une fiscalité écologique qui repose sur l'idée simple qu'il vaut mieux taxer les comportements néfastes à la collectivité plutôt que ceux qui lui sont utiles. La France doit donc renforcer les prélèvements qui pèsent sur les activités polluantes et alléger d'autant les impôts qui pèsent sur les facteurs de production que sont le travail et le capital. La nouvelle « contribution climat-énergie », ou taxe carbone, qui sera discutée cet automne au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances pour  2010 s'inscrit dans ce cadre. L'objectif de cette taxe est d'améliorer la performance énergétique de l'économie française et de sortir de notre dépendance aux hydrocarbures. Le Président de la République a rappelé les principes fondamentaux de cette taxe carbone. Premier principe, la taxe s'appliquera uniquement à la consommation directe d'énergie fossile (pétrole, charbon et gaz). L'électricité, qui, en France, émet très peu de CO2, ne sera pas taxée. Cette taxe sera introduite de façon progressive, pour laisser aux citoyens et aux acteurs économiques le temps d'adapter leurs comportements. Deuxième principe, la taxe sera intégralement compensée, pour les ménages comme pour les entreprises. Certains secteurs, comme l'agriculture, la pêche ou les transports, particulièrement dépendants des énergies fossiles, devront recevoir une attention particulière, afin que leur compétitivité soit préservée. Ainsi, les exploitations agricoles, qui ne sont pas soumises à la taxe professionnelle, se verront proposer des compensations adaptées et la taxe carbone sera réduite de trois quarts. Troisième principe : la transparence. Une commission indépendante suivra l'évolution des recettes de cette taxe et garantira une transparence totale sur les compensations accordées au titre de la taxe carbone. Quatrième principe, l'État accompagnera et soutiendra massivement les efforts des ménages et des entreprises pour réduire leur consommation d'énergie fossile et pour les orienter vers les énergies renouvelables. Dans le secteur agricole, cette aide pourrait se traduire par le renforcement de dispositifs existants et ayant fait la preuve de leur efficacité, comme le plan de performance énergétique des exploitations agricoles.

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