Question de Mme HERMANGE Marie-Thérèse (Paris - UMP) publiée le 19/11/2009

Mme Marie-Thérèse Hermange attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'effet désastreux, de surcroît en temps de crise, auprès de nos concitoyens de l'expérimentation portée par l'académie de Créteil destinée à diminuer l'absentéisme.

Cette expérimentation prévoit de mettre à disposition des classes, sous conditions, des fonds permettant aux élèves de lycées professionnels de construire un projet collectif ambitieux, à savoir une action sociale, un aménagement de classe, un achat de matériel informatique, sportif ou culturel, ou bien encore un voyage scolaire.
Certes, il ne s'agit pas de financer les dépenses des élèves pour des projets personnels. Certes, il n'est pas prévu de transmettre directement l'argent aux élèves.
Néanmoins, l'idée selon laquelle l'institution scolaire, qui met à disposition des moyens supplémentaires, attend en contrepartie une plus grande implication des élèves dans l'ensemble des activités scolaires n'est pas acceptable. Ce n'est pas à l'institution scolaire de faire ses preuves. Qu'entend-il par une plus grande implication ? Car, pouvoir aller à l'école, apprendre, respecter ses professeurs, ses camarades ne relèvent pas du mérite. Si l'école est obligatoire, elle est aussi une chance pour nos jeunes, au service de leur avenir. Transmettre des connaissances et des compétences n'est-ce pas le plus beau cadeau que nous pouvons faire à un jeune ? N'est-ce pas le meilleur moyen de lui donner l'espoir de réussir sa vie ? Quant à la récompense du mérite, de l'effort, qu'il y a lieu de définir, ne doit-elle pas demeurer symbolique à l'instar des bons points, pour les petits, et de la remise de prix, pour les plus grands ?
L'expérimentation prévoit également un abondement desdits fonds pouvant aller jusqu'à 10 000 euros si le seuil de présence ou d'assiduité de la classe est respecté. Ce principe selon lequel une classe recevrait une récompense financière au vu de l'assiduité de ses élèves relève de l'indécence.
En outre, avec un tel dispositif, les lycéens disposeront de moins de temps pour l'acquisition des connaissances et des compétences, et davantage de temps pour des projets qui relèvent d'un autre cadre. La priorité, aujourd'hui, pour nos lycéens concernés, n'est pas celle de conduire un projet qui peut tout à fait être ambitieux en dehors du contexte scolaire, mais bien d'acquérir tant les savoirs fondamentaux, que les savoir-faire et les connaissances dans un domaine professionnel.

C'est pourquoi elle propose de renoncer à ce dispositif, et suggère l'instauration de mesures aux fins de valorisation et de récompense du mérite ainsi que de l'effort dans l'acquisition des savoirs fondamentaux et des compétences professionnelles chez les élèves des lycées professionnels.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 23/12/2010

L'expérimentation lancée dans l'académie de Créteil était l'une des propositions présentées dans le cadre des fonds d'expérimentation pour la jeunesse et s'intégrait dans le programme 3 de l'axe 1 du projet « incitations au maintien dans le système scolaire » qui a pour objectif principal de diminuer le nombre de jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification en les incitant à fréquenter avec assiduité l'établissement où ils suivent leurs études. Ce programme s'adresse à des élèves qui ont dépassé l'âge de l'obligation scolaire. L'expérimentation consistait à mobiliser un « groupe classe » sur un projet suffisamment attractif pour responsabiliser les jeunes et favoriser leur implication dans l'établissement. Ainsi, contrairement à ce qui a été affirmé ici ou là, il ne s'agissait en aucun cas de récompenser financièrement et individuellement la présence des élèves mais de donner les moyens de réaliser un projet collectif conditionné par l'implication effective des élèves, collectivement, tout au long de l'année. En règle générale, de nombreux projets pédagogiques montés chaque année par les enseignants sont financés en partie en faisant appel à une participation familiale. Le dispositif expérimental mis en place permettait de lier le financement des projets à l'évolution positive du comportement des élèves, sans faire appel à une participation de leur famille, le projet étant finalisé si les élèves le méritaient. L'établissement avait passé avec les élèves un contrat moral qui portait sur l'assiduité mais aussi sur l'ensemble des comportements. Lancée dans trois lycées professionnels de l'académie de Créteil, cette expérimentation, qui concernait 150 élèves répartis en six classes, était une des nombreuses expérimentations menées sur l'ensemble du territoire pour lutter contre le décrochage scolaire. L'académie de Créteil mène à cet égard une politique active en matière d'orientation et de formation pour agir sur les facteurs structurels de l'absentéisme et du décrochage. Dans les établissements, si les équipes agissent au quotidien pour lutter contre l'absentéisme en impliquant les parents (envoi immédiat de SMS, convocation à l'inspection académique) et, le cas échéant, en sanctionnant les élèves (heures de retenue, conseil de discipline...), elles travaillent aussi par projet. Elles veillent à donner du sens aux apprentissages dispensés en cherchant à motiver les élèves afin de les inciter à fréquenter le lycée jusqu'à la fin de leur formation. Sans préjuger de l'impact de cette expérimentation sur l'absentéisme, il apparaît que les conditions pour l'évaluer n'ont pas été réunies du fait de sa surexposition médiatique. Ne pouvant être évaluée de façon fiable, elle ne sera donc pas renouvelée à la rentrée 2010. En revanche, une autre expérience menée dans 37 collèges de l'académie de Créteil, « la mallette des parents », a pu faire l'objet d'une évaluation rigoureuse et transparente par l'École d'économie de Paris qui en a analysé les résultats dans son « Rapport sur la politique d'implication des parents d'élèves dans les collèges » pour le haut commissaire à la jeunesse. Selon ce rapport, cette expérimentation, qui consiste à associer les parents d'élèves de sixième à la scolarité de leur enfant et à les accompagner, s'est traduite par une amélioration très sensible du comportement des enfants (moins d'absentéisme, moins de sanctions, plus de distinctions). Elle sera donc étendue à la rentrée à 1 300 collèges répartis dans l'ensemble des académies.

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