Question de M. GRIGNON Francis (Bas-Rhin - UMP) publiée le 25/03/2010

M. Francis Grignon attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les conséquences que risque d'entrainer le projet de réforme de simplification de la filière technologique, sur les lycées de métiers et par conséquent sur le développement de certains secteurs-clés de notre économie.

Il est en effet envisagé, dans le cadre de la réforme du lycée, de réduire les baccalauréats sciences et technologies industrielles (STI) à un seul baccalauréat se déclinant en un tronc commun et quatre dominantes suivantes :

- Énergie et développement durable (EDD);
- Systèmes d'information et numériques (SIN);
- Innovation technologique et éco-conception (ITEC);
- Architecture et construction (AC).

Cette simplification apparente crée le risque de voir se réduire de façon drastique le recrutement des lycées de métiers au profit de lycées polyvalents ainsi que la qualité de la formation indispensable à la préparation de BTS spécifiques et tout particulièrement ceux de la filière du BTP.

Dans le département du Bas-Rhin, cette mesure affecterait le lycée Le Corbusier d'Illkirch, seul lycée des métiers de l'architecture, de la construction et du design du département pour ce qui concerne le pré-bac et seul en Alsace pour le post-bac. Cet établissement dispose de ressources et d'équipements pédagogiques spécifiquement adaptés au secteur du BTP, qu'aucun lycée polyvalent ne pourrait offrir à ses élèves dans le cadre d'une formation unique et générale.

Or, le secteur de la construction a depuis toujours marqué son attachement à la formation des jeunes. Attirés par les perspectives pérennes d'emploi et d'évolution de carrières, nombreux sont les jeunes à se former aux métiers du BTP, de l'ouvrier à l'ingénieur. Les 81 diplômes professionnels et technologiques reflètent la diversité et la richesse de ces métiers.

Comme l'indique M. André Montès, directeur de la fondation école française du béton dans un « point de vue » paru dans « Le Moniteur » de novembre 2009 : « Malgré la crise économique et financière récente, les perspectives d'embauches du secteur du BTP se maintiennent à un haut niveau depuis le début des années 2000. Il faut assurer le remplacement des départs en retraite, tenir compte de l'évolution des compétences dues à l'apparition de matériaux nouveaux et aux contraintes environnementales, construire les logements nécessaires et les bâtiments tertiaires, maintenir les infrastructures. Le recrutement annuel est de 80 000 personnes. Or, toutes les formations initiales de l'éducation nationale, des ministères de l'enseignement supérieur et de la recherche, du travail, ajoutées à celles qui sont assurées par les établissements privés ne couvrent pas la moitié de ces besoins. »

Il serait donc regrettable d'abandonner la formation spécifique et adaptée aux exigences de ce secteur-clé de notre économie, ces mêmes exigences se trouvant aujourd'hui renforcées par la politique que mène le Gouvernement en faveur de la construction durable et de l'économie d'énergie.

C'est en ce sens que les responsables de formation relayés par les représentants de la profession du BTP, souhaitent le maintien de quatre baccalauréats distincts correspondant spécifiquement à chacune des quatre dominantes prévues par le projet de réforme.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 19/05/2010

Réponse apportée en séance publique le 18/05/2010

M. Francis Grignon. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur les conséquences que risque d'entraîner le projet de réforme de simplification de la filière technologique sur les lycées des métiers et, par conséquent, sur le développement de certains secteurs clés de notre économie.

Il est en effet envisagé, dans le cadre de la réforme du lycée, de réduire les baccalauréats STI, sciences et technologies industrielles, à un seul baccalauréat se déclinant en un tronc commun et quatre dominantes : énergie et développement durable, système d'information et numérique, innovation technologique et éco-conception, architecture et construction.

Cette simplification apparente fait peser le risque de voir se réduire de façon drastique le recrutement des lycées de métiers au profit de lycées polyvalents ainsi que la qualité de la formation indispensable à la préparation de brevets de technicien supérieur spécifiques, tout particulièrement ceux de la filière du bâtiment et des travaux publics.

Dans le département du Bas-Rhin, cette mesure affecterait le lycée Le Corbusier d'Illkirch, seul lycée des métiers de l'architecture, de la construction et du design du département pour ce qui concerne le « pré-bac », et seul en Alsace pour le « post-bac ».

Cet établissement dispose de ressources et d'équipements pédagogiques spécifiquement adaptés au secteur du bâtiment et des travaux publics qu'aucun lycée polyvalent ne pourrait offrir à ses élèves dans le cadre d'une formation unique et générale.

Or le secteur de la construction a depuis toujours marqué son attachement à la formation des jeunes. Attirés par les perspectives pérennes d'emploi et d'évolution de carrières, nombreux sont les jeunes à se former aux métiers du BTP, de l'ouvrier à l'ingénieur. Les 81 diplômes professionnels et technologiques reflètent la diversité et la richesse de ces métiers.

Voici ce qu'indiquait André Montès, directeur de la fondation École française du béton dans un « point de vue » paru dans Le Moniteur de novembre 2009 : « Malgré la crise économique et financière récente, les perspectives d'embauches du secteur du BTP se maintiennent à un haut niveau depuis le début des années deux mille. En effet, le recrutement annuel est de 80 000 personnes. Or toutes les formations initiales de l'éducation nationale, des ministères de l'enseignement supérieur et de la recherche, du travail, ajoutées à celles qui sont assurées par les établissements privés, ne couvrent pas la moitié de ces besoins. »

Il serait donc regrettable d'abandonner la formation spécifique et adaptée aux exigences de ce secteur clé de notre économie, ces mêmes exigences se trouvant aujourd'hui renforcées par la politique que mène le Gouvernement en faveur de la construction durable et de l'économie d'énergie.

C'est en ce sens que les responsables de formation, relayés par les représentants de la profession du BTP, souhaitent le maintien de quatre baccalauréats distincts correspondant spécifiquement à chacune des quatre dominantes prévues par le projet de réforme.

Il va sans dire que j'adhère à ce point de vue, raison pour laquelle j'aimerais connaître l'évolution de vos réflexions sur ces sujets.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement. Monsieur Grignon, vous m'interrogez sur la réforme de la filière du baccalauréat technologique et sur les conséquences qu'elle risque d'entraîner sur le lycée des métiers, mais aussi sur certains secteurs clés de notre économie, tels que celui du bâtiment et des travaux publics.

Je voudrais vous rassurer sur ce point.

Après la rénovation de la voie professionnelle et celle de la voie générale, la réforme du lycée vient de franchir une étape importante en donnant une nouvelle ambition à la voie technologique.

La réforme de la série STI, sciences et technologies industrielles, était très attendue par les membres de la communauté éducative mais aussi par les branches professionnelles, car cette série subissait des pertes importantes d'effectifs – diminution de 20 % en moins de dix ans –, sans doute liées au manque de lisibilité et à un éclatement en quatorze spécialités, alors que, comme vous l'avez rappelé, beaucoup d'entre elles sont très porteuses de débouchés de proximité, notamment dans le bâtiment et les travaux publics.

Par ailleurs, les programmes de cette filière n'avaient pas été revus depuis plus de vingt ans dans des domaines technologiques qui, par ailleurs, sont en pleine évolution.

Cette filière a vocation, comme la voie générale, à porter tous ses élèves vers l'enseignement supérieur tout en prenant appui sur ce qui fait sa spécificité, c'est-à-dire des pratiques pédagogiques fortement ancrées dans une démarche inductive, des activités et des études portant sur des objets ou des situations concrètes à partir desquelles les élèves acquièrent des connaissances scientifiques ou des compétences technologiques.

Nous avons donc remis à plat la filière STI, qui intégrera dorénavant une dimension « développement durable » et sera organisée en quatre spécialités, l'objectif étant d'accroître la polyvalence tout en répondant à l'ensemble des métiers de l'industrie : innovation technologique et éco-conception ; système d'information et numérique ; énergie et développement durable ; enfin, architecture et construction.

C'est dans cette dernière spécialité que le grand domaine du bâtiment et des travaux publics s'incarnera. Il était en effet très important de réserver une place importante à ce fleuron de notre économie, qui continue à créer de l'activité et de l'emploi et qui est identifié par les élèves ainsi que par la communauté éducative comme une voie porteuse d'avenir et d'innovation avec de réelles perspectives d'emploi.

Cette rénovation de la filière STI s'organise donc en parfaite cohérence avec celle de la voie professionnelle. Elle permettra d'orienter davantage de jeunes vers ces filières et de les amener au niveau du baccalauréat afin de préparer leur insertion dans l'enseignement supérieur.

Ainsi, les lycées des métiers vont sortir renforcés de cette réforme du lycée qui vise à conduire chaque élève dans un parcours de réussite, et ce en fonction de ses goûts et de ses aptitudes.

M. le président. La parole est à M. Francis Grignon.

M. Francis Grignon. Je viens d'une région très attachée à l'apprentissage, à la formation professionnelle, à tout ce qui permet aux jeunes de trouver un métier pouvant répondre directement et rapidement aux besoins des entreprises. J'espère donc que toutes les propositions que vous avez exposées seront réalisées et qu'elles permettront de progresser en ce sens.

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