Question de M. TROPEANO Robert (Hérault - RDSE) publiée le 27/10/2010

Question posée en séance publique le 26/10/2010

Concerne le thème : La rentrée scolaire

M. Robert Tropeano. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, moins de deux mois se sont écoulés depuis la rentrée scolaire, et un premier bilan s'impose : l'école va mal.

Au cours de ces derniers mois, de nombreux rapports n'ont cessé de le clamer. De la Cour des comptes au Haut Conseil de l'éducation, en passant par les travaux réalisés par plusieurs parlementaires, les plus sérieuses institutions tirent, les unes après les autres, la sonnette d'alarme face à l'échec scolaire.

Pour revenir à une école de la République remplissant pleinement son rôle, la tâche à accomplir est immense. Les sujets d'inquiétude sont nombreux. Les réformes lancées dans l'incompréhension la plus totale ne manquent pas de nous préoccuper encore plus.

Monsieur le ministre, je souhaite vous interroger aujourd'hui sur la réforme de la formation initiale des enseignants et sur la politique de suppression de postes que vous conduisez avec une constance remarquable, vastes sujets qui me semblent les plus fondamentaux !

Les effets conjugués de ces deux politiques sont dévastateurs. Dans certaines académies, le premier contingent de jeunes enseignants issus de la nouvelle formation est arrivé sans avoir bénéficié d'aucun stage préalable.

On nous promet une meilleure formation des enseignants via le nouveau pacte de carrière. Mais tout ce que nous voyons, c'est que les stages sont désormais facultatifs et doivent avoir lieu en même temps que la préparation du difficile examen du master. Les jeunes enseignants sont désormais propulsés seuls devant des élèves, et ce dès les vacances de la Toussaint. C'est là un excellent moyen de décourager les futurs enseignants qui n'auront plus aucune opportunité d'apprendre de leurs aînés, ni de tester leurs goûts et leurs capacités avant de se lancer dans une carrière difficile.

Cette situation est d'autant plus préoccupante qu'elle intervient sur fond de coupes drastiques dans les moyens de fonctionnement de l'école.

À la lecture de votre projet de budget pour 2011, de nouvelles suppressions de postes sont encore programmées : pas moins de 8 967 postes dans les écoles primaires, 4 800 dans les collèges ou lycées, …

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !

M. Robert Tropeano. … 600 au sein des personnels administratifs et 1 633 dans l'enseignement privé sous contrat ! Où vous arrêterez-vous, monsieur le ministre ?

Comment comptez-vous mettre fin à la spirale infernale de l'échec scolaire avec toujours moins de moyens, moins de professeurs, et des enseignants moins bien formés ?

Monsieur le ministre, quand allez-vous enfin accepter d'entendre ce que vous disent non seulement les enseignants, les élèves et les parents,…

M. le président. Il vous faut conclure, mon cher collègue !

M. Robert Tropeano. … mais également les élus locaux quant à l'impérieux besoin d'affecter à l'école les moyens de son ambition, celle de la réussite pour chacun ? Parce qu'elle est l'un des fondements de notre pacte républicain, l'école mérite mieux que ce que vous nous proposez !

M. le président. Mon cher collègue, il ne vous restera malheureusement que vingt secondes de temps de parole pour la réplique.

- page 9061


Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 27/10/2010

Réponse apportée en séance publique le 26/10/2010

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, comme vous venez de le rappeler – et ce sera sans doute notre seul point d'accord –, l'école, qui est l'un des fondements de notre République, reste au cœur de nos valeurs républicaines.

C'est pour cette raison que l'éducation constitue une priorité pour le Gouvernement. Malgré le contexte budgétaire extrêmement contraint, que vous connaissez, mesdames, messieurs les sénateurs, je souligne que, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2011, l'éducation nationale restera le premier budget de l'État, en augmentation de 1,6 %. Ainsi, la France continue à investir dans son éducation davantage que bien des pays de l'OCDE.

L'école s'adapte aux enjeux du monde d'aujourd'hui. Si nous voulons que chaque élève quitte le système éducatif avec un diplôme, lequel constitue, notamment en période de crise, la meilleure arme qui soit pour intégrer le marché professionnel, nous devons personnaliser davantage l'enseignement. Tel est d'ailleurs l'esprit de la réforme du lycée que nous avons instaurée lors de la dernière rentrée scolaire, et tel était aussi celui de la réforme du primaire mise en place en 2008, avec la volonté d'avoir des apprentissages concentrés sur les fondamentaux et une aide personnalisée.

Nous faisons confiance aux enseignants, et c'est pourquoi nous avons voulu revoir leur formation. C'est ainsi que nous avons décidé de consacrer une année supplémentaire à leur formation initiale, en portant le niveau requis à celui du master, comme c'est le cas dans la plupart des grands pays développés.

Cette formation, d'abord fondée sur la discipline, prévoit des périodes de stage devant les élèves, en observation ou en situation, à raison de deux fois cent huit heures pendant les deux années de master, puis la mise en situation au cours de la première année des professeurs stagiaires.

M. le président. Je vous demande de conclure, monsieur le ministre.

M. Luc Chatel, ministre. En cette période difficile pour notre pays, nous envoyons un signal fort aux enseignants : moins d'enseignants, mieux rémunérés. Oui, nous assumons pleinement la politique que nous menons, qui montre que nous croyons plus que jamais en l'avenir de l'école.

M. le président. La parole est à M. Robert Tropeano, pour la réplique.

M. Robert Tropeano. Je ne vous étonnerai pas, monsieur le ministre, en vous disant que je ne suis pas d'accord avec vous.

En effet, les enseignants eux-mêmes ne sont pas satisfaits de la formation qui est prévue pour eux.

Comme vous l'avez souligné, monsieur le ministre, l'école est un pilier de la République ! Nous devons donc faire en sorte qu'elle soit au service de tous et de nos jeunes en particulier ! (Applaudissements sur certaines travées du RDSE. – Mme Odette Herviaux applaudit également.)

- page 9061

Page mise à jour le