Question de M. ALFONSI Nicolas (Corse-du-Sud - RDSE) publiée le 02/12/2011

Question posée en séance publique le 01/12/2011

M. Nicolas Alfonsi. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur.

Mardi 8 novembre, quatorze heures, un assassinat en Haute-Corse ; seize heures, un assassinat en Corse-du-Sud, à Propriano ; dix-huit heures trente, une tentative d'homicide sur trois personnes au cours de laquelle un enfant est blessé.

Telle est la sinistre litanie à laquelle est habituée la société corse.

Toutefois, parmi les vingt assassinats et les dix-sept tentatives d'homicide comptabilisés d'une manière notariale pour l'année 2011 à ce jour, et ce pour une région française qui compte 300 000 habitants, il en est un au moins dont on connaît les auteurs, je veux parler de l'organisation clandestine du FLNC.

Au-delà des trente-huit attentats, des vingt-neuf personnes prises en otage, que j'évoque pour mémoire, le FLNC affirme, dans une revendication macabre, avoir « rendu un acte de justice, car il faut être implacable avec les groupes mafieux », le mafieux, bien entendu, étant toujours l'autre.

Mes chers collègues, je vous laisse le soin de mesurer l'outrage fait ainsi à l'État : on s'érige à la fois en juge et en bourreau !

En vérité, l'argent, la cupidité, la volonté de mettre en coupe réglée une région – à dessein, je ne dis pas « un territoire » – sont généralement les seules causes de cette spirale mortifère.

N'ayant jamais partagé les gémissements des droits-de-l'hommistes ni considéré la juridiction interrégionale de Marseille comme une juridiction d'exception, j'ai l'originalité de n'avoir jamais changé d'avis et d'avoir répété depuis toujours que ces crimes, quels qu'en soient les auteurs ou les causes, ne souffraient aucune excuse, et que la place de leurs auteurs était en prison.

Je conviens que la tâche du ministre de l'intérieur est difficile dans un pays où la société civile préfère souvent jeter un regard à gauche pour éviter de voir ce qui se passe à droite – on peut la comprendre, compte tenu des défaillances de l'État depuis vingt ans, et la loi du silence ne saurait servir d'alibi au pouvoir –, mais je redoute, au moment où la présence de l'État se dissout peu à peu, au moment où la majorité régionale de gauche s'apprête à proposer de nouvelles réformes constitutionnelles, peut-être sur le modèle calédonien, oui, je redoute que la Corse ne soit appelée, avec la disparition de l'État, à connaître une sinistre période.

Or l'État peut et doit se ressaisir. Par la réactivation du pôle financier, en sommeil depuis quelques années, par des contrôles fiscaux, par de stricts contrôles de police, qui existent déjà certes, mais qui doivent être amplifiés, il dispose des moyens nécessaires pour s'investir de nouveau. Demeure une question : le veut-il ? (Applaudissements sur certaines travées du RDSE et du groupe socialiste-EELV, ainsi que sur les travées de l'UCR et de l'UMP.)

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Réponse du Ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l'État publiée le 02/12/2011

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2011

Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement. Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de Claude Guéant, qui est retenu au G6 des ministres de l'intérieur.

M. Didier Boulaud. Il est en train de vendre des Rafale !

Mme Valérie Pécresse, ministre. Je m'exprime en cet instant en son nom, mais aussi au nom du Gouvernement tout entier.

Monsieur Alfonsi, je tiens à vous dire combien nous sommes choqués, comme chacun au sein de la Haute Assemblée, par les violences qui ont ensanglanté la Corse.

M. Jean-Louis Carrère. Et vous n'y pouvez rien ?

Mme Valérie Pécresse, ministre. Nous sommes choqués par le communiqué signé du FLNC,...

M. Jean-Louis Carrère. Il ne faut pas vous contenter d'être choqués ; il faut agir !

Mme Valérie Pécresse, ministre. ... faisant l'apologie de la violence et des règlements de compte.

Nous le savons, on est ici à la frontière avec le grand banditisme.

Mesdames, messieurs les sénateurs, la République n'accepte pas ces violences, et je salue le fait que l'Assemblée de Corse se soit prononcée à l'unanimité contre ces actes.

Nous ne pouvons pas rester inactifs, nous agissons, et les résultats sont là. Claude Guéant a donné des instructions fermes pour que soit rétabli l'ordre sur tout le territoire national, notamment en Corse.

M. Jean-Jacques Mirassou. Vœu pieux !

Mme Valérie Pécresse, ministre. Depuis dix ans, on observe une baisse régulière des attentats et de la violence clandestine sur l'île. Vous le savez, monsieur Alfonsi, en 2002, on enregistrait en Corse 300 attentats ; aujourd'hui, ce chiffre, encore trop élevé, j'en conviens, n'est plus que de 61.

En Corse, le nombre d'homicides est également en forte baisse sur la même période. En 2001, on a dénombré 156 tentatives d'homicide contre 32 en 2010.

Rien de tout cela n'est dû au hasard. C'est le résultat de l'action résolue et déterminée des forces de sécurité. Ainsi, près de 1 300 interpellations ont été effectuées par la police et la gendarmerie depuis 2002. Le travail des forces de l'ordre est minutieux, de longue haleine ; il nécessite détermination et constance. Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous demande, au nom de Claude Guéant, de faire en sorte que ce travail soit soutenu par l'ensemble des forces politiques de l'île et, au-delà, de France. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UCR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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