Question de Mme LABORDE Françoise (Haute-Garonne - RDSE) publiée le 02/08/2012

Mme Françoise Laborde attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur l'urgence de renforcer la politique d'information concernant le VHC, virus de l'hépatite C : prévention, dépistage et accompagnement des malades contaminés.
Cette année s'achève le plan national 2009-2012 de lutte contre les hépatites B et C, qui a succédé à deux précédents plans quadriennaux de santé publique en 1999-2002 et 2002-2005. Aujourd'hui, en France, environ 600 000 personnes sont porteuses du VHC dont un tiers ignorent leur contamination et 220 000 sont touchées de façon chronique avec des atteintes graves de cirrhose et d'hépato carcinome. Il est donc urgent de mettre l'accent sur le dépistage systématique, notamment en centre de soins, comme cela est fait pour le virus du SIDA. Une personne infectée par le VHC est en danger et représente un risque de contamination important pour son entourage alors même qu'il n'existe pas de vaccin pour le VHC.
Le VHC, découvert avec ses différents génotypes en 1992 est un fléau mondial, ignoré de la plupart des Français en raison d'un manque cruel de médiatisation. L'infection aiguë, rarement découverte car asymptomatique, guérit entre 6 et 12 mois avec trois injections d'interféron en sous-cutané par semaine, pour seulement 2 % d'échec. La chronicité s'installe 6 mois après la contamination. Les médecins généralistes doivent être particulièrement attentifs aux symptômes de la maladie : fatigue non explicable, douleurs diffuses sans nom, nausées, perte d'appétit… Ils doivent ensuite orienter le malade vers un hépatologue qui le soignera en fonction de ses atteintes.
Le VHC est un virus à évolution très lente. Cette caractéristique rend son diagnostic difficile et retarde malheureusement trop souvent la prise en charge médicale des personnes contaminées.
C'est pourquoi, elle lui demande de mettre en place de toute urgence des actions de prévention pour lutter efficacement contre le virus de l'hépatite C, d'une part auprès de la population et d'autre part auprès du corps médical, par exemple à travers des actions de formation des médecins généralistes mais aussi des dentistes et autres professionnels concernés.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 20/12/2012

En France, l'enquête de prévalence de 2004 de l'Institut national de veille sanitaire (InVS) a montré qu'environ 367 000 personnes ont été en contact avec le virus de l'hépatite C (VHC) parmi lesquelles 230 000 personnes ont une infection chronique, et que 56 % d'entre elles seulement connaissent leur statut sérologique. La mortalité directement imputable à l'hépatite C a été évaluée pour l'année 2001 à environ 2640 décès. La prévalence du VHC est plus élevée chez les usagers de drogue (60 %), les personnes détenues (4,8 %), les migrants originaires de pays d'endémie élevée ou modérée (de 3 % à plus de 10 % selon les pays), les personnes en situation de précarité (2,5 %) que dans la population générale (0,84 %). Ce virus se transmet essentiellement par le sang. Cette transmission est liée dans les pays industrialisés à l'usage de drogues par voie intraveineuse ou nasale. La transfusion sanguine avant 1992 et certains soins (dialyse, endoscopies, injections) jusqu'à la fin des années 1990 ont joué un rôle dans la transmission de ce virus en France mais sont maintenant très rarement en cause, du fait de la mise en place des mesures d'hygiène et de contrôle. Le tatouage et le perçage ont également été décrits comme à risque de transmission en cas de non-respect des bonnes pratiques (asepsie, matériel à usage unique, stérilisation du matériel). La transmission materno-fœtale est rare (inférieure à 5 %), de même que la transmission sexuelle. La prévention de la transmission du VHC repose, chez les usagers de drogues, sur la politique de réduction des risques (programmes d'échange de seringues, diffusion du Stéribox®, développement des traitements de substitution). Conscient de l'enjeu de santé publique représenté par les hépatites virales, le ministère de la santé s'est fixé comme objectifs de réduire la transmission des virus B et C, de renforcer le dépistage pour permettre une prise en charge aussi précoce que possible, d'adapter les mesures nécessaires au milieu carcéral et de développer la surveillance épidémiologique et la recherche. L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé mène des actions d'information sur la prévention des hépatites virales et de promotion de leur dépistage auprès des professionnels de santé et des groupes cibles concernés (articles scientifiques, brochures, affichettes, magazines, émissions de radio, ...) ; il développe aussi des actions de communication en direction des média et des relais professionnels ou institutionnels (participation à des congrès ou journées de formation, soutien à Hépatites Infos service, etc.). L'activité de dépistage du VHC par les tests sérologiques augmente régulièrement ; ainsi le nombre de tests remboursés par l'assurance maladie est passé de 0,96 million en 2000 à 1,86 millions en 2010. Des dépistages du VHC sont proposés systématiquement aux toxicomanes dans les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie ainsi qu'aux détenus lors de leur entrée en prisons. Des tests rapides d'orientation diagnostique sont disponibles sur le marché français ; ils sont en cours d'évaluation par l'agence nationale de sécurité du médicament et la Haute Autorité de santé, afin de préciser secondairement leur stratégie d'utilisation pour faciliter l'accès au dépistage des personnes exposées. La prise en charge des personnes atteintes d'hépatite chronique C se trouve transformée par l'arrivée de nouvelles méthodes diagnostiques et thérapeutiques. Le diagnostic de l'infection chronique est facilité grâce à l'utilisation de tests non invasifs pour mesurer la fibrose du foie à la place de la biopsie hépatique. Par ailleurs, de nouveaux traitements permettent maintenant de guérir 70 % à 80 % des hépatites chroniques C. Le remboursement depuis août 2012 des nouvelles molécules d'antiprotéases va entraîner une augmentation des patients à traiter, nécessitant une adaptation de leur prise en charge, d'autant plus qu'il a été montré que l'éducation thérapeutique de ces patients améliore l'observance et les résultats des traitements. Les agences régionales de santé ont labellisé en 2011 quatorze programmes d'éducation thérapeutique portant sur la prise en charge des hépatites virales chroniques, d'autres vont l'être en 2012. Sur le plan médico-social, ces dernières années, les appartements de coordination thérapeutique se sont ouverts à l'accueil des patients atteints d'hépatites virales qui représentent ainsi, en 2011, environ 15 % des résidents. La Haute Autorité de santé, en 2011, a recommandé une stratégie de dépistage biologique de l'hépatite C et a actualisé à destination des médecins la liste des actes et des prestations concernant cette maladie.

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