Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 13/09/2012

M. Jacques Legendre attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur les menaces qui pèsent sur les bâtiments de style néo-gothique en France.

Le néo-gothique a représenté un moment de l'architecture française au XIXe siècle. Mais ce style est actuellement peu considéré et menacé par une vague de projets de destruction.

C'est par exemple actuellement à Paris le cas de l'église Sainte-Rita, dans le XVème arrondissement.

Aussi, il lui demande si une réflexion est actuellement menée ou envisagée par ses services afin d'assurer la conservation raisonnable de certains édifices représentatifs de ce geste architectural en France.

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 06/12/2012

Le ministère de la culture et de la communication est confronté de manière récurrente à ces problématiques. La première est celle de la prise en compte de l'architecture néo-gothique en France. Cette architecture qui a connu, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, un formidable engouement, a été largement décriée et dépréciée au XXe siècle, avant de faire l'objet d'une véritable reconnaissance. Résultant parfois de recherches approfondies sur l'architecture médiévale, ce style néo-gothique a donné naissance à une production très abondante, au sein de laquelle se distinguent bien entendu des réalisations d'intérêt et de qualité très variables. Aujourd'hui, plusieurs centaines d'édifices néo-gothiques sont protégés au titre des monuments historiques. Il s'agit d'édifices aussi divers que l'ancien asile d'aliénés du Bon Sauveur à Caen, inscrit en 2010, le temple protestant du Salin à Toulouse, classé en 1990, l'ancienne Caisse d'Épargne de Loches, inscrite en 2000, ou le spectaculaire château de Gaillefontaine, classé en 2001. De nombreux objets mobiliers néo-gothiques, souvent religieux, mais parfois civils, sont également protégés au titre des monuments historiques. Une campagne thématique de protection d'églises du XIXe siècle, dont la plupart de style néo-gothique, a été conduite dans les années 2000 par la direction régionale des affaires culturelles des Pays-de-la-Loire, et a abouti à de nombreuses mesures d'inscription. Le 13 décembre 2010, la commission nationale des monuments historiques a émis un avis favorable au classement en totalité de l'église Saint-Pierre de Bouvines, construite par Normand de 1880 à 1886, et abritant un spectaculaire programme de vitraux de Champigneulles. Le style néo-gothique n'est donc plus, aujourd'hui, négligé par le ministère de la culture et de la communication. Toutefois, le style néo-gothique a notamment été utilisé pour la construction d'églises. Or, de nombreux édifices du culte sont aujourd'hui très peu utilisés, en raison de la baisse de la pratique religieuse, de la crise des vocations des prêtres et du regroupement consécutif des paroisses. Ces édifices représentent une charge très lourde pour les communes, généralement propriétaires, au regard d'un usage qu'elles considèrent parfois comme insuffisant pour justifier les dépenses nécessaires à leur conservation. Pour les édifices que leur importance historique ou leur qualité artistique l'a conduit à protéger au titre des monuments historiques, l'État apporte son concours technique et financier. Pour les autres, qui ne sont généralement pas, loin s'en faut, dépourvus d'intérêt architectural, les communes peuvent bénéficier de l'aide de certaines collectivités territoriales (les crédits consacrés par l'État au patrimoine rural non protégé ayant été transférés aux départements en 2004, dans le cadre de la loi sur les libertés et responsabilités locales), d'associations, comme la Sauvegarde de l'art français, de la Fondation du patrimoine et de certains mécènes. Si l'église est souvent l'édifice le plus ancien d'un village, et celui dans lequel se concentre l'essentiel de son patrimoine artistique, immobilier ou mobilier, le ministère de la culture et de la communication ne peut envisager la protection au titre des monuments historiques de l'ensemble des églises de France. Des choix sont donc nécessaires, qui sont opérés avec l'aide, dans chaque région, de la commission régionale du patrimoine et des sites et, au niveau national, de la commission nationale des monuments historiques. S'agissant de l'église Sainte-Rita à Paris, et comme l'a constaté récemment la Commission du vieux Paris, elle ne peut être considérée comme une manifestation importante de l'architecture néo-gothique, ni en termes historiques, ni en termes artistiques. Le ministère de la culture et de la communication n'envisage donc pas d'adopter, en ce qui la concerne, une mesure de protection au titre des monuments historiques, et ne peut intervenir en faveur de sa conservation.

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