Question de M. CAMBON Christian (Val-de-Marne - UMP) publiée le 15/11/2012

M. Christian Cambon interroge Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur le bilan à mi-parcours du plan national d'actions contre les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Les accidents vasculaires cérébraux représentent la troisième cause de mortalité derrière les maladies cardiovasculaires et le cancer. Mais c'est la première cause d'invalidité lourde et la deuxième cause de démence (après la maladie d'Alzheimer). En France, chaque année 130 000 personnes sont victimes d'un AVC, la moitié en garderont de graves séquelles et près de 50 000 en meurent.

L'AVC ne frappe pas que les personnes âgées. Chaque année 10 000 à 15 000 personnes de moins de 45 ans en pleine activité voient leur vie bouleversée par un AVC. Parallèlement au vieillissement de la population, le nombre d'AVC augmente et représente dès aujourd'hui un grave problème de santé publique. On constate également de fortes disparités géographiques en matière de séquelles d'AVC, les DOM et le Nord étant jusqu'à deux fois plus touchés que les autres régions, et, à l'inverse, la région parisienne affichant une prévalence plus faible que la moyenne. Malgré ce bilan dramatique, l'AVC reste méconnu, tant du grand public que des professionnels de santé.

Une journée mondiale lui a été consacrée le 29 octobre 2012. L'objectif de cette journée était de sensibiliser le public afin de lui apprendre à réagir plus rapidement et donc à limiter les conséquences graves de l'AVC. Un plan national d'actions contre les AVC 2010-2014 a été mis en place par le précédent Gouvernement. Il a pour objectifs d'inciter la population à prévenir, de dépister et de traiter les facteurs de risques qui favorisent l'AVC et de réduire le risque de séquelles en apprenant à agir vite face aux premiers symptômes.

Il lui demande un bilan à mi-parcours du plan national d'actions de lutte contre l'AVC et les mesures de sensibilisation que le Gouvernement souhaite prendre afin de lutter contre ce grave problème de santé publique.

- page 2566


Réponse du Ministère chargé de la décentralisation publiée le 30/10/2013

Réponse apportée en séance publique le 29/10/2013

M. Christian Cambon. Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé, et concerne le bilan à mi-parcours du plan national d'actions contre les accidents vasculaires cérébraux.

Les AVC représentent, ce que peu de personnes savent, la troisième cause de mortalité, derrière les maladies cardiovasculaires et le cancer. Elles sont malheureusement la première cause d'invalidité lourde et la deuxième cause de démence, après la maladie d'Alzheimer.

En France, chaque année, 130 000 personnes sont victimes d'un AVC, la moitié en garderont de graves séquelles et près de 50 000 en meurent.

Aujourd'hui, le nombre de lits en soins intensifs pour accueillir les patients est nettement insuffisant. Les équipes médicales travaillent à flux tendu et doivent trouver des solutions à chaque appel des urgences et du SAMU, pour pouvoir trouver un lit.

Cette filière AVC doit être renforcée avec des équipes médicales et paramédicales spécifiquement dédiées au combat contre ce fléau. L'accès à une imagerie de pointe IRM doit être également facilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, ainsi que le travail des réseaux de soins et les relations entre l'hôpital et la médecine de ville.

L'AVC ne frappe pas que les personnes âgées, c'est un lieu commun qu'il convient de combattre. Chaque année, 10 000 à 15 000 personnes de moins de quarante ans en pleine activité voient leur vie bouleversée par un AVC.

Parallèlement au vieillissement de la population, le nombre d'AVC augmente et représente dès aujourd'hui un grave problème de santé publique.

On constate également de fortes disparités géographiques en matière de séquelles d'AVC, les départements d'outre-mer et le Nord étant jusqu'à deux fois plus touchés que les autres. À l'inverse, la région parisienne affiche une prévalence plus faible que la moyenne.

Malgré ce bilan inquiétant, pour ne pas dire dramatique, l'AVC reste méconnu tant du grand public que des professionnels de santé. Une journée mondiale lui est consacrée aujourd'hui, en ce 29 octobre. L'objectif de cette journée est de sensibiliser le public afin de lui apprendre à réagir plus rapidement, et donc à limiter les conséquences graves de l'AVC. La presse nationale d'aujourd'hui a consacré quelques articles importants à ce sujet.

Dans chaque département, on se mobilise. C'est le cas dans le mien, le Val-de-Marne, puisque les équipes médicales et paramédicales de l'hôpital Henri-Mondor, à Créteil, ont organisé des ateliers et mis en place des stands d'information ; de même est prévue une conférence animée par le professeur Hassan Hosseini, responsable de l'unité neuro-vasculaire, dont je ne peux que saluer l'engagement personnel pour la meilleure connaissance de cette tragique maladie.

Les services de neurologie, de neuroradiologie, de médecine physique, de réadaptation, de diététique, du SAMU et des sapeurs-pompiers se sont mobilisés pour participer à cette journée. Il doit y avoir plusieurs initiatives de ce type dans d'autres départements.

Déjà organisée l'année dernière, cette manifestation propose des outils pour apprendre à réagir efficacement lors des premiers symptômes. Un plan national d'actions contre les AVC 2010-2014 a été mis en place par le précédent gouvernement. Il a pour objet d'inciter la population à prévenir, dépister et traiter les facteurs de risques qui favorisent l'AVC. L'objectif est de réduire le risque de séquelles en apprenant à agir vite face aux premiers symptômes.

Je souhaite donc connaître, madame la ministre, le bilan à mi-parcours du plan national d'actions de lutte contre l'AVC et les mesures de sensibilisation que le Gouvernement veut prendre afin de lutter contre ce grave problème de santé publique.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée auprès de la ministre de la réforme de l'État, de la décentralisation et de la fonction publique, chargée de la décentralisation. Monsieur le sénateur, votre question était adressée à Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, qui est aujourd'hui retenue par le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Elle vous prie de bien vouloir l'en excuser et m'a demandé de vous répondre.

Je vous remercie de votre plaidoyer en faveur de la journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux. Je salue l'action menée dans votre département. Vous avez cité l'hôpital Henri-Mondor. D'autres départements ont également pris un certain nombre d'initiatives pour faire connaître les dangers de l'AVC, ce véritable fléau qui est non pas la troisième, mais la deuxième cause de mortalité en France, avec près de 180 000 décès annuels.

L'incidence des accidents vasculaires cérébraux reste stable avec non pas 130 000 cas, mais 150 000 cas par an. Il faut noter que ce taux d'incidence est multiplié par deux après cinquante-cinq ans, même si une étude toute récente fait apparaître que les plus jeunes, y compris ceux de vingt ans, sont eux aussi affectés par ce risque.

Les maladies vasculaires cérébrales restent liées principalement à l'athérosclérose, dont l'hypertension artérielle est l'un des principaux facteurs de risque, aux maladies cardiaques emboliques, mais aussi, en amont, ce qui explique les problèmes des jeunes, aux comportements nutritionnels et au tabagisme.

Dans ce cadre, différentes actions de prévention et d'offres de soins ont été menées par le ministère des affaires sociales et de la santé, pour une part de nature générale concernant l'ensemble des pathologies cardio-neuro-vasculaires.

Comme vous l'avez mentionné, le plan AVC 2010-2014 est en cours. Il conviendra, à échéance, d'en assurer l'évaluation. D'ores et déjà, un certain nombre de bilans ont pu être réalisés et des actions structurantes ont été mises en œuvre sans attendre la fin de ce plan.

Les principales réalisations sont de cinq ordres : d'abord, l'ouverture d'unités neuro-vasculaires sur tout le territoire ; la modification de l'autorisation de mise sur le marché du médicament Actilyse ; la diffusion d'un guide méthodologique de l'organisation des filières AVC ; les expériences pilotes régionales du télé-AVC quelles que soient les configurations territoriales, et vous avez insisté sur les différences entre les régions ; enfin, le lancement de nouveaux registres AVC.

Ces cinq mesures sont essentielles.

La campagne annuelle destinée au grand public, dont celle que nous vivons aujourd'hui, autour de la démarche d'appel du 15 en cas d'accident vasculaire aigu, a fait l'objet d'une évaluation qui s'est révélée positive. Cette campagne a donc été renforcée, elle est radiodiffusée, et elle allie désormais les initiatives régionales professionnelles et associatives à l'annonce nationale.

Il faut également rappeler que la ministre des affaires sociales et de la santé a lancé le 31 mai dernier une stratégie globale de lutte contre le tabagisme comprenant de nombreuses mesures pour diminuer la consommation de tabac, notamment chez les jeunes et les femmes.

Enfin, monsieur le sénateur, la nouvelle stratégie nationale de santé lancée le 23 septembre dernier doit permettre une refonte en profondeur du système de santé pour faire face aux défis futurs. Ce nouveau cadre de l'action publique pour les années à venir répondra particulièrement aux enjeux liés aux accidents vasculaires cérébraux, que vous avez bien eu raison d'évoquer en cette journée mondiale qui leur est consacrée.

M. le président. La parole est à M. Christian Cambon.

M. Christian Cambon. Je vous remercie de votre intéressante réponse, madame la ministre. Je serai moi-même cet après-midi à l'hôpital Henri-Mondor pour faire part des éléments que vous m'avez communiqués.

Je suis satisfait de constater que cette action, qui a été engagée par le gouvernement précédent, n'a pas été remise en cause, et qu'au contraire vous affirmez vouloir l'intensifier.

Effectivement, les AVC sont un très grave fléau. Il faut intensifier les mesures d'équipement, notamment en matière d'IRM. Plusieurs reportages télévisés ont montré récemment qu'il existait des disparités indignes de notre pays, alors que les États voisins sont manifestement beaucoup mieux dotés que nous. Or le degré de rapidité de la réaction des équipes médicales passe aussi par ce niveau d'investigation. Il y a quinze jours, l'un de mes collaborateurs à la mairie de Saint-Maurice, âgé de moins de quarante ans, a été touché par un AVC ; il restera paralysé.

Je puis vous dire que c'est un véritable drame pour les familles. Je vous encourage évidemment à intensifier vos efforts pour combattre ce fléau. La représentation nationale vous aidera en ce sens.

- page 10625

Page mise à jour le