Question de Mme BLONDIN Maryvonne (Finistère - SOC) publiée le 13/12/2012

Mme Maryvonne Blondin appelle l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur la place des artistes et créateurs en situation de handicap.

L'accès et la participation de toutes et de tous, quel que soit le handicap, à la vie culturelle sont essentiels. Ce droit fondamental, dont la jouissance doit être assurée dans des conditions d'égalité, est au cœur des droits de l'homme puisqu'il favorise le développement de l'esprit critique, une meilleure compréhension de l'autre et le respect mutuel. Il contribue ainsi à renforcer la citoyenneté démocratique et la cohésion sociale, à construire le bien vivre ensemble. Indispensable à l'épanouissement de tous et au maintien du lien social, la culture suppose donc l'équité et la justice.

La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées – dont la mise en œuvre dans tous ses aspects est prévue pour 2015 – constitue bien une avancée essentielle dans la prise en compte de la situation des personnes à besoins spécifiques. Mais l'accessibilité, si elle est sociale, doit être culturelle mais aussi créative. En effet, au-delà de l'amélioration de l'accessibilité aux équipements culturels, c'est la place des artistes et créateurs en situation de handicap dans le paysage culturel qui reste à valoriser. Des associations comme le Centre Ressources Théâtre Handicap œuvrent avec opiniâtreté et mènent des actions positives en ce sens. Mais le chemin est encore long. La question de l'acceptation de l'autre est toujours posée.

Aussi, elle souhaite savoir quels sont les leviers de soutien qu'elle envisage afin de renforcer la valorisation des créateurs et artistes en situation de handicap et de traduire, de façon effective et équitable dans la réalité, la participation de chacun à la vie culturelle.

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Transmise au Ministère de la culture et de la communication


Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 15/05/2014

L'attention de la ministre de la culture et de la communication a été appelée sur les leviers envisagés pour renforcer la valorisation des créateurs et artistes en situation de handicap, afin de maintenir le développement de la mixité et de l'égalité professionnelle de tous, sans distinction. Le premier levier se situe au niveau de la formation qui doit permettre, en proposant des modalités d'organisation et des cursus adaptés, d'intégrer les personnes en situation de handicap dans les mêmes cours et établissements que les autres étudiants. Dans cette perspective, les services de la direction générale de la création artistique en charge de la formation et de l'enseignement supérieur culture (sous-direction à l'emploi et à la formation et département des écoles supérieures d'art) ont ainsi pu : élaborer des référentiels de formation pour les diplômes du domaine des arts plastiques : diplôme national d'arts et techniques (DNAT), diplôme national d'arts plastiques (DNAP) et diplôme national supérieur d'expression plastique (DNSEP), options arts, communication et design ; lancer la réflexion pour construire de tels référentiels dans les domaines d'enseignement du spectacle vivant. Par un courrier en date du 21 décembre 2012, le directeur général de la création artistique a également invité les directrices et directeurs des centres de formation supérieure à l'enseignement de la danse et de la musique (CEFEDEM) et des pôles d'enseignement supérieur artistique à compléter les enseignements qu'ils dispensent par des formations spécifiques permettant l'inclusion des personnes handicapées et à se rapprocher pour ce faire d'associations pouvant les accompagner dans ce travail. Par ailleurs, l'ouverture à la différence et l'accueil du handicap passe aussi par la sensibilisation et par la prise en compte du handicap dans la démarche créative. Il est ainsi possible, pour les étudiants en situation de handicap, d'obtenir des aménagements de la scolarité et des examens : preneurs de notes, répétiteurs ou enseignements particuliers pour des travaux dirigés, interprètes en LSF (langue des signes française), équipement informatique adapté... Quelques écoles dépendant du ministère de la culture et de la communication ont mis en place un référent handicap désigné (l'École nationale supérieure des beaux-arts Paris, l'École nationale supérieure des arts décoratifs, les écoles nationales supérieures d'architecture, l'École nationale supérieure des métiers de l'image et du son, l'école de l'Institut national supérieur de l'audiovisuel (INA-Sup), l'École du Louvre et quelques écoles du spectacle vivant). Plusieurs écoles ont engagé des projets pilotes à cet égard, tout en accueillant des étudiants handicapés. C'est le cas de l'École supérieure d'art et design d'Amiens, option « design ». Un projet d'analyse graphique de la gestuelle de la LSF, « Gestual script » est porté par 4 jeunes chercheurs, anciens étudiants, et des enseignants. Un autre projet, « Itoip », propose une interface numérique pour des personnes non-voyantes, avec une souris braille. La dimension du handicap peut même faire partie intégrante du projet d'établissement, comme à l'École supérieure d'art et design de Marseille-Méditerranée (ESADMM), qui a monté « Pisourd », un dispositif d'accueil des étudiants sourds, propice à stimuler l'imagination. Enfin, le ministère de la culture et de la communication (direction générale de la création artistique) soutient des associations telles que « Musique et situation de handicap », qui met en œuvre un centre ressource national et un accompagnent pédagogique dans le domaine de la musique en faveur des personnes handicapées, ou encore le « Centre ressources théâtre handicap », pour son action de développement du fonds théâtral sonore et du centre ressources dans le domaine du théâtre. En outre, le ministère de la culture et de la communication accorde un soutien financier à des projets particulièrement innovants comme, en 2012, celui de la « compagnie Acajou » pour la réalisation d'un outil pédagogique destiné à permettre la pratique chorégraphique de personnes déficientes visuelles, en s'appuyant sur la notation Laban.

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