Question de M. LECONTE Jean-Yves (Français établis hors de France - SOC) publiée le 01/02/2013

Question posée en séance publique le 31/01/2013

Concerne le thème : Le commerce extérieur

M. Jean-Yves Leconte. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi fixe l'objectif d'un équilibre de la balance commerciale hors énergie pour 2017. C'est un objectif très ambitieux, qui représente 25 milliards d'euros supplémentaires à l'export et qui nécessite de revenir sur le démantèlement du service public de soutien à l'exportation mis en œuvre lors du précédent quinquennat, démantèlement dont nous voyons aujourd'hui les conséquences sur notre balance commerciale.

Dans cette optique, depuis votre arrivée au ministère du commerce extérieur, de nouveaux outils et de nouvelles orientations se mettent en place. Ainsi, un partenariat État-régions a été établi, reconnaissant les régions comme « pilotes de l'export ». On a également confié à la Banque publique d'investissement la mission d'assurer le financement de l'internationalisation de nos entreprises. En outre, la politique du chiffre d'UBIFRANCE a été abandonnée au profit d'un suivi plus qualitatif de l'accompagnement de nos entreprises. Enfin, un ciblage pays-secteurs a été élaboré, vous l'avez rappelé, madame la ministre.

Dans mon intervention de novembre 2011 sur le budget d'UBIFRANCE, je rappelais une grande part des critiques formulées tant par les acteurs de terrain que par la Cour des comptes sur l'orientation donnée à cet organisme par le gouvernement Fillon.

Je soulignais en particulier deux points.

Premièrement, il y a urgence à assurer une complémentarité totale entre les acteurs de terrain – les chambres de commerce françaises à l'étranger au premier chef, mais aussi nos communautés d'affaires – et l'ensemble des institutions françaises ayant l'ambition d'intervenir sur cette question – particulièrement UBIFRANCE et les missions économiques et commerciales –, qui doit jouer tant dans la définition des priorités que dans l'action de soutien aux entreprises.

Deuxièmement, en raison du déficit record de notre balance commerciale, tous les services de l'État doivent se mobiliser.

Dans beaucoup de pays, l'absence de mission économique et commerciale ou de mission UBIFRANCE fait que notre ambassade se retrouve seule pour l'accompagnement de nos entreprises. Dès lors, ne faudrait-il pas densifier géographiquement notre réseau UBIFRANCE pour mieux coller aux besoins et spécificités d'un grand nombre de pays, plutôt que de constituer de grands bureaux compétents sur de nombreux pays et dont les moyens peuvent faire double emploi avec ceux des chambres de commerce ?

Parfois, la structure de l'économie du pays cible, ses projets d'infrastructures ou l'absence d'expertise privée française locale, qu'il convient pourtant de favoriser, rendraient indispensable l'existence d'un service de soutien à l'export sur place.

Cette même préoccupation me conduit à vous interroger sur la complémentarité des rôles de vos services, des ambassadeurs et des plénipotentiaires du Gouvernement qui ont été nommés pour la Chine, l'Algérie ou la Russie, ou encore sur la complémentarité des rôles des conseillers du commerce extérieur et des conseils économiques annoncés par Laurent Fabius en août 2012.

Comment permettre au service public de l'export d'avoir une connaissance aussi fine que possible des opportunités qui s'offrent à nos entreprises et des moyens de les saisir ?

Comment mieux mobiliser les opérateurs français vivant à l'étranger au service de nos ambitions, sans que cela fasse doublon avec UBIFRANCE ?

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Réponse du Ministère du commerce extérieur publiée le 01/02/2013

Réponse apportée en séance publique le 31/01/2013

Mme Nicole Bricq, ministre. Comme moi, vous parcourez le monde, monsieur Leconte ; nous nous croisons d'ailleurs quelquefois.

UBIFRANCE, notre opérateur commercial, a pour mission d'aider nos PME et PMI à se projeter à l'étranger.

Avec Jean-Marc Ayrault, nous avons souhaité réorganiser la manière de travailler de cet organisme, en nous gardant de toute réforme de structure qui nous aurait emmenés trop loin et aurait pris trop de temps.

En revanche, nous avons décidé qu'UBIFRANCE, plutôt que de faire du quantitatif, ferait du qualitatif, en accompagnant dans la durée, sur trois ans, 1 000 PME innovantes et ETI indépendantes chaque année. Croyez-moi, mesdames, messieurs les sénateurs, c'est un vrai challenge !

La semaine dernière, UBIFRANCE m'a présenté son plan de montée en charge : 250 entreprises en 2013, 600 en 2014 et 1 000 en 2015. Je ne doute pas que ces objectifs seront atteints.

De la même manière, nous avons décidé d'augmenter le nombre de volontaires internationaux en entreprise, ces jeunes qui partent à l'étranger au service d'une PME ou d'un grand groupe, et qui sont parfois aidés, pour partie, par les régions. J'en profite pour rendre hommage à l'action de ces collectivités : quand elles s'impliquent, elles le font très bien ; il faut simplement qu'elles le fassent encore davantage !

Ces jeunes sont actuellement 7 400 et nous souhaitons, en trois ans, porter leur nombre à 9 000. Là encore, c'est un vrai challenge, qui doit mobiliser tout le monde, grands groupes comme petites entreprises. Et les grands groupes doivent aider les plus petites entreprises à bénéficier elles aussi de l'apport que représentent ces volontaires.

Vous avez également évoqué la présence des services de l'État à l'étranger. Quand on dit aux représentants d'UBIFRANCE : vous devez aller au Kenya, parce que c'est un pays porteur, qui fait partie de la liste des quarante-sept, ils s'implantent dans ce pays. Quand on leur dit : vous devez très vite prendre place en Birmanie, car la concurrence y est déjà implantée, ils le font. Cela impose des redéploiements, car je vous rappelle que nous sommes soumis, comme les autres, aux contraintes des finances publiques, qui imposent de faire des économies. Cela nous oblige à être meilleurs.

Quant aux chargés de mission nommés par mon collègue ministre des affaires étrangères, ils font partie de la panoplie de la diplomatie économique. J'y vois, en priorité, une aide au commerce extérieur. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Leconte, pour la réplique.

M. Jean-Yves Leconte. Je salue la mobilisation et les réorientations qui sont annoncées, de même que le renforcement du rôle de l'État à l'export.

Je salue aussi la réflexion sur les normes, un outil très important pour arriver à exporter.

Il me semble qu'une réflexion sur les marchés publics à l'exportation mériterait aussi d'être menée.

En vérité, c'est une véritable révolution culturelle que nous devons opérer pour remettre l'industrie au cœur de notre économie. C'est un véritable projet de société, qui dépasse la simple relance de nos exportations.

Parce qu'il n'y aura pas d'exportation sans production, et parce que, à terme, il n'y aura pas non plus d'emplois ni de civilisation sans production, il faut remettre la production au centre de l'économie.

Madame la ministre, vous êtes au premier rang pour accomplir cette révolution culturelle.

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