Question de M. CAMBON Christian (Val-de-Marne - UMP) publiée le 17/05/2013

Question posée en séance publique le 16/05/2013

Concerne le thème : Politique de lutte contre le terrorisme dans notre pays

M. Christian Cambon. Monsieur le ministre, un peu plus d'un an s'est écoulé depuis le dramatique attentat de Toulouse et l'affaire Merah n'en finit pas d'alimenter les controverses et le débat sur les imperfections, réelles ou supposées, de notre système intérieur de protection.

Mais, en l'espace d'un an, le contexte s'est hélas ! considérablement dégradé. La situation au Sahel, et plus particulièrement au Mali, a contraint le France à intervenir militairement dans les conditions que l'on sait. Ce faisant, notre pays s'est également exposé à des risques de représailles singulièrement élevés.

De fait, les appels de chefs djihadistes à frapper les intérêts français partout dans le monde commencent à être suivis d'effets. J'en veux pour preuve l'attentat contre notre ambassade à Tripoli et la tentative d'attentat contre notre ambassade au Caire.

Ce sont là des signaux de danger qui nous alertent sur les risques que court la France de voir son propre territoire touché par ces attentats. Autour de nous, les exemples font frémir, avec l'Algérie, à In Amenas, les États-Unis, à Boston, et la Turquie dernièrement. Ainsi, même des États particulièrement bien armés pour lutter contre le terrorisme aveugle peuvent être touchés en leur cœur !

Un djihadiste français a été interpellé, qui appelait à importer sur notre territoire la guerre sainte. Cela doit nous sensibiliser à une réalité nouvelle : de jeunes Français vont s'entraîner dans des camps en Afghanistan ou au Pakistan et reçoivent une formation au djihad dans ces pays où les groupes terroristes sont implantés. Ils peuvent en outre, comme Merah, comme cela s'est passé à Boston, à Londres, à Madrid, dans des attentats précédents, trouver sur le territoire national des complicités, mais aussi des approvisionnements en armes et explosifs.

Face à ces dangers, nos concitoyens sont réellement inquiets.

Monsieur le ministre, je voudrais simplement savoir si le niveau de coopération européenne est suffisant pour nous aider à traquer l'ensemble de ces individus. En effet, la réponse ne peut pas être nationale. La France est particulièrement exposée et l'Europe doit nous aider ! Quelle action menez-vous en ce sens ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/05/2013

Réponse apportée en séance publique le 16/05/2013

M. Manuel Valls, ministre. Monsieur Cambon, en écho à vos propos très justes, je voudrais vous livrer quelques chiffres.

Depuis 2001, au total, plus de 200 volontaires ont quitté la France pour s'engager dans une filière djihadiste ; 17 d'entre eux sont morts dans les zones de combat, 69 séjournent actuellement sur notre territoire.

À partir de 2012, l'augmentation des départs de volontaires vers la Syrie constitue, en revanche, une véritable rupture. En seulement un an et demi, plus d'une centaine de personnes se sont rendues sur ce théâtre de guerre, soit un contingent de 60 % du total des volontaires. On relève même le départ d'individus mineurs dénués d'expérience religieuse, qui s'engagent sur un coup de tête.

Ce phénomène touche d'autres pays, au Maghreb mais aussi en Europe, ce qui nous conduit - et je pense en particulier à nos amis belges - à renforcer la coopération, l'échange d'informations et bien entendu le travail en commun.

Mais nous faisons face à ce qui constitue un véritable danger, pour nous et pour nos intérêts, par l'engagement de nos services de renseignement. Ainsi, toujours en 2012, 78 personnes ont été interpellées par la DCRI dans le cadre de la lutte antiterroriste, contre 47 en 2011. Depuis le début de l'année, on compte déjà 38 interpellations, qui ont donné lieu à 12 mises sous écrou.

Cela signifie bien, en écho également aux propos d'Alain Richard, qu'une menace concrète existe et qu'elle ne relève pas seulement du fantasme ou d'une volonté de stigmatisation. Elle repose sur des faits réels, la situation très dégradée au Sahel, en Libye, en Tunisie et bien sûr en Syrie, ainsi que sur des filières que nous devons combattre par la coopération internationale et le travail de nos services de renseignement.

M. le président. La parole est à M. Christian Cambon, pour la réplique.

M. Christian Cambon. Je voudrais remercier M. le ministre de nous avoir fourni ces données chiffrées et de prendre en compte ce risque bien réel.

Je souhaite juste revenir sur un point : la nécessité de mobiliser l'ensemble des pays européens. Une conférence des ministres européens devrait peut-être être organisée sur ce thème, car le danger peut se concrétiser et faire irruption par les très nombreuses frontières encore trop lâches de l'Europe.

M. René Garrec. Très bien !

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