Question de M. HOUPERT Alain (Côte-d'Or - UMP) publiée le 08/05/2015

Question posée en séance publique le 07/05/2015

Concerne le thème : La forêt française

M. Alain Houpert. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la forêt est obscure et j'espère que nos interventions laisseront filtrer quelques de rais de lumière.

Si Yannick Botrel et moi-même avons présenté, le mois dernier, au nom de la commission des finances, un rapport intitulé Faire de la filière forêt-bois un atout pour la France, c'est parce que notre pays n'est pas la puissance forestière qu'il pourrait être.

Notre travail, appuyé sur une enquête de la Cour des Comptes, a permis de démontrer que la politique forestière est aujourd'hui sans stratégie, sans pilote et sans résultats. Les cinq ministères qui mettent en œuvre un ou plusieurs volets de cette politique adoptent, chacun dans leur coin, une vision des enjeux qui leur est propre.

Ma première question, madame la secrétaire d'État, est issue de ce constat : quand et selon quelles modalités allez-vous construire un lieu de concertation et de décision interministérielle pour cette filière ? Il s'agit d'une urgence impérative pour la construction d'un pilotage stratégique de la filière, première de nos recommandations.

Par ailleurs, la France a fait le choix d'un modèle économique de pays en développement. Cette politique se reflète dans les graves déséquilibres entre l'exportation de bois brut et l'importation de produits transformés. C'est cette situation qui conduit à un déficit commercial de la filière de 6 milliards d'euros par an, soit 10 % du déficit total de la balance commerciale de notre pays. Quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre pour rétablir l'équilibre économique de la filière ? Quel regard porte-t-il sur les sept recommandations que Yannick Botrel et moi-même avons formulées dans notre rapport ?

Je souhaite plus particulièrement, madame la secrétaire d'État, que vous nous indiquiez vos réactions sur trois de nos sept préconisations : rapprocher les interprofessions et autres organisations professionnelles ;…


M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.


M. Alain Houpert. … tourner l'Office national des forêts, l'ONF, vers une logique de performance et de résultats ; réorienter les aides à l'aval, en stabilisant les soutiens au bois-énergie et en soutenant davantage le bois d'œuvre, tout particulièrement le secteur de l'ameublement made in France.

En bref, comment entendez-vous faire enfin de la filière forêt-bois un atout pour la France ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargé du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire publiée le 08/05/2015

Réponse apportée en séance publique le 07/05/2015

Mme Carole Delga,secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargée du commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d'abord vous demander de bien vouloir excuser l'absence de Stéphane Le Foll, lequel aurait volontiers répondu à vos questions s'il n'avait dû se rendre au G20 agricole, qui se tient à Istanbul cet après-midi et demain.

Je souhaite, au nom du Gouvernement, saluer la qualité des travaux de la Cour des comptes et souligner l'intérêt de disposer, par le biais du rapport évoqué, d'une vision d'ensemble des soutiens financiers apportés à la filière bois.

Je souhaite également rappeler que le rapport porte sur la période 2006-2013 et que la Cour constate d'ores et déjà des avancées dans la politique menée par le Gouvernement depuis 2012.

S'agissant de la gouvernance de la filière forêt-bois, la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, promulguée le 13 octobre 2014, a été l'occasion de rénover les structures de gouvernance autour du Conseil supérieur de la forêt, des produits forestiers et de la transformation du bois. Ce conseil dispose en effet de compétences couvrant l'ensemble des fonctions sociales, économiques et environnementales de la forêt et des produits forestiers. En outre, il réunit l'ensemble des acteurs impliqués, publics et privés.

La loi précitée prévoir également qu'une stratégie de filière sera définie au plan national au travers du programme national de la forêt et du bois. Ce dernier est en cours d'élaboration avec l'ensemble des acteurs.

Ces travaux reprennent en particulier l'ensemble des orientations adoptées le 16 décembre dernier dans le contrat de filière, au sein du comité stratégique de filière adossé au Conseil national de l'industrie.

Le contrat de filière se caractérise par son interministérialité - ce qui est indispensable, comme vous l'avez rappelé, monsieur Houpert -, alors même que la Cour des comptes souligne souvent le manque de travail interministériel dans les politiques de la forêt et du bois menées ces dernières années. Ce contrat a ainsi été signé par la ministre chargée de l'écologie et de l'énergie, le ministre chargé de la forêt, le ministre chargé de l'industrie et la ministre chargée du logement.

M. le président. Veuillez conclure, madame la secrétaire d'État.

Mme Carole Delga,secrétaire d'État. Cette stratégie nationale à dix ans sera ensuite déclinée en région.

Concernant vos sept propositions, sachez que Stéphane Le Foll et ses collaborateurs n'hésiteront pas à les examiner et à vous apporter des éléments de réponse sur chaque point évoqué.

M. le président. La parole est à M. Alain Houpert, pour la réplique.

M. Alain Houpert. Merci de votre réponse, madame la secrétaire d'État.

Nous pensons qu'un choc de simplification est nécessaire en matière de gouvernance. Par ailleurs, nous souhaitons que le contrat de filière permette de mettre en place davantage d'aides en aval, pour des produits bois made in France.(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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