Question de Mme PEROL-DUMONT Marie-Françoise (Haute-Vienne - Socialiste et républicain) publiée le 28/01/2016

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont appelle l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur la baisse importante de fréquentation des musées durant l'année 2015. Si celle-ci peut, potentiellement, s'expliquer par l'inquiétude après les attentats et l'interdiction des sorties scolaires, la désaffection du public semble multifactorielle, puisque, dès l'été 2015, certains établissements ont pâti d'une moindre affluence. Les musées privés sont, semble-t-il, également affectés par un net recul de leur fréquentation. Alors que la culture doit continuer à jouer son rôle émancipateur et fédérateur, elle lui demande quelles mesures pourraient être prises afin de stimuler cette fréquentation.

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Transmise au Ministère de la culture et de la communication


Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 19/01/2017

En 2015, la fréquentation des musées nationaux du ministère de la culture et de la communication dépasse les 29 millions d'entrées, tandis que celle des Galeries nationales du Grand-Palais et du musée du Luxembourg est supérieure à 2,1 millions. S'y ajoutent environ 684 000 entrées dans les établissements territoriaux bénéficiant de la mise à disposition des collections nationales déployées sur le territoire (Centre Pompidou-Metz et Louvre-Lens). Au total, l'ensemble de ces établissements placés sous l'autorité du ministère a généré 32,03 millions d'entrées, confirmant la forte attractivité culturelle de la France. Néanmoins, ce chiffre révèle aussi une baisse de - 5% par rapport à 2014. Plusieurs facteurs expliquent ce fléchissement et en premier lieu l'inquiétude générée par les attentats. Les attentats de janvier 2015 à la rédaction de Charlie Hebdo, à Montrouge et au magasin hypercacher de la Porte de Vincennes ont entraîné un premier recul de la fréquentation (notamment à l'échelle des scolaires en janvier-février), de courte durée semble-t-il, principalement pour des établissements à forte fréquentation touristique comme le Louvre ou qui sont à proximité de zones hautement touristiques comme le musée du Quai Branly-Jacques Chirac près de la Tour Eiffel. L'impact des attentats du 13 novembre 2015 sur la fréquentation est nettement plus important et perdure en 2016. Dans les semaines qui ont suivi, le différentiel avec le niveau de fréquentation de 2014 a pu atteindre jusqu'à -70 %. Il s'est réduit durant les congés de Noël, notamment pour les sites en région, mais est resté élevé dans les établissements parisiens – entre - 20 et - 35 % en moyenne. Le retrait concerne tous les publics : les touristes étrangers, les publics français et les scolaires. Concernant la fréquentation scolaire, les musées en région souffrent beaucoup moins de la chute de fréquentation et bénéficient parfois même du report des visites des établissements parisiens en leur faveur. À Paris, trois types de musées demeurent fortement impactés par la chute de la fréquentation : les musées les plus exposés en raison de leur renommée et de leur forte fréquentation touristique (musée du Louvre, musée d'Orsay, établissement public du château et du domaine national de Versailles) ; les musées à proximité de « zones hautement touristiques » (le musée du Quai Branly-Jacques Chirac près de la Tour Eiffel ; la Cité de l'architecture et du patrimoine, le musée de la Marine, le musée d'art moderne de la ville de Paris près de l'esplanade du Trocadéro ; le centre national d'art et de culture Georges Pompidou) ; les musées revêtant une dimension symbolique ou politique (musée d'art et d'histoire du judaïsme). D'autres facteurs de baisse de fréquentation sur les deux dernières années sont à prendre en compte et ont probablement un effet cumulatif : d'une part, la mise en place de la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2014 qui a entraîné un réaménagement important des sorties scolaires en 2015, et d'autre part la baisse, constatée en certains endroits du territoire, des crédits consacrés aux transports scolaires. Ces deux facteurs conjugués génèrent une chute de la fréquentation scolaire : si le musée du Louvre accueillait 685 000 scolaires en 2014, ils n'étaient plus que 510 400 en 2015, soit une baisse de - 25,5 %. Dans ce contexte particulier, la programmation des expositions temporaires a un impact contrasté. Ainsi, le musée d'Orsay résiste particulièrement bien, avec une baisse de seulement - 1% (3,440 millions d'entrées) grâce au niveau de fréquentation très élevé de l'exposition « Pierre Bonnard, peindre l'Arcadie » (510 412 entrées) et au succès moins attendu de « Splendeurs et Misères. Images de la prostitution » (354 018 entrées) et de « Dolce Vita, l'art décoratif italien » (349 825 entrées). En revanche, le centre national d'art et de culture Georges Pompidou et le musée du Quai Branly-Jacques Chirac connaissent un plus grand recul de leur audience, de respectivement - 12% et - 13%, les expositions de 2015 n'ayant pas rencontré le même succès que celles de 2014. De même, les musées de la Ville de Paris – 14 sites gérés par Paris Musées – affichent une chute de - 8 % de fréquentation. Mais parmi eux, le musée d'art moderne se distingue par une hausse de + 14 % grâce à l'exposition « Warhol Unlimited ». Les politiques tarifaires participent également de la décision de visite, notamment dans une période de crise et d'inquiétude. Ainsi, des tarifs élevés peuvent générer des baisses de fréquentation : on peut penser que ce paramètre a contribué à la chute de - 20 à - 25 % de la fréquentation de la Pinacothèque qui a fermé ses portes en février 2016. L'impact des attentats sur la fréquentation des musées se poursuit en 2016. Le retrait des touristes étrangers s'atténue mais reste constaté, et les scolaires reviennent de manière partielle. Néanmoins, on identifie déjà le pouvoir d'attraction très fort de certaines expositions temporaires. De plus, des événements comme le championnat d'Europe de football ont été l'occasion de valoriser l'offre muséale auprès des touristes venus dans ce cadre. Les musées en régions sont moins touchés par la baisse que les établissements franciliens, d'où une attention particulière du ministère de la culture et de la communication à l'offre déconcentrée – des musées territoriaux comme des collections nationales déployées sur le territoire, à l'image du Louvre Lens. Des labels valorisants comme les « Expositions d'intérêt national » contribuent également à cette valorisation. De plus, le ministère encourage le développement d'outils de médiation renouvelés grâce au numérique – via des rencontres professionnelles et des dispositifs de subvention à des projets innovants – qui permettent de capter de nouveaux publics. Enfin, pour encourager le retour des scolaires vers les établissements culturels, le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche (direction générale de l'enseignement scolaire) et le ministère de la culture et de la communication (direction générale des patrimoines) ont défini au début de l'année trois axes de travail : organiser la communication interministérielle, maintenir un lien fort avec la communauté éducative, multiplier et valoriser les actions incitatives et/ou rassurantes. Les deux ministères ont poursuivi leur travail conjoint en rédigeant une convention cadre relative à l'accès des publics scolaires et des publics les plus éloignés de la culture au musée du Louvre, au musée d'Orsay et au château de Versailles le jour de leur fermeture hebdomadaire. Cette convention, signée par les deux ministres le 8 juillet dernier, prépare la mise en œuvre de la décision d'ouvrir aux scolaires ces trois musées leur jour de fermeture, pour leur proposer des parcours et des conditions de visite spécifiques. De façon plus générale, le ministère et les musées nationaux ont pris toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la sécurité des visiteurs et des personnels des musées. Les contrôles à l'accès des musées ont été considérablement renforcés avec des fouilles et des détecteurs de métaux. De même, en lien avec les préfectures, et tout particulièrement la préfecture de police de Paris, des renforts de police et de militaires de l'opération Sentinelle ont été mis en place à proximité des entrées et des files d'attente des principaux musées parisiens et franciliens, afin de protéger et rassurer les visiteurs.

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