Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 07/04/2016

M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger sur les observations d'un rapport transmis à la presse le mercredi 30 mars 2016 par le comité national des conseillers du commerce extérieur à propos du sentiment élevé d'insécurité en France, exprimé par les investisseurs étrangers. Il relève que ce sentiment d'insécurité est, malheureusement, consécutif aux attentats de novembre 2015 en France et il l'interroge sur les suites que ses services vont éventuellement réserver à ces observations, alors que même que l'investissement étranger en France tend à ne pas être au niveau auquel il devrait être. Les 3 900 conseillers du commerce extérieur, qui représentent notamment des chefs d'entreprise, expriment une position plutôt satisfaisante du climat des affaires en France, avec un indice de 60 sur 100. Des secteurs ont été plus visés que d'autres comme la restauration ou le tourisme. Il souhaite prendre connaissance des mesures qui seront prises pour rassurer les investisseurs étrangers quant aux faits exposés précédemment.

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Transmise au Ministère des affaires étrangères et du développement international


Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 11/05/2017

Afin d'anticiper et de capter la croissance des flux touristiques mondiaux, de répondre à l'objectif de 100 millions de touristes accueillis en 2020 et de permettre l'accueil de grands événements dans la prochaine décennie, la mission de la Promotion du Tourisme du MAEDI a commandé au cabinet In Extenso-Deloitte une étude consistant en l'analyse prospective du marché de l'hébergement touristique en France à l'horizon 2020-2025. Les conclusions de celle-ci permettent d'ores et déjà d'identifier le volume de chambres manquantes et les investissements nécessaires pour une offre renouvelée et de qualité.  À l'horizon 2020, on estime que le parc hôtelier français devrait s'être enrichi d'environ 28 000 chambres (voire même un peu plus si la France remportait l'organisation des JO 2024), qui pourraient capter 3,7 à 4 millions de touristes supplémentaires. À l'horizon 2025, si l'on table sur un maintien de la part actuelle de l'hôtellerie dans l'hébergement des touristes étrangers, les 43 000 chambres supplémentaires que comptera le parc hôtelier ne suffiront pas à couvrir les besoins en particulier dans la perspective de l'organisation de l'Exposition universelle de 2025 en Île-de-France. En outre, pour maintenir sa capacité à capter les flux de touristes étrangers sur le territoire national (objectif 100 millions de touristes à horizon 2020 et croissance naturelle du tourisme mondial), l'offre hôtelière devra se renouveler et monter en gamme. La Chine est aujourd'hui le premier marché émetteur de touristes au monde, avec un record pour 2015 de 120 millions de séjours à l'étranger. Ils devraient être 200 millions à voyager à travers le monde en 2020. Leurs dépenses sont de plus de 165 millions de dollars en 2015 (contre 3,7 en 1995). En France, la clientèle chinoise connait une croissance sans précédent, atteignant pour la première fois en 2015, la barre symbolique des 2 millions (2,2 millions de touristes chinois accueillis contre 1,7 en 2014). La France devient ainsi, en dehors de l'Asie, leur deuxième destination touristique, après les Etats-Unis. Nos territoires ultramarins, en particulier la Polynésie, rencontrent un succès comparable. Ainsi, en 2015, Tahiti et ses îles ont accueilli 5 555 touristes chinois, soit une augmentation de 70% par rapport à 2014. En 2015, le poste « voyages » de la balance des paiements a dégagé un excédent bilatéral de 600 millions d'euros grâce notamment au développement très soutenu du tourisme chinois en France, et à l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Cette tendance générale témoigne de l'efficacité des mesures d'amélioration de l'accueil engagées par le gouvernement français : la délivrance accélérée des visas à destination notamment des clientèles chinoise (« visa en 48 heures ») depuis 2014, a permis d'accroitre de 38 % le nombre de visas délivrés en 2015. Cette mesure a été renforcée début 2016 avec le passage au « visa en 24 heures » pour les groupes de touristes chinois venant en France. De même, en Polynésie, la clientèle chinoise voyageant via une agence agréée par le Ministère du tourisme chinois (CNTA) est désormais exempte de visa pour se rendre en Polynésie française (ainsi qu'à la Réunion).Pour rappel, la règlementation SDA (Statut de Destination Autorisée), qui régit le tourisme chinois dans l'espace Schengen, précise bien que le pays émetteur du visa doit être visité plus longtemps que les autres pays-étapes. Devenir le pays émetteur du visa d'un groupe revient donc à se garantir un minimum de une nuitée de plus que les autres pays visités. Ainsi avec le traitement des visas individuels en 48 heures, la France s'est dotée d'un outil efficace pour dépasser ses destinations concurrentes comme l'Italie. Cette mesure a d'ailleurs été fortement médiatisée et accueillie par le marché chinois, clients et professionnels, avec beaucoup d'enthousiasme. Les internautes chinois ont ainsi présenté sur weibo (premier réseau social chinois) des photographies de leurs documents de demandes de visas, et des visas reçus avec les dates d'émission, prouvant au public que le délai de 48 heures annoncé par la France était bien respecté. Le passage au traitement en 48 heures s'accompagne également de la suppression des circonscriptions consulaires, mesure fortement appréciée des agences de voyage, notamment en tourisme d'affaires, car elle leur permet de demander en un seul point les visas de leurs clients répartis sur tout le territoire chinois ; en France, la sécurité a été renforcée dès 2014 sur les principaux sites touristiques, avec une augmentation de 20 % de l'effectif policier et la création de brigades dans les endroits les plus fréquentés. Ces mesures ont permis une diminution de la délinquance (avec violence) sur les sites touristiques concernés. Des étudiants de l'Institut des langues et civilisations orientales (Inalco) ont également assuré un soutien à la Préfecture de police de Paris en assurant l'accueil téléphonique notamment en chinois ; la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques a étendu les possibilités d'ouverture dominicale des commerces et créé les touristiques internationales (ZTI) où les touristes et les congressistes de passage pourront, dès publication des textes, faire leur shopping le dimanche et en soirée toute l'année. Cette mesure améliore considérablement l'expérience touristique des touristes chinois, qui sont nombreux à être fortement intéressés par la possibilité de faire du shopping en France ; l'amélioration de l'accueil a aussi été initiée au sein des aérogares d'ADP : à Roissy, notamment, des équipes d'accueil ont été déployées dans l'aéroport et le wi-fi est gratuit depuis juillet. La signalétique a également été traduite en chinois ; depuis le début de l'année 2015, grâce à un partenariat avec China Mobile et Orange, un SMS de bienvenue est adressé aux touristes chinois dès leur arrivée sur le sol français ; lancé à l'initiative du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international comme l'une des vingt mesures phares issues de la Conférence Annuelle du Tourisme du 8 octobre 2015, le MOOC (en français : cours en ligne accessible à tous) Accueil France porté par Atout France est le premier MOOC professionnel dédié au développement des compétences, de la motivation individuelle et de l'engagement collectif pour l'accueil des touristes internationaux. Il est décliné en fonction des nationalités, et il existe un module dédié à l'accueil des touristes chinois ; de nouvelles lignes aériennes ont été ouvertes en 2015, notamment une ligne Paris-Chendu par la compagnie Air China. La compagnie de Star Alliance dessert déjà Paris en provenance de Pékin et de Shanghai-Pudong ; sa route depuis Chengdu est la quatrième directe entre la « province » chinoise (hors Shanghai, Guangzhou ou Hong Kong) et la capitale française, après celles proposées par Air France vers Wuhan, par China Eastern Airlines depuis Kunming et par Hainan Airlines depuis Hangzhou via Xi'an. Un vol direct Pékin-La Réunion a également été ouvert en octobre 2015 par Air Austral ; des démarches ont également été initiées pour développer les croisières, segment très dynamique de l'activité touristique. Le nombre de croisiéristes a doublé en dix ans (21,3 millions en 2013) et devrait à nouveau doubler dans les quinze ans à venir, en particulier du fait de l'émergence de la demande chinoise. La Chine sera le premier marché en 2030, avec au moins 15 millions de croisiéristes. Après l'Asie-Pacifique, la clientèle chinoise se tournera vers l'Europe. La mise en œuvre des recommandations du rapport rédigé par Jacques Maillot permettra à la France de devenir une destination phare du marché des croisières, au même titre que l'Italie ou l'Espagne, et de préparer la France à devenir la porte d'entrée en Europe des croisiéristes chinois et la première destination du départ de croisières, tant en France métropolitaine que dans les outre-mer. Une enveloppe de 400 millions d'euros débloquée par la Caisse des Dépôts pour financer des infrastructures touristiques contribuera d'ailleurs largement à financer l'aménagement d'infrastructures portuaires. Le Président de la République et ses ministres ont par ailleurs multiplié les déplacements en Chine (près de 10 rencontres de haut-niveau entre 2015 et 2016) afin de renforcer la coopération en matière de tourisme et de promouvoir la destination France.

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