Question de Mme GHALI Samia (Bouches-du-Rhône - Socialiste et républicain) publiée le 14/04/2016

Mme Samia Ghali attire l'attention de M. le Premier ministre sur le nécessité de prévoir et de mettre en place des dispositifs ad hoc de crise dans les quartiers nord de Marseille dans des situations d'urgence.

L'essai a été fait de mobiliser, auprès des institutions compétentes, une cellule psychologique pour les habitants de la cité Bassens qui ont vécu, un soir récent, une fusillade d'une violence inouïe.

Trois morts et trois blessés sont à déplorer mais les victimes de cette fusillade sont plus nombreuses que le bilan humain affiché.

L'impact est aussi psychologique et il faut savoir y répondre. Des habitants de la cité, parmi lesquels des enfants et des mères de familles, ont dit avoir vécu une véritable scène de guerre. Des hommes armés, tirant au vu et au su de tous, de jeunes garçons qui se cachent derrière les congélateurs d'une boulangerie pour éviter les balles, des mères de famille qui recouvrent des corps morts ou qui aident les blessés.

À la cité Bassens, la réalité a largement dépassé la fiction, les habitants ont, eux mêmes, effacé les traces de sang sur le sol, répondu aux questions des enfants, soutenu les familles endeuillées par une tragédie qu'ils n'ont en aucun cas provoqué.

Une cellule de médecins et psychologues a été demandée. Si la demande a été entendue et suivie par le directeur de cabinet du préfet, ce dernier s'est retrouvé confronté à une réalité : celle de l'absence de dispositif ad hoc de crise dans des situations d'urgence de cette forme.

Il n'est pas possible d'expliquer à ces familles qu'elles doivent se rendre à l'hôpital de la Conception, à une heure de transport en commun de chez elles, pour obtenir assistance. Il n'est pas possible non plus leur répondre que l'État doit prendre trois jours pour mettre en place une première cellule sur site. Pourtant c'est cette réalité à laquelle nous avons été confrontés ce jour.

Aussi demande-elle comment peuvent être prévus et mis en place, à l'avenir, des dispositifs ad hoc d'urgence, avec des équipes mobiles de médecins et psychologues réservistes qui pourraient intervenir en cas de nécessité.

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Transmise au Ministère des affaires sociales et de la santé


Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 13/10/2016

Le dispositif de prise en charge de l'urgence médico-psychologique est institué au profit des victimes de catastrophes, d'accidents impliquant un grand nombre de victimes ou d'événements susceptibles d'entraîner d'importantes répercussions psychologiques en raison des circonstances qui les entourent. L'intervention rapide de personnels et de professionnels de l'urgence médico-psychologique permet la prise en charge immédiate et post-immédiate adaptée des victimes et de préparer les relais thérapeutiques ultérieurs. Ces équipes ont également pour mission d'assurer, si nécessaire, des soins psychologiques aux sauveteurs. L'urgence médico-psychologique fait partie du dispositif de l'aide médicale urgente. L'agence régionale de santé organise le dispositif de l'urgence médico-psychologique afin que chaque établissement de santé, siège de service d'aide médicale urgente (SAMU), comporte une cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) et s'assure que ce dispositif couvre l'ensemble du territoire régional. Ce dispositif repose sur des volontaires (psychiatres, psychologues, infirmiers) qui sont sollicités en tant que de besoin pour une urgence médico-psychologique. L'intervention de la CUMP est déclenchée par le service d'aide médicale urgente (SAMU) après évaluation de la situation et indication d'intervention. Le cas échéant, cette intervention est déclenchée à la demande du préfet auprès du SAMU, notamment dans le cadre des plans relevant de sa responsabilité : dispositif Orsec, en particulier et les plans relatifs à la prise en charge de nombreuses victimes ou du directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) dans le cadre des dispositifs régionaux d'organisation des soins. S'agissant des évènements dramatiques survenus à la cité Bassens, la CUMP a pu être mobilisée moins de 24 heures après la demande d'intervention formulée le dimanche après-midi. En effet, dès le lundi matin, le médecin psychiatre, responsable de cette cellule, s'est rendu dans la cité, avec le renfort dans l'après-midi de deux soignants de l'APHM. Le même jour, sont également venus en renfort sur place un psychiatre, un psychologue et un infirmier du centre hospitalier E. Toulouse. Conscients des sentiments d'insécurité et d'abandon ressentis par la population de ces cités, et à l'issue du retour d'expérience réalisé, le préfet et le directeur général de l'ARS ont décidé d'engager une réflexion sur les moyens d'améliorer les interventions post-traumatiques auprès des habitants des quartiers sensibles de Marseille. La première réunion de travail est fixée au mois de septembre 2016 avec l'ensemble des partenaires concernés.

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